Dylan Corlay, le maestro qui fait son(ses) « tournée(s) d’orchestre à vélo »

Dylan Corlay, le maestro qui fait son(ses) « tournée(s) d’orchestre à vélo »
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Musicien aussi expérimenté que fantasque, Dylan Corlay conjugue jusqu’au 14 juillet sa passion pour la scène et le vélo. De Nantes à Nice, le chef d’orchestre dirigera une dizaine d’ensembles, se déplaçant à vélo d’un concert à l’autre. Montrez-le à l’avance !

Le 6 avril dernier, Dylan Corlay débutait son parcours au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Photo Julien Boulanger

Par Sébastien Porte

Publié le 15 avril 2024 à 11h00

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EUne figure étrange que celle de Dylan Corlay, qui est à la fois acteur et danseur, jongleur et mime, magicien et cycliste. Mais aussi et surtout, au regard de sa profession officielle, chef d’orchestre. Du côté du Docteur Jekill, ce touche-à-tout de 40 ans a reçu une formation très académique – quatre prix au CNSM de Paris, un premier prix au prestigieux concours de direction d’orchestre Jorma Panula (Finlande), ce qui lui a permis diriger régulièrement les phalanges les plus respectables d’Europe. Du côté de Mister Hyde, il a été trompettiste de 16 à 20 ans dans un groupe de reggae, s’inscrit au podium des concerts Hip-hop symphonique avec le Philhar’ de Radio France, et s’implique dans des projets pop ou jazz avec des artistes. comme Benjamin Biolay, Mélody Gardot ou Matthieu Chedid.

Et puis il y a cette passion pour le vélo, qui le hante depuis qu’il est enfant, lorsqu’il parcourait les routes de Cornouailles avec sa mère. Cette année, dans le cadre de l’Olympiade culturelle, il a décidé de fusionner ses deux passe-temps – la petite reine et la grande symphonique – en un seul. Le résultat s’appelle « Bicycle Orchestra Tour ». Une tournée à travers la France de dix dates et 1 760 kilomètres que le musicien parcourra entièrement à vélo. A chaque étape, il descendra de cheval pour diriger l’orchestre régional, puis repartira par le même moyen de transport, escorté par des collègues et des écoliers disposés à le suivre.

« Mashups » et medleys

Samedi 6 avril, le coup d’envoi a été donné au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, lieu emblématique du cyclisme français et des Jeux Olympiques de cet été, avec l’Orchestre national d’Île-de-France, et nous avons pu de vérifier que cette affaire biclou n’était pas qu’une accroche marketing pour faire du buzz. Il s’inscrit dans une conception globale de concert théâtral placé sous le signe du déraillement généralisé. Mais sans rien renoncer à la qualité orchestrale. Où l’on voyait notre homme faire irruption dans l’arène en cuissard perché sur son deux-roues, effectuer trois tours de piste à toute vitesse, puis monter sur scène et lever son bâton. Et c’est parti pour une heure et vingt minutes de symphonie caricaturale.

Magie, jonglerie, mimes, ébats musicaux... Dylan Corlay, un imaginaire bien orchestré.

Magie, jonglerie, mimes, ébats musicaux... Dylan Corlay, un imaginaire bien orchestré.

Magie, jonglerie, mimes, ébats musicaux… Dylan Corlay, un imaginaire bien orchestré. Photo Jean-Marie Pasquier

Après un moment de perplexité, on rit de bon cœur devant les clowneries aussi folles que poétiques concoctées par le maestro. Corlay meurt sur Strauss, ressuscite sur Grieg. Direct avec une tapette à mouches, une télécommande, des balles de jonglage, des foulards colorés. Torea avec un parapluie Carmen. Débit applications composites et pot-pourris à un rythme si frénétique qu’il est difficile d’en identifier les ingrédients. Lully embroche Brubeck, Fauré côtoie Morricone, les télescopes Brahms Nuit folle. A un moment donné, Jeannie Longo – oui, on parle de l’inoxydable championne cycliste multi-médaillée, marraine de l’opération – est même invitée à diriger La Damnation de Faust, comme de Funès dans La grande vadrouille. Et on se souvient alors, à entendre l’interprétation maladroite qui s’en dégage, que manier une baguette est un véritable métier.

L’orchestre est comme en roue libre. Il se balance, renifle, couine, couine, se lève, chavire, virevolte, explose, tambourine. D’autant plus enclin à naviguer à vue que son timonier est moins souvent tourné vers lui que vers la salle. Ayant été un musicien de rang [au basson], Je sais quand je dois être là et quand je peux les laisser se débrouiller seuls. confie ce multi-instrumentiste, qui dit aimer “inclure le public dans l’orchestre”. « Je m’appuie beaucoup sur les percussions et le premier violon. Sur Tico Tico ou un mambo, je sais qu’ils peuvent tenir la maison. »

Dans ce spectacle, dont il est à la fois producteur, interprète, arrangeur et pourvoyeur de la plupart des idées scéniques – qu’un metteur en scène (Jean-Daniel Senesi) met ensuite en dramaturgie –, il arrive que certaines de ces idées viennent de l’orchestre lui-même – quand, par exemple, les altos décident de faire craquer leurs cordes pour simuler l’arthrose de leurs articulations. Il veut voir cet orchestre comme « une troupe ». Et cette tournée(s) d’orchestre, comme entreprise de démocratisation culturelle ? « Oui, mais d’une manière noble et non vulgaire. Il s’agit d’utiliser l’excellence des musiciens pour amener la musique classique ailleurs. » S’il laissera sur leur faim les mélomanes les plus exigeants, ce « Dylan Corlay Show » reste un moment de partage généreux, joyeux et fédérateur, qui saura gagner l’adhésion de tous.

Dylan Corlay parcourra 1 760 kilomètres à vélo. Après chaque concert, il repartira, escorté par des collègues et des athlètes qui souhaitent rouler à ses côtés...

Dylan Corlay parcourra 1 760 kilomètres à vélo. Après chaque concert, il repartira, escorté par des collègues et des athlètes qui souhaitent rouler à ses côtés...

Dylan Corlay parcourra 1 760 kilomètres à vélo. Après chaque concert, il repartira, escorté par des collègues et des athlètes qui souhaitent rouler à ses côtés… Photo Jean-Didier Tiberghien

Prochaines étapes de la Tournée de l’Orchestre Vélo : 18 et 19 avril, Nantes, Théâtre Graslin (avec l’Orchestre National des Pays de la Loire) ; 23, 24 et 25 mai, Pau, Le Foirail (Orchestre Pau Pays de Béarn) ; 5 et 6 juin, Toulouse, Halle aux Grains (Orchestre national du Capitole) ; 13 juin, Montpellier, Opéra Comédie (Opéra-Orchestre National de Montpellier) ; 14 juillet, Nice, Théâtre de Verdure (Orchestre Philharmonique de Nice). Détails de la visite : ici.

 
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