Frères commence donc en 1948. Patrice (sept ans) et Michel (cinq ans) attendent en internat. Un jour, ils découvrent un pendu. Une maladresse leur fait croire qu’ils seront recherchés par la police et ils s’enfuient.
Nous ne sommes pas dans L’enfant sauvage (1970) de Truffaut (quoique…). Le duo survit (de manière plus ou moins civilisée) grâce à leur intelligence et leur débrouillardise en Charente. Des survivalistes avant l’heure !
Des décennies plus tard, l’aîné Patrice (Kassovitz) quitte tout pour l’Abitibi ! Michel (Attal) quitte sa femme et ses enfants pour le retrouver avant qu’il ne commette l’irréparable… Les deux « moineaux sacrés » se retrouvent seuls « face à eux-mêmes » et à leurs traumatismes liés à l’enfance, contrepartie de leur liberté absolue.
Olivier Casas, pour son deuxième long métrage, a choisi un montage parallèle, pour que chaque partie se réponde. Une structure adéquate, même si ces allers-retours ont le désavantage d’arracher le spectateur à chacun des univers lorsqu’il s’y plonge plus en profondeur.
Deux Films en un, donc. C’est sa principale qualité et son plus grand défaut. Car le sort tragique de deux enfants permet de justifier la fuite en avant et la crise existentielle de Patrice, 40 ans après. A l’inverse, cette partie plus faible fait de l’ombre au score remarquable des deux frères alors qu’ils sont dans leur « cabane au Canada »…
Kassovitz (La haine, Munich) et Attal (Un monde sans pitié, Munich), avant de devenir réalisateurs et bien d’autres choses, font partie des meilleurs acteurs de leur génération. Même avec un texte mineur, ils incarnent avec beaucoup de crédibilité et d’humanité ces frères en symbiose, troublés par une souffrance commune transformée en secret.
Cela prend racine, comme on pourrait s’en douter, dans leur enfance. Certes, il y a cette mère indigne et cruelle qui les abandonne, sans remords ni regret (en France, ils sont des centaines de milliers dans cette situation après la Seconde Guerre mondiale, Frères leur est dédié). Mais pas seulement…
Le scénario entretient le mystère et, au fond, le spectateur n’a pas besoin de savoir pour comprendre le lien indestructible qui les unit et leur quête au cœur de la forêt en Abitibi (heureusement, les dialogues avec les Québécois ne sont pas sous-estimés). titres!).
La mise en scène de Casas ne casse rien, mais au moins elle ne gâche pas tout. Surtout avec les enfants où le film abuse d’une bande-son sentimentale, qui devient parfois carrément agaçante, et de ralentis superflus… La sobriété avec les deux frères est plus adaptée.
Car, outre la joie de voir Kassovitz et Attal réunis, Brothers propose des réflexions intéressantes sur la fratrie, évidemment, et sur ce qu’est la liberté – un concept galvaudé, s’il en est.
Personne n’est jamais totalement libre, il y a un prix à payer, comme le démontre le long métrage.
Sauf que, comme le dit Michel hors champ, « on ne peut pas garder quelqu’un qui veut partir pour toujours »…
Frères est présenté au cinéma.
«Brothers», bande-annonce (K-Films America)
Au générique
- Note : 6,5/10
- Titre : Frères
- Genre : Drame
- Réalisateur : Olivier Casas
- Cast: Yvan Attal, Mathieu Kassovitz
- Durée : 1 heure 45 minutes