Comme à une autre époque, les Québécois devront peut-être s’habituer à ne plus consommer de fruits américains pour répondre aux tarifs douaniers du président Trump, a déclaré mardi François Legault.
• Lisez également : Le Canada dans le collimateur de Trump dès le premier jour
Dans un discours devant ses partisans, le premier ministre caquiste a affirmé que les États-Unis auront du mal à se passer des produits québécois si le nouveau président américain impose des tarifs douaniers de 25 %.
« Bonne chance en énergie ! Bonne chance en aluminium ! Bonne chance dans les bois. Bonne chance avec les pièces d’avion ! a-t-il déclaré en s’exprimant lors d’un cocktail militant en début de soirée à Saint-Sauveur.
Mais surtout, le Québec pourrait imposer ses propres tarifs en représailles aux importations américaines, notamment sur les fruits et légumes. «Si on met un tarif de 25 %, même si on produit sous serre, on est capable d’être compétitifs», fait valoir M. Legault.
Il faudra alors se tourner vers la consommation locale. « Pourquoi boirions-nous du vin qui vient de Californie ? » il a demandé à ses partisans.
Puis, évoquant son enfance modeste à Sainte-Anne-de-Bellevue, François Legault a rappelé que plusieurs familles se passaient alors de fruits importés pendant plusieurs mois de l’année.
« Il y avait des morceaux que nous ne mangions pas, des oranges, et nous ne mangions pas de bananes, parce que ce n’était pas fabriqué ici. Peut-être qu’il faut aussi s’habituer à se dire : achetons, mangeons, habillons-nous en Québécois», a-t-il déclaré.
Comme la pandémie
Le discours du Premier ministre a conclu la première journée du caucus de son parti, en préparation du retour au Parlement.
En début de journée, François Legault s’est montré rassurant, reprenant l’exemple de la pandémie.
«On a eu la COVID et on a réussi à protéger les Québécois et à s’en sortir. Je veux envoyer ce matin un message très clair aux Québécois. Peu importe ce que fera M. Trump, je veux dire aux Québécois : nous vous protégerons à tout prix, puis nous nous en sortirons, ensemble », a-t-il déclaré sous les applaudissements nourris de ses adjoints.
-Secteur des batteries, laïcité dans les écoles, défense de la langue française : François Legault a promis que la « crise Trump » n’empêchera pas son gouvernement de poursuivre ses transformations de l’État québécois.
Déficit budgétaire
Toutefois, les défis seront importants. Dès son arrivée au caucus, le ministre des Finances Éric Girard a reconnu, comme M. Legault la veille, que des tarifs douaniers importants pourraient compromettre l’échéancier du retour à l’équilibre budgétaire en 2030.
Son ministère travaille à préparer un plan de retour à l’équilibre budgétaire, comme l’exige la loi. « La question est : pourrons-nous l’exécuter en cas de force majeure », comme l’impact des tarifs douaniers ? il admet.
M. Girard invite également le gouvernement fédéral à présenter un nouveau plan canadien d’infrastructures, le précédent ayant expiré au printemps dernier.
«C’est une façon de soutenir les provinces, d’aider les citoyens à créer de l’activité économique», note-t-il.
Où est le négociateur ?
De son côté, le chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay, estime que la CAQ « est très habile à trouver des défaites pour reporter sans cesse le retour à l’équilibre budgétaire ».
Les libéraux pressent également le gouvernement Legault de nommer le négociateur en chef promis pour défendre les intérêts du Québec dans les négociations entre Ottawa et Washington.
» François Legault lui-même, au lendemain de l’élection de Donald Trump, a déclaré : « Je vais en nommer un rapidement. » […] Où est-il ? » a demandé Marc Tanguay, lors de la première journée du caucus libéral, à Orford, en Estrie.
– Avec la collaboration de Nicolas Lachance
