doivent-ils être recommandés aux patients traités pour un cancer ? – .

doivent-ils être recommandés aux patients traités pour un cancer ? – .
Descriptive text here

Le Dr Bruno Raynard est intervenu lors de la Journées Francophones d’Hépato-gastro-entérologie et d’Oncologie Digestive (JFHOD) 2024 qui se sont déroulées du 14 au 17 mars à Parissur un sujet très médiatique : l’intérêt du jeûne et du régime cétogène sur l’efficacité ou la toxicité des traitements contre le cancer ou encore, selon certaines communications grand public, sur le fait qu’ils pourraient remplacer les traitements contre le cancer.

Près de 10 % des patients atteints de cancer suivent ou suivront un régime restrictif en glucides pendant ou après un cancer (données d’une étude sur la cohorte NutriNet-Santé). Beaucoup de ces patients prennent également des compléments alimentaires (4 à 5 différents en moyenne), dont des probiotiques, sans forcément en parler à leur médecin. Et deux tiers des patients qui suivent un régime pendant leur cancer s’attendent à un effet bénéfique sur leur maladie.

Les régimes « anticancéreux », qu’est-ce que cela signifie ?

Deux régimes se démarquent en phase de traitement du cancer, car ils sont les plus étudiés : le régime cétogène et le jeûne.

  • Il existe plusieurs types de jeûne. Le jeûne continu qui correspond à une interruption complète des apports solides (macro- et micronutriments) sans restriction hydrique, durant de quelques heures à quelques jours. On parle de jeûne long (>72 heures de jeûne), de jeûne partiel (lorsqu’un régime
  • Le régime cétogène, très encouragé par les Allemands notamment dans les tumeurs cérébrales, consiste en une réduction de l’apport en glucides à moins de 10 % de l’apport calorique total sans restriction de l’apport calorique total. Ainsi, il existe des régimes cétogènes pauvres en protéines (c’est-à-dire
  • A côté de ces régimes, apparaissent des aliments dits « anti-cancer ». Bruno Raynard rappelle qu’on peut effectivement extraire de certains aliments des molécules qui ont démontré des effets anti-tumoraux sur certains types de cancer dans des modèles animaux (par exemple les anthocyanes de myrtille actives sur les tumeurs du côlon, les glycosinolates de brocoli sur les tumeurs du sein et les coliques, les flavonoïdes de pomme sur cancer du foie, pectine de pomme sur les cancers du poumon et du côlon, diallysulfures d’ail sur les tumeurs du côlon, lycopènes de tomate sur les tumeurs de la prostate et du côlon, curcumine sur les tumeurs du côlon, resvératrol du raisin sur les tumeurs du côlon, etc.). En revanche, rien ne dit que ces effets se retrouvent lorsque l’aliment est ingéré dans son ensemble. Par ailleurs, certaines de ces molécules ne sont pas sans risque d’interactions médicamenteuses ou de toxicité, par exemple avec la curcumine qui présente des interactions médicamenteuses avec les inhibiteurs de mTOR, et une toxicité hépatique lorsqu’elle est consommée à fortes doses. Globalement, il convient de rappeler qu’« il est préférable d’éviter les compléments alimentaires lorsque le patient est sous traitement anticancéreux. »

Les régimes anti-cancer, d’où viennent-ils ?

Valter Longo, professeur à l’Université de Californie du Sud, a développé une théorie appelée réponse différentielle au stress des cellules cancéreuses par rapport aux cellules saines. Ce chercheur a souligné – sur la base d’études publiées dans de grandes revues internationales – que les souris soumises à une restriction glucidique (jeûne ou régime cétogène) présentaient une meilleure réponse à la chimiothérapie et développaient moins de toxicité à ces thérapies que celles non soumises à ces restrictions alimentaires. Selon cette théorie, la cellule cancéreuse n’aurait pas la capacité de s’adapter à un environnement restrictif.

Pour Bruno Raynard, les résultats des études menées par différentes équipes à travers le monde sont trop contradictoires pour que l’on puisse aujourd’hui promouvoir le jeûne chez les patients traités pour un cancer. Certaines données récentes – certaines discutables selon l’intervenant – ont montré que le jeûne ou surtout un régime cétogène pourrait avoir un effet négatif sur les systèmes de protection mitochondriale des cellules tumorales. Ces régimes modifieraient également le microbiote intestinal et contribueraient ainsi à restaurer l’efficacité de la réponse immunitaire. Mais « nous ne disposons à ce jour que de la perspective apportée par une trentaine d’études cliniques dont seulement 3 essais cliniques contrôlés et randomisés » précise Bruno Raynaud, soulignant que la grande majorité des études ont montré que les patients perdaient beaucoup de poids suite à ces régimes. Les méthodologies de ces études sont discutables et les résultats décevants malgré ce qu’en disent leurs auteurs.

Quels sont les dangers de ces régimes ?

Le véritable danger est la perte de masse musculaire. Cependant, le facteur pronostique le plus important en oncologie est la sarcopénie. « Ce n’est pas une bonne idée de laisser les patients perdre de la masse musculaire, même si on pense qu’à un moment donné ils la retrouveront. » Dans les études, la perte de masse musculaire variait entre 100 et 200 g par semaine, soit « l’équivalent d’un steak par semaine ! » »

Que faire en pratique ?

Le réseau NACRe (Nutrition Physical Activity Cancer Research) a publié un rapport en 2017 et fiches destinées aux professionnels de santé et aux patients. Ces outils sont très utiles en pratique. Ils indiquent qu’il n’existe « aucune preuve chez l’homme d’un effet protecteur du jeûne et des régimes restrictifs en prévention primaire ou en cas de maladie ».

Le Dr Bruno Raynard insiste sur le fait que les médecins impliqués dans le parcours de soins des patients atteints de cancer ne doivent pas promouvoir ces régimes, et lorsqu’un patient souhaite néanmoins suivre ce type de régime, il doit le faire. Référez-vous à un médecin nutritionniste ou à un diététicien maîtrisant le sujet. Il nous rappelle également l’importance et le bénéfice de rester ouvert d’esprit et à l’écoute du patient. Parce que rares sont les patients qui ont le courage d’en parler à leur médecin, il est important de les accompagner face au risque potentiel lié à ces régimes.

En conclusion, Bruno Reynard invite les sociétés savantes à en être promoteurs et enquêteurs via des études ambitieuses sur ce sujet, et les médecins à poursuivre la communication sur les dangers de la pratique non encadrée de ces régimes et à organiser un accompagnement multidisciplinaire pour ces patients.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Poitrines de poulet à la ricotta, épinards et sauce tomate – .
NEXT 11 M€ + 10 gagnants à 20 000€ !! – .