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Mandats extérieurs : les élus dénoncent « l’arrogance » du Conseil d’État
Quatre députés de la Commission des Finances réagissent au rapport de la Cour des comptes sur les mandats de l’Etat et aux critiques de l’Exécutif.
Publié : 17/12/2024, 18h47
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- Le Comité des Finances est préoccupé par les irrégularités relevées dans le rapport.
- Le Conseil d’Etat est critiqué pour son manque d’humilité face aux conclusions.
- Les députés ne veulent pas qu’une « usine à gaz » contrôle ces mandats.
Comment la Commission des Finances accueille-t-elle le rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des achats et des mandats extérieurs? C’est elle qui a contacté le « gendarme financier ». C’est l’avis de quatre députés sur ce rapport qui a pointé de nombreuses irrégularités.
Les résultats sont inquiétants
Le plus virulent est le MCG François Baertschi, qui dénonce des « pratiques scandaleuses » et une « gestion chaotique des mandats publics ». Constatant le « découpage des contrats », les « subventions déguisées » et les « 124 millions dépensés sans contrôles », il estime que les citoyens sont « méprisés ».
Laurent Seydoux (LJS) constate que « sur 110 dossiers analysés, 98 ne sont pas conformes. Chaque cas n’est pas forcément grave, mais cette négligence d’un État qui compte un grand nombre de fonctionnaires est inquiétante. J’ai demandé quelles étaient les sanctions en cas d’irrégularités. Il n’y en a pas. C’est fou. Mon sentiment est qu’il n’y a pas de malhonnêteté, mais d’inefficacité.
Pour Jacques Béné (PLR), « le travail a été bien fait. Bien sûr, l’échantillon analysé n’est pas représentatif, mais il montre qu’il y a des choses à dire ! Nous avons saisi la Cour des comptes, car après le rapport du Service d’audit interne (ISC), il fallait un rapport public pour avoir le droit d’en discuter, y compris entre parlementaires !
Caroline Marti (PS) se dit également inquiète que « les processus ne soient pas respectés, les contrats ne soient pas signés. Il ne s’agit pas de cas isolés. »
La réaction du Conseil d’Etat interpelle
« Je veux entendre Nathalie Fontanet, parce que la fin de l’irrecevabilité du gouvernement Ce n’est pas légitime”, poursuit Caroline Marti, informant que la Commission des Finances recevra mercredi le président du Conseil d’Etat.
« Cela m’inquiète que les résultats de l’audit ne mettent pas davantage en cause le gouvernement. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi il ne veut pas sensibiliser davantage le personnel aux conflits d’intérêts. Et pourquoi il refuse des recommandations qu’il a déjà acceptées après le rapport de l’ISC. J’entends ses réserves sur la méthodologie. Mais cibler les achats risqués ne semble pas du tout absurde.»
Jacques Béné, de son côté, dit comprendre que le Conseil d’Etat soit en colère, “parce qu’il a déjà pris des mesures et parce que le rapport laisse planer les soupçons en disant que les règles ne permettent pas d’écarter les risques de corruption” .
Mais, ajoute le député, “le Conseil d’Etat est sûrement en colère parce qu’il veut garder le contrôle de ces 200 millions de dépenses annuelles en mandats extérieurs, qui offrent aux conseillers d’Etat une grande liberté budgétaire”.
Laurent Seydoux déclare : « La réaction du Conseil d’État nous a étonnés. Il aurait dû faire preuve d’humilité, car la Cour a vérifié le respect des normes que l’État s’était fixées.»
Le député a notamment entendu le président rappeler que c’était le Grand Conseil qui souhaitait qu’un indépendant siège à la présidence de la CPEG à la place d’un fonctionnaire, pour éviter un conflit d’intérêt. « Mais cet avocat est payé 120 000 francs en plus de percevoir des jetons de présence, l’Etat lui propose un double salaire. C’est inédit et anormal, le Conseil d’État est dans le déni !
Pour François Baertschi, l’Exécutif « déborde d’arrogance en refusant de suivre les recommandations qui lutteraient contre les excès de l’Etat ».
Et maintenant ?
Face à l’opposition du gouvernement, la Cour des comptes estime que la Commission des Finances doit savoir quelle suite donner au rapport. « Pour ce faire, nous lui avons demandé le détail des dysfonctionnements », explique Laurent Seydoux. Concernent-ils en priorité un département en particulier ? De quoi s’agit-il exactement ? Les subventions déguisées cessent-elles avec l’affaire Fischer ou est-ce une habitude ? (ndlr : une quinzaine de cas ont été signalés)?»
« Nous allons désormais écouter le Conseil d’État pour qu’il nous explique ce qu’il a mis en place et va mettre en place », déclare Jacques Béné. Une chose est sûre, nous ne voulons pas d’une usine à gaz avec des contrôleurs pour contrôler les contrôleurs.»
Un avis partagé par les quatre députés. Pour Caroline Marti, « il faudrait peut-être privilégier les contrôles qualitatifs plutôt que quantitatifs ».
“Plus les règles seront claires et uniformisées entre tous les services, moins il y aura besoin de contrôles”, assure François Baertschi. Cette standardisation est également le préalable à la digitalisation des processus demandée par la Cour des Comptes. Mais chaque département travaille dans son coin et l’administration semble avoir peur du changement. Nous demandons que soient suivies les recommandations de la Cour des comptes, qui rendront nos institutions exemplaires. Nous ne baisserons pas la garde. »
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Armanios va est journaliste à la rubrique Genève depuis août 2022 et couvre notamment la politique cantonale.Plus d’informations
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