Compte tenu du nombre de structures encore vétustes et du manque de personnel qui sévit toujours dans les CHSLD, Québec ne serait pas prêt à revivre une pandémie, estime un expert.
« Les leçons sont fraîches dans l’esprit des gens. Je ne suis pas sûre que dans cinq ans, ce sera aussi frais», a déclaré la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste et infectiologue au CHUM, en entrevue à LCN.
Selon elle, la vétusté des bâtiments et le manque de personnel en sont la cause.
« Les structures sont encore vétustes à plusieurs endroits. Les systèmes de ventilation ne sont pas améliorés partout. La pénurie de personnel signifie que nous sommes toujours dans une situation où nous serions dans une situation un peu difficile si nous arrivions avec une pandémie et que nous avions besoin de plus de ressources », a-t-elle expliqué.
Des recommandations de tablettes ?
Santé Canada a récemment publié un rapport dans lequel des experts examinent les moyens de mieux se préparer à une pandémie. Mme Tremblay espère que celui-ci ne sera pas stocké, comme les précédents.
« Il y avait eu des rapports factuels après les pandémies précédentes, les épidémies de SRAS par exemple, la grippe en 2009. Il y avait eu des rapports factuels avec des recommandations, puis on s’est rendu compte que ces recommandations-là avaient finalement été déposées. « Peu de choses ont été faites », a-t-elle déploré.
Ce nouveau rapport avait pour mandat d’analyser l’aspect recherche et les avis scientifiques de la dernière pandémie de COVID-19, et de proposer des recommandations.
« Entre autres, ils insistent sur le fait qu’il devrait y avoir, en termes de gouvernance, une structure permanente entre pandémies qui assure une bonne préparation à la gestion de tout ça avec des impacts interministériels, donc avec la possibilité d’avoir des relations avec la décision publique. créateurs. Donc, avoir une structure permanente», a résumé Mme Tremblay.
Le rapport recommande également une surveillance continue des maladies infectieuses.
Cette unité permanente aurait un rôle de gestion des risques et d’évaluation des menaces en coordonnant les différentes structures qui s’en occupent.
« En y réfléchissant constamment, avec un comité qui est là, ça nous permet de voir comment les choses évoluent et d’apporter des corrections. Nous disons même qu’il faut faire des simulations de pandémie pour voir si nous sommes prêts à y faire face », a-t-elle poursuivi.
Les auteurs du rapport parlent également de prendre soin des populations les plus vulnérables, les plus touchées par la pandémie, comme les personnes âgées ou les sans-abri.
« Se préparer à une pandémie ne se limite pas à des actions spécifiques par rapport aux microbes en question, aux vaccins ou aux médicaments que nous devons administrer. Il s’agit de notre infrastructure de santé de base. Si elle est faible au départ, on aura du mal à accepter la surchauffe qui accompagne les pandémies », explique le microbiologiste.
La pénurie de personnel est également un enjeu important à considérer dans la gestion des pandémies.
« Nous avons vu à quel point notre système de santé était fragilisé par la pénurie de personnel qui en résultait, car les gens étaient découragés de travailler dans ces conditions. Ensuite, nous avons eu beaucoup de pertes de personnes impliquées dans le domaine de la santé. Nous devons reconstruire cela », a-t-elle déclaré.
Outre l’aspect infrastructure et gestion, le microbiologiste insiste sur l’importance de meilleures conditions sociales pour protéger davantage les personnes vulnérables, voire indigènes, plus isolées.