la folle épopée de l’électro en Côte-d’Or

la folle épopée de l’électro en Côte-d’Or
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Dans les années 1990, Dijon était la capitale de l’électro en France, avec Paris. Le club An-Fer a été la figure de proue d’une génération d’établissements dédiés à ce genre musical, longtemps entouré de clichés. Avec « Dijon Electronic Story », le journaliste Martial Ratel rend hommage à trois décennies de l’électro dijonnaise.

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C’est une époque que seuls les passionnés et ceux qui l’ont vécue connaissent. Avant d’arriver dans les discothèques et les clubs de tout le pays, la musique électronique connaît un âge d’or à Dijon au début des années 1990. A l’occasion de l’exposition « Quand la musique électro fait danser Dijon », organisée au Musée de la Vie Bourguignonne du 4 avril au 24 juin, le journaliste Martial Ratel raconte cette folle épopée Dans Histoire électronique de Dijon.

« C’est presque par hasard que Dijon est devenue le berceau de la musique électro », dit l’auteur. “Le patron du club An-Fer Frédéric Dumélie souhaitait renouveler sa programmation musicale.

De passage dans un forum de discothèque à Rimini, en Italie, il entend un jeune DJ qui attire son attention : un certain Laurent Garnier.

Martial Ratel

journaliste et auteur

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DJ Laurent Garnier au festival Marsatac 2013

© ALEX BAILLAUD / MAXPPP

Le futur DJ international se produit à l’époque à l’Hacienda de Manchester, haut lieu du rock et de l’électro. Invité par Frédéric Dumélie à jouer dans son club, il a donné une soirée assez inoubliable. Ce fut un échec : 500 à 800 personnes étaient là, comme c’était habituellement le cas. Au final, il n’en restait plus que 40. » Mais le patron d’An-Fer n’en démord pas : “Il y croyait complètement, il était sûr que ça allait marcher.”

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Entre 1990 et 1994, le DJ français Laurent Garnier était en résidence au club An-Fer.

© Archives municipales de Dijon, 112 Z

De son côté, Laurent Garnier a tenté tant bien que mal de lancer l’électro sur la scène parisienne. Seuls les clubs gays lui donnent sa chance. « Petit à petit, il a gagné en notoriété dans les milieux homosexuels et dans la presse spécialisée. L’électro a été portée par la communauté gay :qQuand la communauté dijonnaise Ayant appris qu’il jouait à An-Fer, elle est allée au club.

Fort de ce succès, Laurent Garnier s’installe dans la discothèque, de 1990 à 1994. Sa notoriété lui permet d’inviter de grands noms internationaux. “Quand les artistes sont venus en France à l’invitation de Garnier, ils ont fait deux dates : Paris et Dijon.”

« Bourgeois, prolos, hétéros, homosexuels… » Au club An-Fer, tout le monde se retrouve. « Ces lieux étaient ouverts à tous. Cela a contribué à remettre en cause nombre de clichés : l’électro, ce n’est pas de la musique, mais du noise, les clubs sont des plaques tournantes du trafic de drogue, c’est pour les gays… »

>Le 7 juillet 1995, le duo Daft Punk fait une apparition à An-Fer. Ils reviendront à plusieurs reprises dans le club désormais mythique.
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Le 7 juillet 1995, le duo Daft Punk fait une apparition à An-Fer. Ils reviendront à plusieurs reprises dans le club désormais mythique.

© Exposition « Quand la musique électro fait danser Dijon »

Cette diffusion très large permet à l’électro de s’imposer comme un genre à part entière. “Au tournant des années 2000, ça a vraiment explosé avec des artistes comme Daft Punk”poursuit Martial Ratel.

Tout comme le hip-hop, l’électro s’est intégrée à toutes les couches de la société. A Dijon, les lieux de fête se sont multipliés.

Martial Ratel

journaliste et auteur

L’espace Grévin, proche de la gare (aujourd’hui le Caveau des Ducs), accueillait notamment des soirées techno et rave “très populaire”. « Les clubbers de l’époque prenaient un ascenseur pour accéder à un très grand espace souterrain, en pierre de Bourgogne. Plus on descendait bas, plus les basses résonnaient fort.

La fermeture d’An-Fer en 2002 marque une accalmie dans la frénésie électro dijonnaise. « Le public n’a pas trouvé d’équivalent. Nous avons parlé de « orphelins d’An-Fer », explique le journaliste. “Le club de Rio reprit un temps ses codes musicaux, publics et personnels et connut un certain succès avant de fermer pour raisons économiques. »

Avec des lieux comme Le Contraste, le Dauphine ou le Chat Noir, l’électro continue son voyage à Dijon. Mais c’est dans les années 2010 que la ville retrouve sa réputation. « Le milieu s’est professionnalisé : des collectifs comme le Tecknet et Octavie ont lancé des festivals, qui sont devenus de véritables rendez-vous de la musique électro.

>Petit à petit, les fans d’électro se détournent des clubs et se tournent vers les festivals. Ici, le festival SIRK, à Dijon, en 2023.
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Petit à petit, les fans d’électro se détournent des clubs et se tournent vers les festivals. Ici, le festival SIRK, à Dijon, en 2023.

© Edouard Roussel – Risque

Héritiers de la culture An-Fer, ces établissements savaient « s’appuyer sur le patrimoine d’An-Fer et apporter de nouveaux codes d’accueil, du public et des artistes ». Dernière innovation en date, la « féminisation de l’environnement ». “Ce n’est pas spécifique à Dijon, mais des lieux comme la Péniche Cancale ont vraiment donné de la visibilité aux femmes derrière les platines.” La Péniche a fermé ses portes en août 2023, après 14 ans d’existence.

Histoire électronique de Dijon de Martial Ratel (Selma et Salem, 272 pages, 20 €)

 
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