PORTRAIT. Le chanteur d’opéra est devenu fromager à Tarbes

PORTRAIT. Le chanteur d’opéra est devenu fromager à Tarbes
PORTRAIT. Le chanteur d’opéra est devenu fromager à Tarbes

Après un incroyable parcours où elle est passée par l’hypokhâgne et le khâgne et au Conservatoire de Paris, Chloé Lacroix, originaire de Bagnères-de-Bigorre, effectue un retour salutaire aux sources.

A seulement 31 ans, « j’ai l’impression d’avoir vécu 10 000 vies » raconte Chloé Lacroix. Et ce n’est pas qu’une impression, puisque cette Bagnéraise originale pourrait être l’héroïne multiple d’une fresque d’Honoré de Balzac ou de Pierre Lemaître. Chanteuse d’opéra à Paris il y a deux ans, elle s’est reconvertie en fromagerie au marché Brauhauban de Tarbes.

« Alors que je m’apprêtais à jouer le rôle-titre de « Carmen », l’arrivée du covid a tout chamboulé. J’adorais mon métier mais j’avais beaucoup de difficultés avec le milieu, très compétitif, très dur, narcissique, avec les mêmes exigences que les sportifs de haut niveau. J’avais besoin de faire autre chose. En plus, je souffrais de la vie à Paris. Je rêvais de mes montagnes et de me rapprocher des terres qui me manquaient.

« Revenir ici m’a toujours procuré une sensation de bien-être »

Chloé Lacroix a quitté la ville thermale à l’âge de 5-6 ans, suite au changement de vie professionnelle de son père. Mais la jeune femme a toujours gardé la nostalgie de son pays natal où vivaient ses grands-parents paternels, de Gerde, et sa tante, de Cieutat. « Avec mes sœurs, de retour dans les Hautes-Pyrénées, à la sortie d’autoroute de Capvern, nous jouions toujours à celui qui apercevait le château de Mauvezin en premier. Revenir dans les Hautes-Pyrénées, cela m’a toujours séduit, procure une sensation de bien-être et d’énergie.

Elle change de chemin pour donner de la voix

Avant d’envisager un retour aux sources, la jeune femme « hyperactive », qui « a donné un peu de fil à retordre à ses parents », s’est laissée tenter par d’autres horizons. Lycéenne à Brive-La-Gaillarde, à tout juste 17 ans, elle passe une année « en immersion » à Naples au sein de l’association AFS-Vivre Sans Frontière. Puis après une classe préparatoire hypokhâgne et khâgne à Bordeaux, l’insaisissable « star » a changé de voie (voix ?) pour suivre des cours à la seule école publique de comédie musicale de la capitale, avant d’intégrer le prestigieux conservatoire de Paris en chant lyrique pendant six ans. « Après trois ou quatre ans de conservatoire, j’ai commencé à travailler comme animatrice dans une agence événementielle, dans toute la bien sûr, mais aussi en Côte d’Ivoire, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, etc. » .

«J’ai renoué avec un métier plus sain»

La crise du covid a tout chamboulé et l’a aussi fait réfléchir sur le sens qu’elle souhaitait donner à sa vie. « J’ai toujours aimé la bonne cuisine, les produits locaux et surtout le fromage. Même s’ils doivent respecter un mode de vie quasi ascétique, les chanteurs d’opéra sont de bons vivants.» Un jour, « par pur hasard », elle a répondu à l’annonce d’un meilleur ouvrier fromager de France, Laurent Dubois, qui cherchait des renforts pour les vacances de Noël. « J’ai renoué avec un métier plus sain, plus solidaire, plus humain. »

Sophrologue « pour soigner mes propres maux et ceux des autres »

« Tombée amoureuse » de son nouveau métier, Chloé Lacroix « a eu l’opportunité » de retourner dans ses Pyrénées bien-aimées. « A Paris, je rêvais souvent d’ouvrir mes volets le matin et de voir les montagnes. J’ai pleuré.” Après une phase de transition, où elle se forme comme sophrologue dans une école toulousaine spécialisée « pour soigner mes propres maux et ceux des autres », elle rencontre le fromager Alain Palacios (anciennement chez Nadine), « un jour où il venait prendre un café dans l’entreprise où je travaillais » en face de la salle Brauhauban.

“Comme un rayon de soleil perçant mes nuages”

«J’ai commencé à travailler pour lui. Il y a eu un coup de cœur humain entre nous et il m’a proposé de reprendre son entreprise. Dans ma tête, c’était comme un rayon de soleil perçant les nuages, une main tendue qu’il fallait absolument saisir. Comme elle s’est emparée de celle des fromagers Didier et Julian Nebout qui ont également proposé de tenir leur stand au marché de Bagnères le samedi matin.

Après quelques aventures dans les banques, la jeune femme est devenue son propre patron le 1er décembre. « Le bouche à oreille fonctionne déjà très bien. Vivant dans une famille très unie, je considère mes clients comme une famille. En Bigorre, les gens sont simples, partageants. Ici, il existe une vraie culture, par exemple les chants pyrénéens, un véritable patrimoine. J’ai aussi plein d’idées pour essayer de me démarquer, comme combiner des recettes avec des fruits et légumes de saison, un projet d’atelier vins et fromages, etc. Désormais, je suis en accord avec moi-même.

 
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