Une feuille de route pour décarboner la santé au Canada

Une feuille de route pour décarboner la santé au Canada
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MONTRÉAL — Le réseau de la santé représente près de 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au pays. Cette statistique amène l’Association médicale canadienne à affirmer que « le système de santé canadien est non seulement victime des changements climatiques, qui entraînent une augmentation des hospitalisations et diverses menaces environnementales », mais qu’« il est aussi l’un des principaux architectes du changement climatique ». le problème.

Afin de résoudre ce paradoxe, l’Association de santé publique du Québec a mandaté Dunsky Énergie + Climat pour produire une feuille de route qui permettrait d’atteindre la cible fixée par le gouvernement fédéral, soit la neutralité carbone du réseau électrique. ici 2050.

Concentrez-vous d’abord sur l’efficacité énergétique

Selon le rapport publié mercredi par le cabinet Dunsky, la majorité des émissions directes (émissions scope 1) du secteur de la santé au Canada proviennent des énergies fossiles utilisées dans les bâtiments.

Si les bâtiments de santé, comme les hôpitaux, sont très consommateurs d’énergie, c’est notamment à cause des normes sanitaires.

« On doit changer l’air plus régulièrement, donc quand on évacue l’air chaud pour renouveler l’air, cela augmente la consommation d’énergie », explique la consultante Audrey Yank, qui a participé à la rédaction du rapport.

Les émissions liées à la combustion de gaz pour chauffer et ventiler les hôpitaux et autres bâtiments du réseau représentent ainsi 86 % des émissions directes du secteur de la santé, tandis que les gaz médicaux sont responsables d’environ 11 % des émissions. Les véhicules comme les ambulances représentent près de 3 % des émissions directes.

Il n’est donc pas surprenant que la feuille de route vers la décarbonation proposée par le cabinet Dunsky passe d’abord par des mesures d’efficacité énergétique.

Le plan propose de réduire de 40 % la consommation d’énergie des bâtiments en mettant en œuvre diverses mesures d’économie d’énergie, telles que « l’éclairage LED et ses commandes, la récupération de chaleur » et « des appareils de chauffage plus efficaces ».

Ces mesures pourraient ainsi réduire « les pressions inutiles sur les réseaux électriques et la fourniture de ressources énergétiques renouvelables supplémentaires nécessaires à la décarbonation ».

Le rapport souligne que la récupération de chaleur est une mesure clé.

“Nous proposons une décarbonation efficace, il faut donc d’abord réduire la consommation d’énergie pour réduire les coûts de cette décarbonation, plutôt que de se convertir uniquement aux énergies renouvelables”, a déclaré la consultante Audrey Yank.

Décarburation

Après l’application de mesures d’efficacité énergétique, le plan propose de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables et d’utiliser des équipements « à haut rendement » comme la géothermie ou l’aérothermie.

« On peut penser aux pompes à chaleur à air, au chauffage à la biomasse, aux chauffe-eau électriques, donc à toutes sortes de technologies qui permettront de remplacer les énergies fossiles dans les bâtiments », explique Audrey Yank.

Le rapport indique également que les ambulances et les véhicules de santé routière devront être progressivement et complètement électrifiés d’ici 2050.

Aussi, les émissions liées aux gaz médicaux « peuvent être éliminées grâce à la substitution de gaz à fort impact carbone, notamment les gaz anesthésiques comme le desflurane et les gaz inhalateurs, ainsi qu’à l’adoption de pratiques médicales à plus faible empreinte carbone comme les méthodes d’injection intraveineuse. anesthésie”.

Un chemin plus difficile dans certaines provinces

Le chemin vers la décarbonation est évidemment plus simple pour une province comme le Québec, qui produit de l’hydroélectricité, que pour l’Alberta ou la Saskatchewan, où la majorité des sources d’énergie sont fossiles.

«On peut effectivement s’attendre à ce que le niveau des efforts de décarbonation ne soit pas équivalent dans toutes les provinces», mais «nous avons fait une analyse de haut niveau à l’échelle canadienne avec les données de tous les secteurs de la santé», a expliqué la consultante Audrey Yank.

Dunsky n’a pas publié de feuille de route pour chaque province, mais plutôt pour l’ensemble du pays, basée entre autres sur les données de Ressources naturelles Canada, d’Environnement et Changement climatique Canada et de la Régie de l’Investissement. l’énergie du Canada.

La feuille de route « ne vise pas à imposer une vision unique pour la décarbonation du secteur, mais plutôt à offrir un référentiel solide sur lequel s’appuyer pour proposer dès maintenant des initiatives et des actions structurantes ».

Des dizaines de milliards

Au total, le coût de la décarbonisation du système de santé est estimé à 8 milliards de dollars d’ici cinq ans, pour un total de 34 à 45 milliards de dollars jusqu’en 2050.

« La trajectoire de décarbonation permet d’atteindre zéro émission en 2050 et s’accompagne d’économies de 24 milliards de dollars d’ici 2050 » pour la partie bâtiments.

Toujours selon les estimations du cabinet Dunsky, 1,8 milliard de dollars d’économies par an pourraient être réalisés à partir de 2050 en décarbonant les bâtiments.

La mise en œuvre du plan permettrait « une consommation d’énergie et des coûts énergétiques considérablement réduits pour les bâtiments », « une réduction des coûts énergétiques et d’entretien des véhicules », ainsi que « des bénéfices pour la santé grâce à un secteur zéro émission ».

Avantages sociaux

Décarboner le réseau de la santé permettrait de réduire les émissions de GES, néfastes pour le climat, mais aussi d’améliorer la santé des gens, notamment en réduisant la pollution de l’air.

Santé Canada a estimé en 2016 que le coût économique total de tous les effets de la pollution atmosphérique sur la santé s’élevait à 120 milliards de dollars par an au pays.

L’Association médicale canadienne, qui a participé à la rédaction du rapport Dunsky, réclame la mise sur pied d’un secrétariat national pour coordonner les efforts de décarbonisation du réseau de santé du pays.

Le Canada s’est également engagé lors d’une réunion du G7 en Allemagne en mai 2022 à viser la neutralité carbone dans le secteur de la santé avant 2050.

« Les avantages d’un système de santé à faible émission de carbone l’emporteront sur les avantages climatiques, qu’il s’agisse d’une meilleure qualité de l’air, de coûts énergétiques prévisibles ou d’une réduction des coûts d’exploitation. ou l’optimisation des soins de santé. Cette trajectoire de décarbonation est une opportunité d’atteindre simultanément les objectifs climatiques tout en générant des bénéfices pour la santé de manière plus générale », lit-on dans le rapport.

Le rapport publié mercredi propose un plan pour éliminer les émissions directes de GES du secteur de la santé, tout en fournissant une évaluation sommaire des émissions indirectes.

Les émissions indirectes correspondent par exemple à la production alimentaire, à l’élimination des déchets ou encore aux déplacements des travailleurs du secteur.

Selon l’Association médicale canadienne, les secteurs de la santé combinés des États-Unis, de l’Australie, de l’Angleterre et du Canada émettent environ 750 millions de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit plus que tous les pays, à l’exception des six pays les plus polluants au monde.

 
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