Le récent rapport de la Cour des comptes met en lumière de profonds dysfonctionnements dans le secteur de la recherche scientifique agricole, un domaine pourtant crucial face aux défis majeurs imposés par le changement climatique. Ces bouleversements ont plongé le Maroc dans une période de sécheresse prolongée, marquée par six années consécutives de diminution des précipitations, de hausse des températures et d’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes.
Le rapport déplore que, malgré l’élaboration d’une feuille de route spécifique pour la recherche agricole par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et d’autres institutions de recherche et de formation agricoles, celle-ci n’ait pas été mise en œuvre. toujours ni adoptée ni mise en œuvre. La Cour souligne également l’absence de contrats-programmes entre l’État et ces institutions, qui permettraient de définir précisément les objectifs techniques et financiers, les ressources à mobiliser ainsi que les mécanismes de suivi et d’évaluation de leur exécution.
Face à l’urgence climatique, la Cour des comptes insiste sur la nécessité d’exploiter efficacement les résultats de la recherche relative aux enjeux agricoles liés à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique. La Cour souligne ainsi l’impératif de traduire ces avancées scientifiques sur le terrain en améliorant la communication entre les différentes institutions, en favorisant la diffusion des connaissances et en facilitant leur assimilation au bénéfice des agriculteurs.
En outre, le rapport révèle de nombreuses lacunes qui entravent l’amélioration de l’efficacité et des performances de la recherche agricole. Ces lacunes incluent une faible coordination et coopération au niveau national, ainsi que l’absence d’un système centralisé de gestion des connaissances reliant toutes les institutions produisant des connaissances scientifiques agricoles. Un tel système, selon le rapport, permettrait de partager les ressources et les résultats de la recherche, tout en évitant la duplication des efforts.
Dans cette perspective, la Cour des comptes appelle à renforcer les priorités de la recherche scientifique agricole, un secteur confronté à un double défi lié à la sécurité alimentaire. Il s’agit, d’une part, d’augmenter la production agricole pour répondre aux besoins d’une population en constante augmentation et, d’autre part, d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles afin d’en assurer la durabilité estimée. la Cour.
Ce défi est aggravé par les effets croissants du changement climatique, qui devraient s’accentuer à l’avenir. Le rapport souligne que les impacts attendus incluent une réduction de la production agricole due au raccourcissement de la saison agricole, une baisse des rendements, une dégradation des récoltes, un affaiblissement de la fertilité des sols et une réduction des superficies cultivables.
Toutefois, le rapport rappelle que le Maroc dispose d’un réseau dense d’institutions dédiées à la formation et à la recherche scientifique agricole. Parmi ces acteurs figurent notamment l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, l’Ecole Nationale d’Agriculture, l’Ecole Nationale d’Ingénieurs Forestiers, l’Université Mohammed VI Polytechnique et le Centre National de la Recherche Scientifique et Technique. (CNRST). Ces institutions jouent un rôle clé dans la recherche et l’innovation souligne le rapport, qu’il s’agisse du développement technologique agricole, de l’adaptation aux besoins du secteur ou de la lutte contre les conséquences du changement climatique.
Enfin, le rapport de la Cour des comptes réaffirme la nécessité d’une gouvernance renforcée et d’une stratégie coordonnée pour permettre à la recherche scientifique agricole de jouer pleinement son rôle. Car au-delà des chiffres et des constats, il s’agit de préparer le Maroc à relever les défis d’un avenir où les ressources naturelles seront plus précieuses que jamais.