Il faudra se souvenir de la semaine qui se termine. Amazon, qui a licencié plus de 1 700 travailleurs québécois mercredi, Donald Trump qui confirme sa hausse des prix douaniers lundi 1er février, Netflix qui augmente son prix d’abonnement mercredi et Tesla qui augmente ses voitures jeudi.
Une nouvelle qui s’ajoute à Meta, qui a annoncé il y a trois semaines la fin de la vérification de son contenu après avoir bloqué les médias canadiens sur Facebook. Bref, le Canada, et particulièrement le Québec, goûte avec une force brutale et presque sans défense à la nouvelle technocratie qui s’installe au sud de sa frontière, comme nous l’explique notre chroniqueur Loïc Tassé.
On aurait pu penser que les oligarques attendraient que le pouvoir du gouvernement de Donald Trump soit consolidé pour jouer pleinement leur influence. Mais non, ils n’ont pas attendu. Depuis trois semaines, certains multiplient les décisions cruelles ou dangereuses pour la démocratie. Le Québec a été particulièrement touché, notamment par la fermeture des entrepôts Amazon de Jeff Bezos.
Ces oligarques semblent pressés de gagner de l’argent même s’ils possèdent déjà une grande partie des richesses mondiales.
Cette semaine, lors de l’inauguration du 47e Président américain, nombreux sont ceux venus faire leur génuflexion malgré une richesse qui devrait pourtant garantir leur indépendance.
Ils donnent l’impression de s’être lancés dans une course effrénée pour savoir qui d’entre eux réussirait à accumuler une fortune de 1000 milliards de dollars américains.
Sur quel coureur faut-il parier ? Elon Musk et ses 434 milliards de dollars américains ? Jeff Bezos et ses 239 milliards ? Mark Zuckerberg et ses 212 milliards ? Ou Donald Trump qui, après le lancement de sa propre cryptomonnaie, serait de 63 milliards ? Trump qui, par ailleurs, vient d’interdire à la Fed de réfléchir à la manière de lancer sa propre monnaie.
Fortunes au cabinet
D’après les noms recueillis par le magazine Forbesau moins 20 milliardaires se rassemblent autour de Trump. Parmi eux, les quatre personnes les plus riches du monde. Avec Trump lui-même, le bureau comptera au moins 10 milliardaires, sur environ 25 personnes.
Être milliardaire n’est pas un défaut. Oxfam en a identifié 2 769 dans le monde. Oxfam estime également que d’ici 10 ans, le monde disposera de cinq fortunes de 1 000 milliards. Aujourd’hui, des dangers surgissent lorsque les milliardaires se sentent si riches qu’ils défient les gouvernements ou qu’ils sont associés à un président sans foi ni loi.
Le Québec et le Canada sont parmi les premiers États à pouvoir désormais témoigner.
Des milliardaires présents dans les épées
- Mukesh Alphali 98 milliards
- MIRIAM ADELSON 32 milliards
- Bernard Arnault 179,6 milliards
- Jeff Bezos 239 milliards
- Rupert Murdock 22 milliards
- Elon Musk 434 milliards
- Phil Ruffin 4,7 milliards
- Marc Zuckerberg 212 milliards
source : Forbes (données en dollars américains)
Trump, l’arrogant qui se moque de nous
Trop, sous l’influence d’Elon Musk, Trump ne cesse de se moquer du Canada. Jeudi à Davos, il a commencé à parler de son voisin comme d’un 51e État américain. Cette fois devant la communauté internationale, avec à sa tête le « gouverneur » Justin Trudeau.
Trump dit à qui veut l’entendre que les États-Unis n’ont pas besoin des ressources du Québec et du Canada. Bien entendu, les États-Unis peuvent trouver ailleurs une partie des ressources produites par le Canada, mais à des coûts beaucoup plus élevés. Des coûts que les Américains ne sont pas prêts à payer.
Mais certains chefs d’entreprise croient Trump. Par précaution, ils chercheront à réduire leurs achats au Québec et au Canada.
