Le procès devra rendre une décision qui s’appliquera aux quelque 20 millions de propriétaires d’iPhone ou d’iPad ayant utilisé les fonctionnalités payantes de l’App Store au Royaume-Uni entre fin 2015 et fin 2024.
Le géant américain Apple a-t-il abusé de la position dominante de son App Store au Royaume-Uni ? Un procès s’est ouvert lundi matin à Londres dans lequel les plaignants espèrent obtenir plus d’un milliard et demi de livres (1,8 milliard d’euros) pour les utilisateurs britanniques de l’App Store.
L’affaire est portée par Rachael Kent, universitaire au King’s College de Londres, “au nom de tous les utilisateurs d’appareils mobiles” développés par la marque Apple, a rappelé Mark Hoskins, du cabinet Hausfeld, à l’ouverture de la procédure. & Co, l’un des avocats des plaignants.
En vertu du droit britannique, dans ce type d’action collective, toutes les personnes potentiellement concernées sont incluses par défaut dans la procédure (et peuvent bénéficier d’une éventuelle indemnisation) à moins qu’elles ne se retirent volontairement.
Le procès, prévu pendant sept semaines au Competition Appeal Tribunal, devra donc rendre une décision qui s’appliquera aux quelque 20 millions de propriétaires d’iPhone ou d’iPad ayant utilisé les fonctionnalités payantes de l’App Store au Royaume-Uni entre la fin de l’année. 2015 et fin 2024, estiment les plaignants dans un communiqué.
30% de commission
Ils dénoncent le fait qu’Apple “exige que toutes les applications natives (conçues spécifiquement pour son système d’exploitation, ndlr) soient distribuées dans l’App Store” et qu’il “ne peut y avoir d’alternative” à son app store, a résumé M. Hoskins.
“Dans ses conditions générales, Apple excluait toute concurrence”, a tranché l’avocat.
La plainte, déposée en mai 2021, s’appuie également sur le fait qu’une commission de 30 % est « imposée sur les applications achetées via l’App Store » pour demander une indemnisation qui dépasse le milliard de livres.
Cette augmentation “concerne la plupart des applications” au moment du téléchargement mais aussi lors des achats sur l’application elle-même, a détaillé Rachael Kent à l’AFP, citant l’exemple de la plateforme de rencontres Tinder.
En revanche, elle ne s’applique pas aux applications proposant des produits physiques comme les services de livraison Deliveroo ou Uber Eats, précise l’universitaire.
Contacté par l’AFP, Apple a évoqué une déclaration datant de 2022, dans laquelle elle assurait que 85% des applications de l’App Store sont gratuites.
“Sans fondement”
Cette procédure est « infondée », a affirmé l’entreprise, pour laquelle les commissions prélevées sur l’App Store sont en réalité « très proches de celles pratiquées sur toutes les autres places de marché numériques ».
L’entreprise estime également que rien n’indique que les promoteurs, à qui la commission est facturée, répercuteraient une éventuelle réduction et indique qu’une grande majorité d’entre eux, notamment les petites entreprises, bénéficient d’un taux réduit de 15 %. .
Les enquêtes et les plaintes se sont multipliées dans le monde contre Apple ces dernières années, notamment concernant son App Store.
Le géant américain est ainsi visé par une autre procédure de 785 millions de livres (933 millions d’euros) au Royaume-Uni sur les prix facturés aux promoteurs.
La Commission européenne a de son côté ouvert la voie en juin à une amende géante contre le groupe, estimant que l’App Store ne respectait pas ses nouvelles règles de concurrence.
Pour se conformer au Règlement sur les marchés numériques (DMA), Apple a finalement accepté d’assouplir ses règles, permettant – mais uniquement dans l’UE – aux utilisateurs de ses smartphones et tablettes de supprimer l’App Store ou d’utiliser une boutique d’applications concurrente.
Cela montre qu’Apple « répond aux enquêtes » qui le visent mais « je ne pense pas qu’ils le feront volontairement, c’est pourquoi il est vraiment important de lancer ces actions collectives », a déclaré Rachael Kent.