Des émeutes en Nouvelle-Calédonie à l’élection, pour la première fois, d’une Miss France de Martinique, La 1ère vous propose de revenir sur les temps forts de l’actualité outre-mer en 2024.
Que retenir de l’actualité outre-mer en 2024 ? Conflits sociaux, catastrophes naturelles, victoires sportives… Retour sur les événements les plus marquants de l’année écoulée.
Le 14 décembre au matin, le cyclone Chido a dévasté Mayotte. C’est la première fois en 90 ans qu’un tel cyclone frappe l’île. Des rafales de plus de 220 km/h sont enregistrées. La trajectoire du monstre du vent est exceptionnelle. Habituellement, les cyclones évitent Mayotte et survolent sa voisine, Madagascar. Mais cette fois, le regard passe juste au-dessus de l’île française. Chido arrache les toits, déracine les arbres, renverse les bateaux. Des bâtiments permanents sont endommagés, des bidonvilles entiers sont rayés de la carte. Sur les 320 000 habitants officiels de Mayotte, 100 000 vivent dans des quartiers informels.
Au 29 décembre 2024, le bilan provisoire fait état de 39 morts et plus de 4 000 blessés. Parce que la majorité des habitants des bidonvilles sont des personnes en situation irrégulière, inconnues des services de l’État, et parce que la tradition musulmane exige que les morts soient enterrés très rapidement après leur décès, le bilan humain exact de la catastrophe ne sera sans doute jamais connu. connu, comme l’a reconnu le ministre de l’Outre-mer quelques jours après le drame.
Après le passage du cyclone, l’aéroport était hors service, le réseau était coupé dans une grande partie de l’île et de nombreux habitants n’avaient ni accès à l’eau ni à l’électricité. Face au drame, les appels à la solidarité se multiplient. Des aides sont organisées depuis la Réunion, le ministre de l’Intérieur, puis le président de la République, s’y rendent. Mais plus d’une semaine après le passage du cyclone, certains habitants n’ont toujours pas d’eau et les colis alimentaires distribués aux sinistrés sont décevants. Critiqué pour avoir préféré assister au conseil municipal de Pau plutôt que de participer en personne à une réunion de crise sur Mayotte peu après sa nomination, le Premier ministre, François Bayrou, s’y est finalement rendu le 30 décembre.
Alors que l’Assemblée nationale discute d’un dégel du corps électoral, en Nouvelle-Calédonie, des indépendantistes érigent des barrages routiers pour protester contre cette mesure. Dans la nuit du 13 mai, l’agglomération de Nouméa a pris feu. Les magasins sont pillés, les commerces incendiés, les routes sont bloquées.
Face aux militants, des milices se constituent. Armés, ces groupes de défense, « voisins vigilants », filtrent les entrées pour protéger leurs quartiers. De violents affrontements entre émeutiers et miliciens, mais aussi entre émeutiers et policiers, ont éclaté. Au total, 14 personnes ont perdu la vie, douze civils et deux gendarmes en mission. Le 16 mai, le président de la République déclare l’état d’urgence, l’armée est déployée sur le territoire et le réseau social TikTok est interdit.
Les violences, qui ont duré plusieurs semaines, ont mis à genoux l’économie calédonienne. Les dégâts sont estimés à 2,2 milliards d’euros. 700 entreprises ont été touchées, plus d’un tiers du capital productif a disparu et un salarié sur sept a perdu son emploi entre mars et septembre.
En juin, cinq militants du CCAT, la Cellule de coordination des actions de terrain, organisation indépendantiste kanak, sont incarcérées en France. La justice les soupçonne d’avoir orchestré les émeutes. Christian Tein, le porte-parole du CCAT, incarcéré à Mulhouse, à 17 000 km de chez lui, se considère « comme un prisonnier politique ».
Si la réforme du corps électoral a été suspendue, le projet n’est pas encore enterré. Paris espère toujours qu’un accord pourra être trouvé entre indépendantistes et non-indépendantistes avant les prochaines élections provinciales, qui doivent se tenir au plus tard en novembre 2025. Alors que le dialogue politique peine à reprendre entre les différents partis, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie tombe. le 24 décembre. La nouvelle équipe doit être désignée le 7 janvier.
