Les relations économiques entre la France et le Maroc semblent prendre un nouveau tournant

Les relations économiques entre la France et le Maroc semblent prendre un nouveau tournant
Les relations économiques entre la France et le Maroc semblent prendre un nouveau tournant

Est-ce le début d’une lune de miel au Maroc pour les entreprises françaises ? Après deux années de froid entre Paris et Rabat sur la question sensible du Sahara occidental, l’horizon s’éclaircit. « La France a clairement à nouveau le vent en poupe » » raconte un chef d’entreprise français présent sur place, sous couvert d’anonymat.

La cause de ce retour en grâce ? En juillet 2024, le président français Emmanuel Macron a soutenu le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole, dans une lettre adressée au roi Mohammed VI.

Le conflit du Sahara occidental, contrôlé à 80% par le Maroc mais considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis 1975 le royaume chérif aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Deux jours après la publication officielle de la lettre d’Emmanuel Macron, la société d’ingénierie française Egis, alliée à son homologue Systra et à la société marocaine Novec, s’est vu attribuer un contrat prévoyant le prolongement de la ligne de train à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech.

L’Élysée a annoncé ce vendredi 27 septembre qu’Emmanuel Macron effectuerait une visite d’État “fin octobre” au Maroc afin de sceller la relance de la relation bilatérale. Le roi Mohammed VI lui a adressé jeudi une lettre d’invitation dans laquelle il salue « des horizons prometteurs qui se dessinent pour nos deux pays ».

Le rôle stratégique du Sahara occidental

“Il y aura sûrement un développement et une accélération de la coopération économique entre les pays, notamment au Sahara marocain”, juge le président du groupe d’amitié Maroc-France au Sénat marocain Mohamed Zidouh, interrogé par leAFP.

D’autant que le Sahara occidental, avec ses énormes ressources solaires et éoliennes, est stratégique pour le développement économique du royaume, qui s’est résolument tourné vers les énergies renouvelables, et espère se positionner sur le marché de l’hydrogène vert.

Des entreprises occidentales, notamment françaises, y sont déjà présentes. Le groupe énergétique Engie construit actuellement une station de dessalement d’eau de mer à Dakhla, ainsi qu’un parc éolien, en consortium avec le marocain Nareva. Le groupe spécialisé dans la construction et les infrastructures Sade-CGTH a remporté un appel d’offres pour un projet de raccordement au réseau d’eau à Dakhla.

Le rapprochement entre Paris et Rabat est accueilli avec un certain soulagement par les entreprises françaises au Maroc. « Cela faisait deux ans que nous faisions profil bas, atteste Étienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian) ».

Les grands acteurs économiques marocains « recommencent à frapper à notre porte » des partenariats dans le pays, témoigne également un entrepreneur français, qui souhaite rester anonyme.

Des relations économiques qui ne se sont pourtant pas fragilisées

“En matière de commande publique, sur cette période, c’était peut-être un peu plus compliqué”, note Jean-Charles Damblin, directeur général de la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc. Cependant, dans l’ensemble, “nous n’avons pas constaté de ralentissement marqué” relations économiques en raison des tensions diplomatiques de ces dernières années, a-t-il déclaré.

Le réalisateur en veut pour preuve les relations très étroites entre la France et le Maroc, qui ne se sont pas affaiblies : les échanges commerciaux ont atteint l’an dernier un record de 14 milliards d’euros. La guerre en Ukraine a notamment provoqué une forte hausse des importations de produits agricoles français.

La France est le premier investisseur étranger au Maroc avec la quasi-totalité des sociétés du CAC 40 représentées dans le royaume et 1 000 filiales françaises. Le Maroc est le premier investisseur africain en France, avec des investissements directs passant de 372 millions d’euros en 2015 à 1,8 milliard en 2022.

Garantie politique

Avec ce revirement diplomatique, les entreprises françaises présentes sur place disposent d’une garantie politique, en l’absence de “l’avoir au niveau juridique, sur leur présence au Sahara Occidental”, estime la politologue Khadija Mohsen-Finan, pour qui Emmanuel Macron aussi “fait plaisir aux chefs d’entreprise déjà présents”.

Sahara occidental : tensions diplomatiques entre Alger et Paris

En soutenant le plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, la France a pris le risque de se brouiller avec le gouvernement algérien. Suite au soutien fort d’Emmanuel Macron, rendu symboliquement public mardi 30 juillet, Alger a immédiatement annoncé le « retrait avec effet immédiat » de son ambassadeur à Paris.

En renforçant le soutien au plan marocain d’autonomie, la France « bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour le déni du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations Unies » verser « achever la décolonisation du Sahara occidental »Alger a alors déclaré.

Agnès Levallois, de l’Institut de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, a alerté sur les conséquences pour le voisin algérien pour qui « cela ne peut être vu que comme une déclaration de guerre […] car même si à l’Élysée, on souligne qu’il ne s’agit pas d’une reconnaissance de la marocanité du Sahara (comme l’ont fait les Etats-Unis et Israël), ça y ressemble”.

 
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