(Boursier.com) — Passable, pas si mal, pas terrible ? Les résultats 2024 de la place parisienne sont surtout négatifs : autour de -2% pour le CAC40. Une performance nettement médiocre si on la compare à celle de sa grande sœur américaine (+30% pour le Nasdaq, +24% pour le S&P500) mais aussi à celle de ses voisins allemands (+19% pour le Dax), espagnols (+ 14% pour le Bouquetin espagnol) et même suisse (+4%). Plus généralement, le CAC40 est à la traîne par rapport à l’Europe puisque l’Euro Stoxx 50 affiche une hausse de près de 8% sur l’exercice écoulé…
Mais, compte tenu de l’état des finances publiques et de la grave crise politique qui secoue la France depuis juin, certains qualifieront cette performance de plutôt honorable. Le début de l’année 2025 pourrait en effet s’avérer bien plus compliqué : il faudra un jour réduire le déficit, l’impasse politique risque de durer encore de nombreux mois, la politique commerciale de Donald Trump pourrait handicaper encore davantage l’économie européenne et donc française…
Le grand gagnant de l’année 2024 sur le CAC40 est Accor (+35%). Le groupe hôtelier continue de bénéficier de la très bonne dynamique du tourisme mondial tandis que les voyages d’affaires se portent également bien. Schneider est en deuxième position grâce à un gain de 32%. Malgré le départ surprise de Peter Herweck, qui dirigeait Schneider depuis 2023 (remplacé par Olivier Blum), la société française profite de son positionnement sur la gestion de l’énergie, en plein essor de manière durable, pour attirer les investisseurs. Safran (+31,7%) complète le podium malgré une journée investisseurs froidement accueillie début décembre. Malgré des problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement, le groupe de défense et équipementier aéronautique a profité des conflits à travers le monde mais aussi de la forte dynamique du trafic aérien. L’entreprise n’oublie pas non plus ses actionnaires comme en témoigne l’annonce d’un plan de rachat d’actions de 5 milliards d’euros entre 2025 et 2028, démontrant une nouvelle fois la confiance de l’entreprise dans la capacité du groupe à générer du FCF. Saint Gobain (+28,3%) et EssilorLuxottica (+27,7%) suivent de près.
A l’inverse, l’exercice était très compliqué pour STMicro (-47,2%). Durement touché par la faiblesse de l’industrie automobile et de l’industrie dans son ensemble, le groupe franco-italien a été contraint de revoir à plusieurs reprises ses objectifs à la baisse. Edenred (-42,5%) n’a pas non plus été épargné. Craintes réglementaires en Italie, effets de change défavorables au Brésil, concurrence accrue, ralentissement de la croissance sont autant de raisons qui expliquent cette contre-performance. Avec une baisse de 40,7%, Sec points juste derrière. La dégradation des résultats liée à la période de transition chez Gucci et le très fort ralentissement de la consommation en Chine ont été durement sanctionnés. Stellaire (-40,6%), dont l’année a été marquée par le départ de Carlos Tavares après une vague de déceptions et une méthode qui ne fonctionnait plus, et Téléperformance (-37,9% avec craintes de l’impact de l’IA sur l’activité) ont également connu des jours plus heureux.
Hors CAC40, on notera les envolées des Médine (+132%), Alstom (+114%) ou encore Esso (+113%). Inversement, Atos a perdu presque toute sa valeur à la suite de sa vaste restructuration financière. Les actionnaires deEmeis (-65%) et perdu (-55%) ont mangé leur pain noir.
Sur le marché des changes, l’euro perd 5,7% face au billet vert en 2024, après une année très volatile. La monnaie européenne a atteint un plus haut de 1,1214 $ en septembre avant de plonger et d’atteindre un plus bas de 1,0335 $ fin novembre. Une chute concentrée sur la fin de l’exercice après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. L’euro est également resté pénalisé par les anticipations des traders qui estiment que la Banque centrale européenne réduira ses taux à un rythme plus rapide que celui de la Réserve fédérale américaine l’année prochaine.
Enfin, du côté des matières premières, l’or a enregistré sa meilleure année depuis 2010, grâce à une hausse de 27%. Une poussée alimentée par les baisses de taux aux Etats-Unis, les risques géopolitiques persistants et une vague d’achats des banques centrales. Le baril de Brent perd 3%, les inquiétudes sur la consommation d’or noir ayant pris le pas sur les problèmes liés à l’approvisionnement.