Conduite sur glace, raquettes, ski de randonnée et beaucoup de rires : les membres de la nouvelle promotion des équipes de France circuits et rallyes* ont passé la semaine dans les Alpes pour un stage de cohésion. Mais il est formellement interdit de dévaler les pistes de ski de la plus haute station d’Europe (2 300 mètres d’altitude) pour ne pas revenir avec une jambe cassée et compromettre son avenir !
L’année dernière, Isack Hadjar faisait partie de ces apprentis. A seulement 20 ans, avec le soutien de la Fédération française du sport automobile (FFSA) et de Red Bull, il vient de signer son premier contrat en F1. Le Parisien jouera au Racing Bulls. Trois tricolores seront donc sur la grille 2025 avec Pierre Gasly (Alpine) et Esteban Ocon (Haas). Du jamais vu depuis plus d’une décennie. Le trio était alors composé de Jean-Éric Vergne, Romain Grosjean et de feu Jules Bianchi.
« Le monde du sport automobile est impitoyablese confie au JDD Isack Hadjar. La FFSA m’a soutenu et facilité la démarche. Je lui dois beaucoup. Nous pouvons être fiers en France d’avoir ce type d’initiatives et de programmes uniques. Je suis tellement chanceux et reconnaissant en même temps. » Repéré par la Direction Technique Nationale (DTN) en 2017, le jeune homme fait son apprentissage en karting, puis gravit un à un les échelons des monoplaces, aidé – notamment financièrement – par la Fédération : F4, Freca (formule régionale), F3. et la F2, l’antichambre de la F1, dans laquelle il a terminé deuxième du championnat précédent.
Victor Martins bénéficie de ce « soutien sans faille » depuis son adolescence. Il a même été stagiaire au Mans, qui abrite l’académie FFSA. A 23 ans, l’Essonien est désormais un vétéran des Bleus : « Je n’ai aucune jalousie du tout. Je connais Isack depuis très longtemps. Nous avons couru ensemble et d’autres fois en tant qu’adversaires. Comme il est un peu plus jeune que moi, nous n’étions pas toujours dans la même catégorie. S’il n’avait pas rejoint la F1 après l’année passée en F2, je n’aurais pas compris pourquoi certaines personnes y allaient et pas lui. » Victor Martins, qui devrait disputer une troisième saison consécutive en Formule 2, conclut, toujours aussi motivé et déterminé : « Il n’y a aucune raison pour que je ne puisse pas le faire aussi. J’ai hâte de le rejoindre. »
Bientôt un quatrième Français en Formule 1 ?
A la DTN, son directeur Christophe Lollier a vu passer Jean-Éric Vergne, Pierre Gasly et bien sûr Isack Hadjar. Il prévoit déjà : « Je suis convaincu que sur les cinq membres de l’équipe de France actuelle, un ou deux arriveront en F1. Victor en fait partie. Comme les choses bougent beaucoup en ce moment, que ce soit chez Williams, Aston Martin, etc., une opportunité est possible. A condition qu’il écrase la concurrence cette saison. » Si Martins est le plus âgé du groupe, Jules Caranta est le plus jeune. A 16 ans, il bénéficie déjà – comme Hadjar avant lui – du soutien du Red Bull Junior Team : « Isack a réussi et je le félicite. Maintenant, c’est à mon tour de faire de même. Je ne vais pas abandonner et j’espère que le travail portera ses fruits. » Malgré sa jeunesse, Jules Caranta ajoute avec la sagesse d’un vieux vétéran : « Il ne faut pas non plus sauter des étapes. Espérons qu’un jour ma chance viendra. »
La suite après cette annonce
Lors du stage de cohésion à Val Thorens, Stéphane Sarrazin, pilote éclectique qui a connu un passage éclair en F1 chez Minardi en 1999, est venu partager son expérience : « Le sport automobile coûte cher et il est difficile de devenir professionnel. Mais nous avons la chance d’avoir une fédération qui n’est pas comme les autres. Elle suit les pilotes dès son plus jeune âge et organise des championnats. » Un parcours complet, du kart à la F1, coûte sept à huit millions d’euros, selon les estimations de la FFSA. Sans sponsors privés, il est impossible de réaliser votre rêve. Conscient des difficultés, le nouveau président de la fédération, Pierre Gosselin, rappelle “qu’il n’y a pas que la F1 où les places sont ultra rares”. Ainsi, l’endurance (Romain Dumas, Loïc Duval, Kévin Estre, Norman Nato, etc.), les championnats japonais (où participe Giuliano Alesi, fils de Jean, par exemple) et les championnats américains (Simon Pagenaud a remporté les mythiques 500 miles d’Indianapolis ) sont autant de portes de sortie passionnantes pour tous ceux qui n’accéderont pas à la Formule 1.
*Pour la première fois, une pilote, Sarah Rumeau, est membre de l’équipe de France des rallyes.