Musk, qui augmente le prix de sa Tesla…
Musk se croit autorisé. Elle est tellement puissante qu’elle vient d’augmenter le prix de sa Tesla au Canada, mais pas forcément dans les autres pays.
Pour quoi ? Probablement parce que les voitures se vendent très bien et que les acheteurs de Tesla recherchent avant tout le prestige. Autant les appuyer le plus possible.
Musk a même décidé de soutenir la propagande des partis d’extrême droite en Europe, notamment en Allemagne. Son salut de cette semaine, qui ressemblait à un salut nazi, pourrait être interprété pour cette raison.
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Musk l’a repris à plusieurs reprises au Canada et Justin Trudeau depuis deux mois sur son réseau X, où il compte pas moins de 215 millions d’abonnés.
-Zuckerberg rejoint l’univers des mensonges en ligne
Mark Zuckerberg est également venu se faire photographier aux côtés du président cette semaine. Lui qui professait autrefois une certaine éthique sur ses réseaux sociaux vient de rejoindre la philosophie libertaire de Musk. Par conviction ou pour affaires ? C’est la question.
Zuckerberg était impitoyable envers le Canada. Contrairement à Google, Meta a refusé de financer le contenu des médias canadiens, avec lesquels il a pourtant alimenté sa plateforme pendant des années. Les médias traditionnels du Canada y sont désormais interdits.
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Pour couronner le tout, Zuckerberg a presque complètement dissous son équipe de modérateurs qui vérifiaient les faits. Tant d’argent économisé. Mais tant de pollution et de désinformation se sont répandues sur les réseaux sociaux. Mais pour lui, l’important c’est que la désinformation rapporte de l’argent.
De plus, Trump ne se soucie pas des faits. Il l’avait amplement démontré lors de son premier mandat. Il continue de tout dire, même devant le forum de Davos. Jeudi, il n’a pas hésité à affirmer qu’il allait baisser les taux d’intérêt, alors que la décision appartient à la banque centrale américaine.
La désinformation et le mensonge sont une habitude chez Trump. Une habitude que semblent partager ses partenaires oligarques.
Bezos, l’antisyndicaliste qui fait mal au Québec
Au Québec, Jeff Bezos vient de décider de fermer ses entrepôts Amazon, entraînant la perte directe de 1 700 emplois. Tout le monde a compris que Bezos ne soutient pas la syndicalisation dans son modèle économique. Comme si augmenter le salaire de ses employés d’étage, qui gagnent la fabuleuse somme de 21,50 dollars de l’heure, allait le mettre sur la paille…
Les Américains ont déjà traversé une phase antisyndicale. C’était juste avant la Grande Dépression, dans les années 1930. Par la suite, avec le New Deal mis en place par le président Franklin Roosevelt, les Américains prendront conscience de l’importance de disposer de syndicats forts pour faire contrepoids aux puissances financières. Du socialisme déguisé, sifflent les partisans de Trump.
Bezos gagne environ 140 millions de dollars CA par jour. En 24 heures, le bonhomme a empoché le salaire annuel de plus de 3 500 de ses salariés.
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Argument démagogique diront certains. Il illustre en effet que l’entreprise américaine redistribue de moins en moins de bénéfices. Avec pour conséquence que les différences entre les riches et les pauvres s’accentuent d’année en année. La fortune de plus en plus faramineuse de ces supermillionnaires arrogants en est en partie responsable.
Et comme si cela ne suffisait pas…
Netflix, qui n’est pourtant pas dirigé par un oligarque, surfe sur la vague et a décidé cette semaine de ramener ses prix à 7,99 dollars par mois pour le forfait standard avec publicités. Une augmentation de 33 %, alors que l’entreprise réinvestit très peu au Québec et que compte tenu de sa puissance, elle concurrence injustement les productions d’ici.
Netflix est un géant du web qui influence fortement la culture et a un impact majeur sur une nation minoritaire et francophone comme le Québec.
En tout cas, on n’a pas vu le patron de Netflix venir mettre à genoux l’investiture de Trump lundi.