Après plusieurs pionniers, de Kenny Roberts en 1978 à Eddie Lawson en 1989, seuls les pilotes impliqués dans les structures officielles ont été champions dans les années 1990. La donne change au tournant des années 2000, avec l’arrivée dans la catégorie reine de Valentino Rossi.
Lorsque le pilote de Tavullia a signé avec Honda pour faire ses débuts en 500cc en 2000, il n’était pas initialement aligné directement par l’équipe d’usine mais par une structure dédiée, s’appuyant sur la division italienne Honda et avec le soutien de la bière Nastro Azzurro, qui avait déjà sponsorisé le pilote en 125cc puis 250cc, et qui a donné son nom à l’équipe. Rossi n’était donc pas dans l’équipe officielle mais dans une formation satellite… mais très bien fournie.
Dès sa première saison en 500cc, celui qui incarnera le championnat pendant plus de 20 ans a été épaulé par Jeremy Burgess, ancien chef mécanicien de Wayne Gardner, titré en 1987, et surtout de Mick Doohan, aux cinq sacres dans les années 1990. Le partenariat Rossi-Burgess s’avérera encore plus fructueux puisqu’ils cumuleront sept titres, avec Honda puis Yamaha, avant de poursuivre leur association avec Ducati.
Fort de ce soutien, Rossi devient très vite un pilote à suivre dans le championnat de l’année 2000, avec un premier succès à Donington remporté avec la manière, sur piste mouillée et après une belle remontée. Après une nouvelle victoire à Rio, l’Italien conclut sa première saison à la deuxième place du championnat, derrière l’inattendu Kenny Roberts Jr, fils du premier pilote indépendant à remporter le titre 500cc.
L’année 2001, dernière de l’ère 500cc, voit Rossi rester au sein de la même structure. Vainqueur des trois premières courses de la saison et finalement de 11 des 16 Grands Prix au programme, il n’a pas laissé beaucoup de place au suspense et s’est offert son premier sacre à ce niveau, avant de rejoindre l’équipe officielle. Avec ce dernier, il remporte deux titres supplémentaires dans les premières années de l’ère MotoGP, avant de se lancer dans l’aventure Yamaha.
Valentino Rossi en 2001
Photo de : Gold and Goose / Images de sport automobile
Les deux derniers championnats remportés par Rossi sur Honda ont été remportés par Sete Gibernau, qui a assumé le rôle de meilleur pilote indépendant à l’époque, chez Gresini. En 2005, c’est son coéquipier Marco Melandri qui fut le premier rival lointain de Rossi, remportant cette fois la M1. Gibernau et Melandri ont remporté dix victoires à eux deux entre 2003 et 2005, mais sans vraiment inquiéter celui qui était devenu l’homme fort du championnat.
Après le titre de feu Nicky Hayden sur la Honda d’usine en 2006, le championnat a vu une domination de Rossi et une nouvelle génération incarnée par Casey Stoner, Dani Pedrosa et Jorge Lorenzo, avant l’arrivée de Marc Márquez. Ces pilotes, à l’exception de Pedrosa, ont remporté tous les titres en jeu de 2007 à 2019, à chaque fois dans les équipes officielles de Ducati, Yamaha et Honda, ne laissant que très peu de place aux indépendants.
Entre le GP du Portugal 2006, remporté par Toni Elías avec la plus petite avance de l’histoire sur son équipe Gresini Honda, et le GP d’Espagne 2020, qui a marqué le premier succès de Fabio Quartararo avec la Yamaha de l’équipe SRT, seules quatre victoires sont allées aux pilotes de équipes satellites, Jack Miller et Cal Crutchlow en 2016, puis le même Crutchlow en 2018.
Fabio Quartararo en 2020
Photo de : Gold and Goose / Images de sport automobile
Cette saison 2020, bouleversée par la pandémie, la blessure de Márquez et l’abandon de Lorenzo, a vu le peloton se resserrer considérablement. Sept des 14 courses au programme ont été remportées par des pilotes d’équipes satellites, devenues pour certaines « secondes équipes d’usine », terme privilégié par KTM avec Tech3 puis par Ducati pour Pramac et, à partir de 2025, par Yamaha avec le même partenaire. .
Les différences entre machines officielles et satellites sont ainsi devenues très faibles, voire inexistantes. En 2020, Quartararo a longtemps mené le championnat mais c’est finalement le pilote d’une équipe officielle, Joan Mir, qui a été sacré… 13 petits points d’avance sur Franco Morbidelli, coéquipier de Quartararo chez SRT.
En 2021, année du sacre de Quartararo dans l’équipe officielle, le seul pilote indépendant vainqueur était Jorge Martín, qui faisait ses débuts sur la Ducati de Pramac. Mais l’année suivante, Enea Bastianini s’invite sur le podium du championnat avec une Ducati satellite, celle de Gresini. En 2023, ils étaient deux, Martín et Marco Bezzecchi, qui portaient les couleurs du VR46.
Jorge Martín en 2024
Photo par: Dorna
Et surtout, Martín a brièvement mené le championnat et a joué pour le titre jusqu’à la dernière course de la saison en 2023, échouant finalement face à Pecco Bagnaia. La saison 2024 a été une bonne. Après avoir mené la majeure partie du championnat, il est devenu le premier pilote indépendant à remporter le titre dans l’ère MotoGP, conservant le soutien technique de Ducati même s’il affrontait le pilote représentant officiellement la marque.
Pendant ce temps, Marc Márquez constatait le changement de statut des équipes indépendantes en abandonnant sa Honda officielle pour une Ducati satellite à Gresini. Ce transfert totalement inimaginable quelques années plus tôt lui a permis de relancer sa carrière… et de signer avec l’équipe d’usine Ducati.
Ironiquement, ce poste était celui que Martín convoitait depuis plusieurs années et après plusieurs refus, il rejoindra finalement une structure d’usine en 2025, chez Aprilia.
Dans cet article
Vincent Lalanne-Sicaud
MotoGP
Valentino Rossi
Sète Gibernau
Marco Melandri
Jorge Martin
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