Par
Pierre Boissonnat
Publié le
12 janvier 2025 à 19h16
Sans eux, on ne dégusterait pas de boudin noir à Noël, ni de chipolatas ou de merguez en été. La société dormons Même si elle a cent ans, elle a vécu une journée historique, vendredi 13 décembre 2024en inaugurant sa nouvelle unité de production à Courcelles-sur-Seineentre Les Andelys et Gaillon (Eure).
« C’est un grand changement pour nous car nous sommes passés d’une rive à l’autre du fleuve en quittant notre site historique de Saint-Étienne-sous-Bailleul », souligne Anne-Séverine GrojeanPDG de l’entreprise et qui représente la 5ème génération de la famille à diriger l’usine de tuyaux fondée par Louis Dorémus en 1912.
Du vieux moulin à une usine moderne
Philippe Grojean, le père d’Anne-Séverine, présent pour cet événement, raconte la genèse de l’usine familiale.
« Mon grand-père a découvert Saint-Étienne-sous-Bailleul grâce à un cousin. Il achète alors un ancien moulin situé à l’écart du village, au fond de la vallée. C’était un site idéal pour des travaux d’arrosage car c’est une activité qui nécessite beaucoup d’eau. Et c’était aussi idéal car le moulin était éloigné des habitations, ce qui limitait les nuisances olfactives pour les voisins »
Petit à petit, Dorémus se développe grâce à ses tripes naturelles qui lui servent à se nourrir. « Nous produisons jusqu’à 10 000 km de flexibles par an. Ces boyaux sont utilisés aussi bien par la boucherie Gaillon pour ses saucissons artisanaux que par des fabricants de saucissons en France ou en Allemagne », indique Anne-Séverine Grojean.
Savoir-faire pour travailler avec des tuyaux
L’entreprise qui compte 14 employés concentre sa production sur les boyaux de mouton (60 % de la production), de boyaux de porc (35 %) et dans une moindre mesure de boyaux de bœuf (5 %). « Notre production permet de recycler ce qui est considéré comme des déchets dans les abattoirs », explique le responsable de l’usine, qui utilise des matières premières provenant de Nouvelle-Zélande, d’Australie ou de Chine.
Et le processus de production reste très artisanal.
« Après le grattage, nous devons saler les boyaux pendant 30 jours. Ensuite, nous procédons au dessalage et au démêlage des boyaux », décrit Anne-Séverine Grojean. Ces opérations précèdent l’étalonnage selon les demandes des clients.
« Cela se fait encore à la main et demande une grande dextérité. L’intestin du mouton est plus fragile et nécessite des mains plus fines, c’est pourquoi la plupart des employés qui travaillent sur ce produit sont des femmes.
A l’inverse, travailler les intestins de porc ou de bœuf est plutôt l’apanage des hommes.
Un investissement de 2,4 millions d’euros
Pour continuer à se développer, Euroise tubing, qui compte parmi les 30 entreprises les plus importantes de ce secteur en France, a donc décidé de s’installer à Courcelles-sur-Seine. Pour construire son nouveau site de 1 500 m2 au Trou à Crillon activity areaDorémus a payé 2,4 millions d’euros et était accompagné de l’Agglomération Seine-Eure, dont le président, Bernard Leroy était présent lors de l’inauguration, et de la Région Normandie.
« Nous étions à l’étroit dans notre usine. La principale innovation de ce site réside dans notre chambre froide unique qui remplace les 8 unités que nous avions disséminées dans notre précédente usine », explique Anne-Séverine Grojean. Après dix mois de travaux, la tuyauterie a commencé à fonctionner dans sa nouvelle usine en mars 2024.
En 2023, Dorémus a réalisé un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros.
« Nous nous dirigeons vers une année plus difficile. Notre activité est fluctuante et est étroitement liée à la consommation de saucisses durant l’été, lors de la saison des barbecues. Cette année, comme la météo a été difficile, les résultats ne seront pas forcément à ce niveau »
Depuis son arrivée à Courcelles-sur-Seine, Dorémus a procédé à deux embauches et compte bien poursuivre l’année prochaine. « Nous espérons pouvoir créer 2 à 3 emplois en 2025. Ce sont des emplois peu qualifiés. Mais, compte tenu de la spécificité de notre activité, nous formons les collaborateurs en interne », informe Anne-Séverine Grojean.
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