La saga Mad Max est une des rares sagas qui a su monter en niveau au fil du temps, où chaque film propose quelque chose de différent, va plus loin que ses prédécesseurs (si l’on exclut le torchon Mad Max 3 dont le projet d’en faire un plus familial- le sympathique Mad Max est incompréhensible) et donc même si je ne voyais pas l’intérêt de faire un préquel à Fury Road explorant le personnage de Furiosa, j’étais quand même intrigué par ce que Miller allait proposer.
La force de Fury Road, c’est justement qu’on ne sait rien des personnages, on est violemment projeté dans cet univers avec eux, on sent qu’ils existaient avant le film et qu’ils existeront après et qu’on a juste un moment de pure action dans cet univers.
Ici le parti pris est différent et il est louable, déjà je ne suis pas sûr qu’on puisse faire mieux que Mad Max 2 et FR en terme de poursuite intense dans le désert, alors autant aller explorer autre chose au lieu d’en raconter un énième histoire. fois la même chose. Miller a osé faire ce que d’autres n’osent pas, s’éloigner, faire un pas de côté pour varier un peu les plaisirs et ne pas se fier uniquement à ses acquis.
Parce que pour être honnête le seul gros défaut que j’ai vu à Furiosa c’est que je l’ai vu en VF (j’ai fait une erreur en choisissant le cinéma, j’ai plus l’habitude d’aller voir des films dont il existe une version française) et franchement c’est OK mais bon… j’ai l’impression d’avoir sali le film.
Après cela, une fois que nous avons accepté que nous étions dans une sorte d’histoire mythologique, racontant comment Furiosa est devenue le mythe selon lequel elle est dans Fury Road, qui accomplit les exploits qu’elle accomplit, tout passe tout seul, même si, George, je sais les gens sont stupides, mais nous n’avons pas besoin de le souligner toutes les 30 secondes. D’ailleurs c’est peut-être aussi au niveau de la “politique” de cet univers, c’est un peu simpliste, trois places fortes, avec trois chefs de guerre qui échangent des ressources, des gens qui veulent les voler au milieu, autant dans l’autre Mad Max ça arrive parce qu’on imagine qu’il y a autre chose ailleurs, là on nous fait comprendre que c’est un peu tout ce qu’il y a. Disons que l’intelligence ou la force du film ne sont pas là.
Le film est également très long, mais franchement quel jeu d’enfant. Parce qu’on enchaîne des moments de bravoure, des scènes complètement hallucinantes, avec une grande violence, avec un certain sens de la mise en scène.
Juste pour prendre un exemple, on sait si on a vu le film précédent que Furiosa n’a qu’un bras, donc on se doute qu’elle le perdra dans le film. C’était une des forces de FR de ne pas savoir comment elle l’avait perdu, il fallait l’imaginer. Alors là, se voir montrer la solution nous fait perdre un peu de la puissance de l’évocation de FR, c’était un gros risque. Mais le plan où on voit qu’elle a perdu son bras, bref, saisissant, terrifiant, c’est extraordinaire, une force folle, le cadrage parfait pour le mettre en valeur, on comprend ce que ça implique dans la diégèse, ça met en valeur les boules d’estomac et le le spectateur le trouve à moitié agréable, à moitié terrifiant.
Ainsi, tous mes doutes ont été levés, toutes mes craintes quant au fait que le savoir ferait perdre l’aura au personnage ont été balayées. Même si je pense qu’il vaut mieux voir FR avant afin d’avoir les deux effets, le côté iconique pur, et l’origine puissante de l’icône.
Cependant, je ferai le même reproche que FR, c’est quand même limite trop sage, ça va plus loin dans la cruauté, mais manque peut-être quand même d’un peu de sexe (même si les mecs qui se caressent les tétons pour donner des ordres, je trouve que c’est une idée géniale ).
Bref, Furiosa n’est pas une répétition, c’est une extension fantastique de l’univers de Mad Max, qui en se déroulant sur une longue période de temps permet d’explorer plus de choses, dont notamment le pouvoir de la narration. Ce n’est déjà pas si mal.
