« Moins dramatique que cela aurait pu l’être. » C’est ainsi que Bruno Tripon, président de la commission commerce à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Bordeaux-Gironde, décrit la fin d’année pour les entreprises bordelaises.
« Ils ont bien travaillé pendant le Black Friday mais ensuite il y a eu un déficit de fréquentation et un chiffre d’affaires pas du tout au niveau de nos attentes, entre -10 et -20% pour le mois de décembre. Certains s’en sortent mieux que d’autres », renchérit Georges Simon, président de l’association Bordeaux mon commerce. Bruno Tripon n’a pas constaté “de baisse de fréquentation”. « Bonne nouvelle » pour les commerçants, sachant que le mois de décembre est « vital » pour eux : il « représente, selon le type d’activité, entre 20 et 80 % de leur chiffre d’affaires annuel ».
“On s’est réveillé un peu tard” mais “il y avait du trafic”, illustre Corinne Blache, gérante du magasin de vêtements Lilyaké. « Le mois de décembre a été bon », poursuit-elle, ajoutant que « la saison hivernale a été plus porteuse que la saison estivale ». Quant au magasin de vêtements L’Armoire poétique, « on a quand même vendu mais je m’attendais à quelque chose de plus dynamique », constate Hannah-Yi Danjon, vendeuse. «Nous avons passé un bon Noël dans l’ensemble», affirment Andréa Abel, Emma Juillet et Lise Viviani, vendeuses à La Droguerie. Cette mercerie a pu bénéficier d’une « tendance à faire soi-même », notamment portée « par les réseaux sociaux ».
Internet « concurrence maximale »
Mais aussi par la baisse du pouvoir d’achat et les nouvelles habitudes de consommation. Cette année, « dans un contexte économique pas génial et un contexte politique qui pèse sur le moral » selon Bruno Tripon, force est de constater que le panier client est plus modeste.
« On sent qu’ils réfléchissent à deux fois et font moins d’achats compulsifs », confirme Apolline Berthonneau, directrice de magasin du chausseur Michard Ardillier. « Certaines personnes préfèrent dépenser un peu plus d’argent pour des produits qui dureront plus longtemps. » « Le volume du panier n’a pas beaucoup diminué mais la valeur, oui », précise un vendeur du caviste Émile et Marguerite, qui souhaite garder l’anonymat.
« On sent que les gens réfléchissent à deux fois et font moins d’achats compulsifs »
Par ailleurs, Bordeaux doit faire face, comme les autres grandes villes, à « la concurrence maximale » d’Internet, selon Georges Simon. « La difficulté d’accès au centre-ville incite les gens à commander en ligne », souligne-t-il, rappelant qu’« entre 2019 et 2023, nos commerces ont connu une baisse de fréquentation de 50 % ». Selon le président de Bordeaux mon commerce, on n’y vient plus par hasard. Autrement dit, si le marché de Noël et le Black Friday ont connu du succès cette année, « c’est parce que les consommateurs avaient une raison de voyager ».
Au total, “novembre et décembre ne resteront pas dans l’histoire”, estime Bruno Tripon, mais restent néanmoins des mois “positifs” dans “une année mouvementée pour le commerce”. Rappelons-le : à Bordeaux, au troisième trimestre 2024, les liquidations judiciaires étaient en hausse de 32 % par rapport à la même période de l’année précédente et la vacance des locaux commerciaux atteint désormais 10,5 %. Qu’en sera-t-il en 2025 ?