« Il faut se préparer à une nouvelle pandémie respiratoire », annoncent les scientifiques du Covars

« Il faut se préparer à une nouvelle pandémie respiratoire », annoncent les scientifiques du Covars
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Deux grandes classes de maladies se distinguent comme les risques sanitaires majeurs des cinq prochaines années, les infections respiratoires et les risques infectieux », a annoncé mercredi 10 avril le professeur Brigitte Autran, présidente du Comité de surveillance et d’anticipation des risques sanitaires (Covars). ).

Le ministère de la Santé avait chargé le Covars d’évaluer les situations sanitaires exceptionnelles majeures jusqu’en 2030. Cet avis, rendu ce mercredi, est le fruit de l’expertise collective et multidisciplinaire de tous les spécialistes de ce conseil scientifique. Et cela n’a rien d’encourageant, puisqu’il s’appuie aussi sur la réalité d’une société mondialisée en proie à un bouleversement de la biodiversité et du climat. La professeure Brigitte Autran, que nous avons interrogée, nie tout catastrophisme : « Les risques existent », concède-t-elle. Il ne s’agit pas de nous faire peur, il s’agit de nous préparer. Certes, la pandémie de Covid-19 nous a déjà beaucoup appris, mais nous ne sommes pas prêts à affronter ces périls. »


Le Professeur Brigitte Autran est immunologiste et préside le COVARS (Comité de Surveillance et d’Anticipation des Risques Sanitaires)

COVAR

L’estimation, décrite par les membres de Covars, s’appuie sur une méthodologie scientifiquement fondée, basée sur des auditions, des publications, des débats contradictoires et surtout sur l’expertise de chacun. 35 maladies ont été dépistées, selon 16 critères de sélection, selon le principe « one health » qui inclut la santé humaine, animale et environnementale. “Nous n’annonçons pas une alerte majeure, mais une estimation des risques sanitaires humains, infectieux et environnementaux susceptibles de provoquer des situations sanitaires exceptionnelles”, a expliqué Brigitte Autran.

Les résultats de ces travaux ne laissent aucun doute : « Les risques les plus importants sont principalement liés aux zoonoses, qui sont les infections respiratoires pandémiques, comme la grippe zoonotique et les nouveaux coronavirus, mais aussi les arbovirus, notamment la dengue et les infections virales. » Nil occidental” [virus du Nil occidental, NDLR], que vous connaissez bien en Gironde et en Charente-Maritime. »

La région exposée au virus du Nil et à la grippe aviaire

A Bordeaux, le professeur Denis Malvy, infectiologue et membre du Covars, est l’un des auteurs de cet avis. Il prédit l’émergence du virus du Nil occidental en Aquitaine en 2020. Le virus, transmis par les moustiques Culex, peut provoquer des lésions neurologiques chez l’homme et infecter les chevaux. « L’écosystème aquitain, l’estuaire de la Gironde et la présence d’oiseaux migrateurs qui y trouvent des aires de nidification et de repos exposent notre région », note-t-il. Nous avons démasqué le Nil occidental suite à un événement déclencheur, en Gironde et en Charente-Maritime, en 2022. En 2024, l’épidémie, très active, risque de s’étendre à d’autres départements. La prévention est essentielle, cela nous a permis de sécuriser le don du sang pour éviter toute transmission. Nous devons profaner la notion de risque, y faire face et vivre avec. C’est un peu l’objet de cet avis Covars. »


Professeur Denis Malvy, infectiologue, chef de l’unité maladies tropicales et des voyageurs au CHU de Bordeaux et membre du COVARS

Thierry DAVID/SUD-OUEST

La Nouvelle-Aquitaine est également très exposée au virus de la grippe aviaire H5N1. « Le secteur de l’élevage a payé cash, le risque est là, bien identifié. » La commission a également annoncé comme probable la survenue d’une maladie « X », dont Brigitte Autran avoue que « cela reste un mystère, puisqu’à ce jour l’agent infectieux n’a pas été repéré et on peut l’associer à une infection respiratoire aiguë hivernale. « Notre évaluation des risques prend en compte l’environnement et le changement climatique en dehors des phénomènes d’inondations, d’incendies majeurs et de chaleur extrême », poursuit-elle. Nous nous sommes concentrés sur les risques permanents liés à la pollution de l’air. Même si l’on constate de grands progrès, la plupart des métropoles françaises restent encore au-dessus des seuils réglementaires. »

Conscience

« Pas de panique », répétaient hier les membres de Covars. «On assiste à une prise de conscience», explique le président du comité. On sait désormais qu’il existe un lien entre l’environnement et les risques infectieux notamment. Nous devons nous préparer à la prochaine pandémie et nous avons encore des lacunes dans les connaissances scientifiques sur cette relation santé-environnement. Nous recommandons par exemple de travailler entre infectiologues et écologistes. »

Un point de vue relayé par le Professeur Malvy : « Une situation sanitaire extrême est possible, susceptible de créer une grande désorganisation du système de santé. Le dérèglement climatique peut se conjuguer avec des événements infectieux et créer du désordre. Pour l’impact, il faut prévoir cette probable infection respiratoire d’ici cinq ans. Anticiper, comme aujourd’hui avec les Jeux Olympiques, l’origine d’un brassage global à Paris et dans notre région. La méthodologie Covars peut ensuite être appliquée aux risques potentiels du mois de juillet. »

 
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