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Une attaque ciblée a été menée à Moscou mardi 17 décembre. Igor Kirillov, le commandant des forces russes de défense radionucléaire, chimique et biologique, et son adjoint ont été tués, victimes de l’explosion provoquée par le déclenchement d’un engin explosif. Cet assassinat attribué à l’Ukraine peut-il rebattre les cartes du conflit ukrainien ? La politologue et spécialiste de la Russie Vera Grantseva nous répond.
Ce mardi 17 décembre, Igor Kirillov a été assassiné devant son domicile à Moscou. Le commandant des forces russes de défense radionucléaire, chimique et biologique a été victime d’une explosion. Il s’agit de la première attaque ciblée contre un haut responsable du Kremlin sur le territoire russe. Vera Grantseva analyse l’ampleur de cet assassinat.
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Vera Grantseva, politologue, spécialiste de la Russie : Igor Kirillov n’était pas une figure qui influençait le Kremlin et qui pouvait changer le cours de la guerre en Ukraine. Il était en quelque sorte le porte-parole du ministère de la Défense en matière d’attaques chimiques et d’attaques biologiques. La perte est particulièrement importante en termes d’image et de réputation de Poutine. C’est ce que visaient les Ukrainiens, ils ne visaient pas le personnage mais le symbole.
Photo VG – Natalia DUPLINSKAYA
Cette attaque pourrait-elle nuire à Poutine ?
Cela représente un coût assez élevé pour le régime. Le monde entier voit qu’on peut assassiner un lieutenant de Poutine en plein Moscou. Cela révèle à quel point le régime est incapable d’assurer la sécurité de ses généraux. C’est la première fois qu’une personnalité de ce niveau est assassinée sur le sol russe. En juillet 2024, un officier a été touché, mais il a survécu. Et il n’était pas lieutenant, c’était un officier du renseignement militaire qui relevait du ministère de la Défense. Ensuite, il y a eu des assassinats, mais sur le territoire de Donetsk, comme au début du mois, avec l’assassinat du directeur de la prison locale.
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Doit-on comprendre qu’il y a eu une faille de sécurité ?
Oui, et cela nous donne des informations sur le régime de Poutine. On l’imagine invincible, très bien organisé et garantissant un haut niveau de sécurité à son peuple, mais cela n’est vrai que pour lui-même et peut-être pour ses amis oligarques. Pour d’autres, il existe des failles de sécurité évidentes. Cela fait écho à la mutinerie de Prigojine : pour beaucoup, ce fut un choc, mais pas pour moi. Poutine est un colosse aux pieds d’argile. Oui, le système semble très puissant et semble tout contrôler, mais ce n’est pas le cas pour la sécurité de ses généraux.
Faut-il s’attendre à d’autres attaques de ce type sur le sol russe ?
L’Ukraine n’a rien revendiqué mais on peut penser que cela va continuer. Nous avons vu que les Ukrainiens étaient capables de réussir et qu’ils disposaient d’un réseau. Et puis, c’est leur façon de terrifier le commandement et les élites russes.
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Quelles répercussions peut-on craindre ?
Les attaques précédentes n’ont pas eu beaucoup de répercussions. Que peut faire Poutine ? Je ne pense pas qu’il puisse atteindre des cibles en Ukraine. Sa seule réponse est d’attaquer les villes, mais on voit qu’il commence à manquer de missiles. Je pense que la réaction du régime se fera principalement dans les médias. Le ministère des Affaires étrangères dénoncera cet acte de terrorisme et tentera peut-être d’accuser les Ukrainiens à l’ONU.
L’assassinat pourrait-il avoir des conséquences sur la popularité de Poutine en Russie ?
La plupart des Russes vivent dans une bulle d’information… Deux sujets auraient pu inquiéter le Kremlin : la mobilisation et la mutinerie de Prigojine, mais cela n’a eu qu’un impact très limité. Même l’incursion ukrainienne à Koursk n’a déclenché aucune réaction. En revanche, il existe une petite minorité d’ultranationalistes (5 à 10% de l’opinion publique) qui seront indignés et révoltés par cet acte, mais leur poids est minime et ils sont sous le contrôle du Kremlin… conclusion, ce sera le cas. ne bouleversera pas de manière significative le paysage politique en Russie.
