Des médicaments anti-obésité utilisés pour d’autres affections ont été développés pour lutter contre le diabète.
Atlantico : L’obésité touche aujourd’hui plus d’un milliard de personnes et les traitements mis en place pour limiter les symptômes font l’objet de recherches depuis le début des années 1980. Aujourd’hui, certains médicaments et hormones pourraient être utilisés pour lutter contre d’autres pathologies. Quels sont les médicaments en question ?
Réginald Allouche : Des médicaments anti-obésité utilisés pour d’autres affections ont été développés pour lutter contre le diabète. Que fait un GLP-1 ? Il augmente la sécrétion d’insuline qui régule l’entrée du sucre dans les cellules. Ce médicament aide à ralentir la vidange gastrique. Les gens ont alors moins faim. Ces médicaments ont connu un énorme succès. Mais ils présentent un inconvénient majeur. Ces traitements sont injectables. L’injection se fait au moyen de stylos à piquer qui ne sont pas très douloureux mais qui restent néanmoins une barrière pour certains patients.
Ces médicaments contre l’obésité améliorent également la fonction cardiaque. Les personnes traitées avec ces produits ont amélioré leur fonction cardiaque.
Ces traitements permettent également de dégraisser le foie, notamment pour l’Ozempic (semaglutide). Il est prouvé que ce médicament est capable d’agir sur la stéatose hépatique. Or, le foie régule la glycémie. Il est extrêmement positif de savoir qu’il est possible de réguler cela grâce à ces médicaments.
D’autres actions sont en cours de développement dans le cadre d’essais cliniques. Cela concerne les effets anti-arthrosiques qui se font jour. De plus en plus de personnes travaillent dans le domaine de la recherche pour savoir si ces produits pourraient avoir un effet sur l’arthrose.
Pour le GLP-1, existe-t-il un moyen de décrire comment ils ont été produits et quelles molécules interagissent ?
Le GLP-1 a été trouvé dans une molécule appelée exénatide qu’il a trouvée dans la salive, dans la salive du varan de Komodo. L’exénatide a été le premier agoniste du GLP-1 découvert et utilisé. Il est encore utilisé dans les tests sur les animaux. Le GLP-1 est le seul à être actif chez le porc par exemple, car il s’agit d’un modèle digestif largement utilisé. Le cochon possède un tube digestif très semblable au nôtre. L’exénatide est le GLP-1 qui fonctionne chez le porc mais les autres ne fonctionnent pas. La société Novo Nordis ne croyait pas au départ aux effets de cette molécule.
Ces traitements permettent de ralentir la vidange gastrique et d’interagir avec le cœur. Quel est le mécanisme à l’œuvre ? Quelle est l’interaction chimique ou moléculaire ? Que se passe-t-il dans l’organisme lorsque les patients les consomment ?
Le mécanisme d’action de la vidange gastrique n’est pas très bien connu. Ceci est lié à une action directe sur le nerf vague. Ce nerf ramène toutes les informations du tube digestif au cerveau.
Le GLP-1 modifie la régulation du nerf vague et son influence. Le nerf vague doit ouvrir le pylore, le sphincter musculaire situé à l’endroit où l’estomac rejoint la première partie de l’intestin grêle, pour libérer l’estomac et participer au processus de régulation de la vidange.
Ces médicaments anti-obésité deviendront-ils des médicaments multi-usages ? Serait-il possible de guérir d’autres maladies ou d’autres pathologies grâce à ces médicaments ?
Je pense que ces médicaments ont une action anti-inflammatoire. Les processus inflammatoires sont très actifs au niveau digestif. Au niveau articulaire, on retrouve une action anti-inflammatoire. Réduire le sucre sera également positif. Le sucre a une action intrinsèquement inflammatoire. Avoir moins de sucre circulant dans les articulations contribue probablement à réduire l’inflammation.
A-t-on une idée de toutes les pathologies qui pourraient être traitées avec ce type de médicaments ?
Aujourd’hui, ces médicaments contre l’obésité peuvent traiter efficacement le diabète et la stéatose hépatique. Une publication scientifique a montré que le principal doute était de savoir si ce résultat positif pouvait être lié au fait que les patients avaient perdu du poids. Aujourd’hui, des études ont montré que l’ozempic dégraisse le foie. Cela aura un impact positif sur les problèmes cardiovasculaires et articulaires.
Ce médicament permet de traiter tous les problèmes liés à l’obésité et aux complications du diabète pouvant entraîner la cécité, les neuropathies et les amputations.
Ces médicaments résoudront indirectement ces problèmes.
Les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose 2 (SGLT2) sont également des médicaments efficaces qui sont néphroprotecteurs et cardioprotecteurs. Ce médicament protège les reins mais aussi le cœur contre le diabète.
Ces médicaments présentent certains inconvénients. Quels sont ces effets négatifs ?
Les récepteurs GLP-1 se trouvent partout dans le tube digestif. Prendre un agoniste va stimuler les récepteurs. Certains patients ne pourront pas le prendre. Près de 30 à 40 % des personnes arrêtent le traitement au bout d’un an en raison de problèmes intestinaux. Ils ont la diarrhée et des nausées. Ces médicaments ont des effets de tolérance.
Pour le GLP-1, il peut exister un risque de pancréatite.
Ces médicaments anti-obésité sont-ils les médicaments de demain ?
Ces médicaments sont des médicaments d’avenir car il y a déjà 1 milliard de diabétiques. traiter. Ces médicaments sont exceptionnels car ils changent la manière d’appréhender le problème.
Le diabète, avant de se développer, passe par une phase pré-diabétique. Le prédiabète est réversible, alors que le diabète ne l’est pas. Rien de mieux que la prévention. Lorsqu’on a des antécédents familiaux, des parents diabétiques, il y a un risque sérieux d’avoir un diabète de 30 à 50 %. Nous devons vraiment faire tout notre possible pour prévenir ce diabète.
