Dans les années 1970, Alain Martin dessinait au crayon des gants de boxe hyperréalistes. Des bottes en cuir aussi. Il n’était ni boxeur ni cordonnier et on se doutait que l’objet lui-même n’était qu’un prétexte. Mais un prétexte pour quoi ? Les Cahiers Dessinés présentent aujourd’hui cinquante ans de pratique artistique d’Al Martin. Cinquante ans de recherches, d’explorations, d’expérimentations, d’excès volontaires. C’est comme un voyage dans un désert peuplé de tribus, de faune et de flore. Le texte de Philippe Cyroulnik qui accompagne les dessins d’Al Martin permet de mieux le comprendre que mes allusions deleuziennes : « En ces temps où le retour au « métier », l’apologie du « noble » et du « savoir-faire » semble toucher à sa fin. en soi, il y a un côté irrévérencieux et insolent dans le dessin d’Al Martin qui est rafraîchissant. Alors que tant de Trissotins confondent application et intelligence, laborieux et ingénieux, l’œuvre d’Al Martin est une bouffée d’oxygène salutaire dans l’air du temps. Ou mieux encore : « Il fait un monument à partir de presque rien, de trois sous la Voie lactée, d’un point dans un continent. » Voici enfin une définition de l’art – et des artistes – simple à comprendre.
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