En 2024, les cinéphiles et autres amateurs d’action brutale et stylisée pourraient bien assister à la naissance d’un véritable rival de John Wick. Le challenger Monkey Man entre sur le ring du box-office en toute confiance et surtout prêt à se battre. Le tueur le plus meurtrier du 7ème Art alias Baba Yaga a-t-il enfin trouvé un adversaire digne de lui ?
Tout ce que vous devez savoir sur Monkey Man
Certaines décisions risquent de vous hanter pendant de nombreuses années et celle prise par Netflix concernant un potentiel rival de la saga John Wick en fait certainement partie. En 2021, le service SVOD aux 260 millions d’abonnés a acquis les droits d’exploitation internationaux de Monkey Man pour 30 millions de dollars américains. Cependant, face à la violence auctoriale du film et à son commentaire politique acerbe susceptible de lui fermer les portes de son marché intérieur (l’Inde), la firme américaine a fini par se retirer du projet.
C’était finalement une excellente nouvelle pour tous les cinéphiles et autres fans de films d’action. “Merci à Netflix”, Monkey Man est projeté pour la première fois en salles le 11 mars 2024 lors du festival South by Southwest avant de sortir officiellement en Amérique du Nord puis dans le reste du monde courant avril. Ce film réalisé et co-écrit par Dev Patel (Skins, Slumdog Millionaire) se définit comme un thriller d’action mettant en scène un jeune combattant hanté par son passé et animé par un profond désir de vengeance.
Le synopsis du film Monkey Man : Portant un masque de gorille, un jeune homme anonyme gagne sa vie dans un club de combat clandestin où il se fait battre à mort nuit après nuit par des opposants plus populaires pour de l’argent. Marqué par des traumatismes d’enfance enfouis et guidé par un profond désir de vengeance, il finit par infiltrer le cercle des élites qui contrôlent la pègre locale. Commence alors une campagne de représailles sanglantes afin de régler ses comptes avec les hommes qui ont fait de sa vie un enfer.
Le casting du film Monkey Man : Dev Patel (Slumdog Millionaire, The Green Knight), Sharlto Copley (District 9, Elysiuem), Pitobash (A Million Dollar Toss), Vipin Sharma (Taare Zameen Par), Sikandar Kher (Devdas) et Sobhita Dhulipala (Major)
Monkey Man sort en salles en France le 17 avril 2024.
Bien plus que « John Wick à Mumbai » !
J’aime me battre. Plus précisément, j’adore les bagarres sur grand écran. Depuis ma plus tendre enfance, je suis en admiration devant les prouesses martiales de Bruce Lee, Jackie Chan et dans une moindre mesure celles des artistes occidentaux. Pour comprendre de quoi je parle, Je considère The Raid et son héritier John Wick comme deux des sagas les plus influentes du 21e siècle en matière de cinéma d’action., mais aussi dans le 7ème Art au sens large. Il y a un avant et un après Gareth Evans et Chad Stahelski… c’est une évidence… et Monkey Man est clairement de ce type.
Déjà évoqué en préambule, Monkey Man est le tout premier film réalisé par Dev Patel, et quel premier combat sur le ring mes ancêtres. Plusieurs heures après ma séance, Je suis toujours très enthousiasmé par cette expérience cinématographique hautement sensorielle qui n’épargne rien aux spectateurs. Baba Yaga vient de se trouver un rival prêt à en découdre de manière ultra graphique. L’acteur mondialement connu pour ses rôles dans Skins, Slumdog Millionaire et The Green Knight fait preuve d’un talent derrière la caméra que je ne soupçonnais pas.
Monkey Man est présenté par les milieux cinématographiques comme un « John Wick à Mumbai ». Si je comprends la filiation – John Wick est même évoqué – il est évident que le film de Dev Patel s’en éloigne volontairement pour tracer sa propre voie à coups de poings, une voie sanglante et ô combien viscérale. Le réalisateur britannique d’origine indienne filme certaines des scènes d’action les plus brutales que j’ai jamais vues tiré de l’original Netflix « La nuit vient pour nous » (2018) de Timo Tjahjanto. C’est un compliment venant de moi.
Certes, Monkey Man s’inspire ouvertement des aventures cinématographiques de John Wick (la scène dans le club), mais ne se contente pas d’en faire une pâle copie « indienne ». La différence la plus notable réside dans la manière dont les combats sont filmés. La caméra embrasse ici l’état psychologique de son protagoniste incarné par un Dev Patel surexcité qui met son physique et ses talents pour les arts martiaux au service de sa création. Pour rappel, il est ceinture noire 1er dan de Taekwondo. Survoltée et électrisante durant la première partie du long-métrage, la réalisation surgit en même temps que notre Homme-Singe, et retrouve la paix intérieure pour mieux comprendre l’action.
L’intrigue de Monkey Man n’est pas révolutionnaire puisqu’elle repose sur une notion de vengeance souvent vue dans le cinéma d’action. La quête du « héros » est simple, précise et définitive. Cependant, elle se démarque par l’environnement dans lequel elle tente de survivre. L’Inde offre mille et une occasions de se démarquer des œuvres asiatiques et occidentales à qui souhaite proposer quelque chose de « jamais vu ». Dev Patel pimente ainsi sa quête de vengeance avec des thématiques propres à son pays d’origine. Il aborde directement la corruption des élites et de la police, les politiques menées contre les minorités (notamment les hijras) ou encore les expropriations sans être en finesse. Monkey Man n’a pas de tabous et beaucoup de bien pour lui.
Il serait injuste de réduire Monkey Man à un simple « John Wick à Mumbai ». Le film de Dev Patel est bien plus que cela et prouve qu’il existe une voie sacrée pour le cinéma d’action, celle de l’émancipation. J’ai hâte de voir ce réalisateur prometteur remonter sur le ring pour livrer au cinéma un deuxième uppercut tout aussi mémorable que le premier.