Sur les 64 médailles récoltées par la délégation française aux Jeux Olympiques de Paris 2024, près d’un tiers ont été remportées par des athlètes étrangers. Si l’on compare le nombre de titres par rapport à la population des départements, la Guadeloupe est le territoire qui a rapporté le plus de médailles à la France.
C’est également deux athlètes guadeloupéens, le judoka Teddy Riner et la triple championne olympique d’athlétisme Marie-José Pérec qui ont allumé la vasque olympique le 26 juillet dans le jardin des Tuileries à Paris. En équipe ou individuellement, de la performance de Teddy Riner, devenu le judoka le plus titré de l’histoire à celle d’Althéa Laurin, jeune taekwondoïste martiniquaise, qui a remporté la première médaille d’or française dans sa discipline, les Ultramarines ont fait vibrer Paris. .
Mais les jeux ne se déroulent pas qu’en France. Le 5 août, Kauli Vaast est devenu champion olympique de surf chez lui en Polynésie, sur la mythique vague Teahupo’o. La Réunionnaise Johanne Defay a décroché le bronze. Des performances qui ont quelque peu fait oublier les polémiques autour de la tenue d’événements de surf à Tahiti. Parce qu’elle était posée directement sur le récif, la Tour des Juges était accusée de mettre en danger la biodiversité exceptionnelle du site.
Les Ultramarines se sont également illustrés lors des Jeux Paralympiques. On se souvient de la performance du Réunionnais Laurent Chardard, médaillé de bronze en paranatation, ou encore de la très belle victoire des Bleus du Cécifoot, vainqueurs en finale contre l’Argentine, notamment grâce à Gaël Rivière, également réunionnais.
A l’appel du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC), une manifestation contre la vie chère est organisée le 1est Septembre en Martinique. Le leader du mouvement, Rodrigue Petitot, surnommé « le R », réclame un alignement des prix entre ceux pratiqués sur l’île et en France. Aux Antilles, les produits alimentaires coûtent jusqu’à 40 % plus cher qu’en France métropolitaine.
A partir de la mi-septembre, les nuits de violences se succèdent. Début octobre, des gendarmes ont été légèrement blessés par des tirs. Le 10, des manifestants envahissent la piste de l’aéroport, obligeant les avions à se poser en Guadeloupe.
Le 16 octobre, un accord entre on y retrouve des distributeurs, des grossistes, des élus et des services de l’Etat. Il prédit une baisse des prix “environ 20%” pour 6 000 produits de consommation courante. L’accord ne satisfait pas le RPPRAC, qui ne le signe pas.
Le 11 novembre, Rodrigue Petitot est interpellé après avoir pénétré dans la résidence du préfet. La détention du leader du mouvement ravive les tensions. Dans la nuit du 12 au 13 novembre, des véhicules, des bâtiments, mais aussi des palmiers ont été incendiés à Fort-de-France. LE Le 2 décembre, Rodrigue Petitot est condamné à 10 mois de prison. Il est actuellement en détention. Un nouveau procès est prévu en janvier.
La baisse des prix devait entrer en vigueur le 1er janvier 2025, mais la chute du gouvernement Barnier a empêché la mise en œuvre de l’accord négocié en octobre.
Angélique Angarni-Filopon, candidate malheureuse lors de Miss Martinique en 2011, a profité de la levée de la limite d’âge en 2023 pour retenter sa chance. Doyenne du concours, la jeune femme a remporté la 95ème édition de Miss France au Futuroscope de Poitiers. A 34 ans, Angélique Angarni-Filopon est la première Martiniquaise à porter la couronne. Son âge, mais aussi sa couleur de peau, ont entraîné une vague de cyberharcèlement.
Autre spécificité de cette édition de Miss France : la Nouvelle-Calédonie n’a pas envoyé de reine de beauté à Poitiers. En raison des émeutes et de leurs conséquences, le comité local n’a pas pu organiser les élections cette année. Emma Grousset, la sœur du nageur Maxime Grousset, médaillé de bronze aux JO de Paris, a donc conservé pour une année supplémentaire son titre de Miss Nouvelle-Calédonie.