Le 4 décembre, la direction du Crédit commercial de France a annoncé aux syndicats la suppression de 1 346 postes d’ici 2026, soit plus d’un tiers des effectifs. Le syndicat FO du CCF dénonce les motivations financières de ce plan social d’envergure. Il entend se battre pour préserver le plus d’emplois possible, notamment dans les agences, dont quatre-vingt-huit vont fermer.
C’est l’onde de choc au Crédit commercial de France. Le 4 décembre, le groupe CCF a annoncé au CSE un plan de licenciements massifs : 1 346 postes seront supprimés d’ici fin 2026. Sur 3 285 salariés, la direction envisage donc de licencier plus d’un tiers des effectifs. Depuis octobre, les élus du CSE s’attendaient à une restructuration majeure qui impacterait un millier d’emplois. C’est désormais confirmé. C’est un énorme projet social. Du jamais vu dans le secteur bancaire depuis quinze ans
s’indigne Éric Poyet, DS FO du groupe CCF, qui évoque des salariés en état de choc
. Et insiste le militant, Il y a beaucoup d’inquiétude. Nous ne sommes pas sûrs que le CCF perdure. Des pans entiers d’activité vont disparaître
. Et les coupes profondes concernent toutes les professions. La direction du groupe va supprimer 500 postes au siège à Paris et dans les fonctions support, et plus de 700 au sein des agences bancaires. Des agences dont le nombre sera réduit : sur les 235 réparties sur tout le territoire, 88 fermeront. Après négociation du PSE, les licenciements devraient intervenir entre octobre 2026 et le dernier trimestre 2026, a indiqué la direction.
Un plan social injustifié, et un actionnaire vorace
Si, cherchant à justifier cette restructuration, la Direction exprime sa volonté que le CCF retrouve croissance durable
ceci alors qu’il verra son exercice 2024 afficher une perte financière de 200 millions d’euros, pour FO, ce plan social est non seulement injuste mais aussi difficile à justifier. La situation financière du CCF reste bonne. Quant aux pertes en 2024, elles étaient déjà anticipées lors de la revente au groupe My Money
rappelle ainsi Éric Poyet. Pour le délégué, ce plan social découle principalement des exigences de rentabilité du fonds d’investissement américain Cerberus, actionnaire du CCF. Fin 2023, le géant britannique HSBC (qui a racheté le CCF en 2000, ndlr) a cédé son réseau de banque de détail français à la société My Money group (MMG), propriété du fonds Cerberus. Le Crédit commercial de France retrouvera sa marque CCF à partir du 1est Janvier 2024. A la date de la transaction, en 2023, HSBC a transféré un actif net d’une valeur de 2,6 milliards d’euros à MMG. Ce qui revient à signer un chèque conséquent destiné à HSBC pour se délester de ses agences en France. Cet argent aurait dû servir à financer un plan de relance et non des licenciements massifs
dénonce le délégué FO.
En fait, le repreneur ne tardera pas à réduire ses effectifs. Lors du rachat de la banque, MMG s’est engagée à ne licencier aucun employé pendant un an. Il a à peine respecté ce délai avant d’annoncer ce vaste plan social au CCF. Après la reprise, nos collègues ont travaillé dur pour rassurer les clients et s’assurer qu’ils conservent leurs investissements chez nous. Et à peine un an plus tard, la direction les remercie en les licenciant
résume, avec amertume, Éric Poyet.
Négocier des mesures de soutien
Le 17 décembre, les syndicats devaient entamer les négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi. Des négociations qui devraient durer jusqu’à fin avril. La direction souhaite inclure les départs volontaires. Mais pour supprimer 1 346 emplois, tout le monde sait qu’il y aura beaucoup de licenciements forcés
poursuit Éric Poyet. Premier syndicat du CCF, FO entend négocier des mesures d’accompagnement solides pour les salariés qui seront licenciés. Mais notre objectif est bien sûr aussi de lutter pour sauver le plus d’emplois possible dans les 88 agences que la direction veut fermer.
explique le militant. FO entend s’appuyer sur une expertise comptable, qui doit être commandée par le CSE, pour comprendre la situation économique du CCF. Une manière d’argumenter pas à pas pour maintenir les emplois. L’ampleur précise des fermetures d’agences reste à négocier. Le CCF a annoncé vouloir fermer 30 % en Ile-de-France, 30 % dans les grandes villes de province, et 40 % sur le reste du territoire.