Je t’aime… moi non plus

Des huit victoires de Daniel Ricciardo en Formule 1, celle qui restera très certainement ne sera ni la première, avec Red Bull en Hongrie en 2014, ni la dernière, avec McLaren à Monza en 2021. L’histoire en Grand Prix du pilote australien, dont le parcours dans la catégorie reine s’est probablement terminé à Singapour, restera associé à son succès 2018 à Monaco.

Une victoire qui restera le point d’orgue de la carrière d’un pilote qui avait alors, sans qu’on le sache encore, atteint le meilleur de lui-même. La F1 compte à ce jour 115 vainqueurs de Grand Prix, mais seuls 37 ont triomphé à Monaco. C’est seulement trois de plus que le nombre de champions du monde ! Un cercle auquel appartient donc Daniel Ricciardo, qui a pourtant connu une relation dans un premier temps houleuse avec la Principauté.

Dès 2016, il croyait pouvoir s’imposer sur le Rocher. Dominateur tout le week-end au volant d’une RB12 dont le châssis excellait sur cette piste, il avait tout pour réussir mais a tout perdu dans un arrêt au stand complètement bâclé par Red Bull, qui n’avait pas préparé ses pneus alors que la pluie faisait rage. Deuxièmement, il avait laissé échapper le succès qui lui semblait promis entre les mains de Lewis Hamilton.

“Je me souviens de cette journée dans les moindres détails, c’est comme un film dans ma tête”» a déclaré Daniel Ricciardo quatre ans après cette désillusion. “Je peux m’imaginer conduire dans les virages avant le tunnel après cet arrêt au stand, et j’étais tellement en colère que je n’aurais pas été mécontent d’avoir une panne mécanique, donc je n’ai pas terminé la course, et je ne voulais pas parler à qui que ce soit après, je ne voulais certainement pas d’empathie… Je ne voulais pas être là.

« J’ai eu un moment de clarté dans l’espace médiatique par la suite, où j’ai pensé que si terminer deuxième à Monaco était le pire jour de ma vie, je devrais probablement me réveiller, et c’est là que la colère a commencé. se transforme en déception.

«Je voulais être seul dans ma cabine de pilote mais Helmut [Marko] est venu me voir et il avait le cœur brisé. Il m’a juste dit “désolé” et m’a serré dans ses bras, donc je ne pouvais pas réagir de manière agressive. Il souffrait autant que moi. Après cela, je suis rentré chez moi parce que je ne voulais entendre personne s’excuser et je pensais que rien de bon ne résulterait d’accuser qui que ce soit parce que j’étais tellement en colère.

Paradoxalement, et Daniel Ricciardo lui-même le reconnaît, c’est cet épisode qui a décuplé le plaisir ressenti à parvenir enfin à s’imposer à Monaco. Il était écrit qu’en 2018, il pourrait enfin faire ce fameux plongeon de joie dans la piscine Red Bull, au terme d’une épreuve qui l’a pourtant encore maltraité.

La réconciliation avec cette course a en effet été remise en cause jusqu’au drapeau à damier en raison d’une casse de boîte de vitesses lui permettant d’utiliser seulement six des huit rapports. Il fallait résister aux attaques de Sebastian Vettel, ce qui aurait été impossible dans de telles circonstances sur une autre piste que celle-ci.

“Je ne vais pas mentir, Monaco 2016 m’a hanté pendant deux ans, et ne pas commettre une seule erreur en 2018 et penser que la victoire allait encore m’être enlevée…”expliquera l’Australien. “A Monaco, quand vous gardez la tête dans le premier virage après avoir décroché la pole position, c’est vous qui pouvez perdre, la course est entre vos mains.”

“Mais en 2018, le niveau de stress était différent à cause de ce qui s’est passé en 2016. Le sentiment principal était un pur soulagement que cette fois, on ne m’a pas volé. apprécié encore plus dans les jours qui ont suivi [la course]quand j’ai commencé à réaliser, mais ce dimanche soir, j’étais à bout de souffle. C’était un énorme soulagement, plus que tout.