Le réalisateur oscarisé de L’artiste Un film d’animation sort ce mercredi qui retrace le parcours des Justes face à la Shoah. Un film dur qui se veut optimiste et humaniste.
Raconter l’inconnu aux enfants et à travers l’animation. C’est tout l’enjeu du nouveau film de Michel Hazanavicius, Le bien le plus précieuxprésenté en mai dernier au Festival de Cannes, et en salles ce mercredi. Un film « solaire et lumineux », selon son réalisateur, qui a choisi de dépeindre le parcours des Justes face à la Shoah.
Adaptation d’un conte de Jean-Claude Grumberg, Le bien le plus précieux plonge les spectateurs dans l’histoire du « pauvre bûcheron » et du « pauvre bûcheron », un couple qui recueille un bébé jeté d’un des trains en route vers les camps d’extermination nazis en Pologne.
L’histoire est personnelle pour Michel Hazanavicius. Il est issu d’une famille juive d’Europe de l’Est, entre la Lituanie, la Pologne et l’Ukraine. Jean-Claude Grumberg, quant à lui, est le meilleur ami de ses parents. “Je me suis donné pour mission de porter sa voix”, insiste le cinéaste oscarisé pour L’artiste.
« Une voix humaniste »
Depuis Le Tombeau des Lucioles (1988), les réalisateurs n’ont plus peur d’utiliser le médium de l’animation pour aborder des sujets dramatiques. « Nous pouvons proposer davantage en animation, mais je ne sais pas si nous pouvons en montrer davantage. L’animation n’est qu’une réinterprétation de la réalité.
Le réalisateur avoue avoir été influencé par le début de la guerre en Ukraine. «Je suis allé en Ukraine assez tôt. J’ai organisé une vente aux enchères pour leur envoyer de l’argent. Depuis, j’ai dû y aller plusieurs fois. Peut-être que de manière consciente, cela a joué un rôle dans certains choix (de scénario ou de direction).
En revanche, la guerre entre Israël et le Hamas ne l’a pas influencé « du tout ». « L’histoire a été écrite il y a une dizaine d’années. Le film n’est pas du tout une réponse à une situation actuelle. Ce n’est pas conçu comme ça. Mais je trouve que la voix qu’elle apporte dans la situation actuelle est juste. C’est une voix humaniste.
Objet pédagogique
Michel Hazanavicius, qui n’avait jamais réalisé de film d’animation jusqu’à présent, a lui-même dessiné les visages des survivants du camp. Images inspirées d’un voyage au Rwanda au cours duquel il a visité des sites de charniers. «Je voulais redonner de la dignité à ces personnages. C’était important pour moi de les dessiner.
« Je voulais des personnages qui ne soient pas décrits par des mouvements, mais pas par leur contexte – le contexte dramatique d’un convoi de déportés. Ce qu’ils ont à dire, ce n’est que sur leurs visages”, analyse-t-il encore le réalisateur, qui s’est inspiré de l’illustrateur Gus Bofa mais aussi de Blanc comme neige de Disney.
Malgré la dureté de ses propos, le film se veut optimiste. « Il n’y a aucune fascination pour la mort dans ce film. Le film avance tout le temps vers la vie. C’est ce qui est apaisant. Cela nous rappelle que chacun de nous peut devenir un Juste. C’est très rassurant de savoir que cette voix de la morale est une question de choix.
Ce message séduit les écoles. Et sensibilisera de nombreux enfants à la Shoah. “Beaucoup d’enseignants souhaitent montrer le film à leurs élèves et l’utiliser comme objet pédagogique – justement parce qu’il apaise”, souligne Michel Hazanavicius. “Il n’y a pas de prosélytisme.”
Contre le relativisme
Une ironie, déjà présente dans l’œuvre de Jean-Claude Grumberg, traverse également le film. «C’est très juif», explique Michel Hazanavicius. « L’humour est la dernière arme de ceux qui n’en ont pas. Face à la haine et à l’agressivité, l’humour et la dérision restent la meilleure réponse. »
Le film se termine ainsi par une sorte de message adressé aux révisionnistes. Le narrateur précise que tout ce qui vient d’être raconté n’existait pas. “En effet, l’histoire que nous avons racontée est une fiction, mais c’est une fiction qui dit la vérité”, explique le cinéaste. “Le film commence comme un conte puis la réalité historique arrive petit à petit.”
Cependant, le sujet de Le bien le plus précieux ce n’est pas du négationnisme. «Le danger aujourd’hui, ce n’est plus celui qui dit que ça n’a pas existé. Plus personne ne dit cela très sérieusement. Le véritable danger aujourd’hui est le relativisme. Faire croire aux gens que tout est égal, que toutes les histoires sont identiques.