L’hydrogène vert. Ce beau défi marocain

L’hydrogène vert. Ce beau défi marocain
L’hydrogène vert. Ce beau défi marocain

Mauvaise nouvelle pour le Maroc. Alors que notre pays s’impose progressivement comme un acteur incontournable du développement de l’hydrogène vert et affiche clairement ses ambitions de devenir un leader régional et un exportateur majeur de cette énergie, un nouveau rapport récemment publié par BloombergNEF (BNEF) jette une pierre dans l’étang. Alors qu’il anticipait jusqu’il y a peu une baisse rapide du coût de l’hydrogène, le cabinet a désormais revu ses prévisions à la baisse.

En effet, en raison de coûts plus élevés que prévu, notamment pour les électrolyseurs, la BNEF prévoit désormais que le prix de l’hydrogène vert évoluera de sa fourchette actuelle de 3,74 $ à 11,70 $/kg à une fourchette de 1,60 à 5,09 $/kg d’ici 2050. A titre de comparaison , l’hydrogène « gris », issu du gaz naturel, coûte aujourd’hui entre 1,11 et 2,35 dollars/kg.

Toujours selon la BNEF, « le coût de production et d’installation des électrolyseurs pour la production d’hydrogène vert a augmenté de plus de 50 % au niveau mondial, y compris en Chine, par rapport à l’année dernière. Parmi les principales causes identifiées figurent l’inflation persistante et les retards dans l’octroi des subventions.»

Rappelons qu’en 2022, la BNEF avait anticipé une réduction de 30% des coûts d’investissement EPC (ingénierie, approvisionnement et construction) sur une période de trois ans, avec une baisse annuelle constante. Selon ces projections, les coûts totaux du système auraient dû diminuer de 8 à 10 % en 2023, par rapport à 2022, grâce aux économies d’échelle, aux avancées technologiques, à l’intégration verticale et à la réduction des marges. Force est cependant de constater que cette trajectoire de réduction des coûts, annoncée dans un rapport de 2022, ne s’est pas concrétisée.

Une dynamique mondiale contrastée

Même son de cloche du côté de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport Énergies renouvelables 2023 : analyse et prévisions jusqu’en 2028. Selon cette dernière, la production d’hydrogène vert progresse lentement et plusieurs régions du monde peinent à aligner ambitions et réalisations, en raison de défis structurels et économiques.

Selon l’AIE, seules 45 GW de nouvelles capacités de production d’hydrogène vert seront opérationnelles d’ici 2028, ce qui ne représente que 7 % des projections initiales. Loin des objectifs, cette lenteur pourrait conduire à une offre insuffisante pour répondre à la demande croissante en hydrogène vert dans les secteurs de l’industrie, des transports et de l’énergie.

En Europe, même si l’UE est en passe d’atteindre ses premiers objectifs d’utilisation de l’hydrogène renouvelable (42 % dans l’industrie et 1 % dans les carburants de transport d’ici 2030), la réalisation des étapes suivantes dépendra fortement des politiques de soutien mises en place. L’AIE souligne que des mécanismes financiers clairs et durables sont nécessaires pour garantir la rentabilité des projets à long terme.

Aux États-Unis, la situation est similaire. Le rapport souligne le potentiel d’accélération si les incitations fiscales de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) rendent l’hydrogène renouvelable compétitif par rapport aux alternatives fossiles. Toutefois, une telle dynamique repose sur la capacité des décideurs à maintenir des conditions favorables aux investissements dans le secteur.

Dans d’autres régions, comme l’Amérique latine ou la région Asie-Pacifique, les prévisions de production d’hydrogène vert sont revues à la baisse. Ces marchés, bien que riches en potentiels du fait de leurs capacités de production d’électricité renouvelable (solaire et éolien), rencontrent des problèmes logistiques, techniques et financiers qui ralentissent la mise en œuvre des projets.
Mais d’ici 2030, certains pays exportateurs

des sociétés pétrolières comme l’Arabie Saoudite pourraient émerger. Le projet NEOM pourrait par exemple symboliser l’essor d’une production à grande échelle, destinée aux marchés internationaux.

Un pari stratégique dans un contexte mondial complexe

Le Maroc bénéficie de conditions idéales pour produire de l’hydrogène vert. En effet, le pays possède l’un des meilleurs potentiels solaire et éolien au monde, avec un ensoleillement élevé et des zones propices à l’installation de parcs éoliens. Elle a également déjà investi massivement dans des projets de production d’énergies renouvelables, comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate, qui pourrait être intégré à des projets d’électrolyse. D’autant qu’elle a présenté en 2021 sa « Feuille de route pour l’hydrogène vert », visant à capter entre 2 et 4 % du marché mondial d’ici 2030 et à attirer les investisseurs internationaux.

Mais malgré ses atouts, le Maroc n’échappe pas aux défis mondiaux liés à la production d’hydrogène vert. Cette dernière est produite à partir d’eau et d’électricité renouvelable par électrolyse. Cependant, le coût des électrolyseurs reste élevé puisqu’il représente environ 30 % du coût total de production. A noter également que les retards dans la fabrication et la livraison des électrolyseurs à l’échelle mondiale, souvent liés à des problèmes de supply chain, ralentissent les projets.

A noter que même si le Maroc bénéficie d’un faible coût de production de l’électricité renouvelable, il reste dépendant des infrastructures solaires et éoliennes qui nécessitent des financements massifs pour être opérationnelles à grande échelle. Là volatjeLa cohérence des marchés mondiaux pose également un problème. Les matériaux nécessaires à la fabrication de panneaux solaires et d’éoliennes, comme le silicium ou les terres rares, connaissent une hausse de prix.

Hassan Bentaleb

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le patron de Nvidia déclenche un grave krach des actions quantiques : opportunité ? Par Investing.com
NEXT Accident à Berne: un cycliste hospitalisé après une chute