Contrairement à la tendance mondiale, les prix du diesel au Maroc ne baissent pas. C’est du moins ce que rapportent les professionnels. Fervent défenseur de l’avenir énergétique du royaume et du pouvoir d’achat des citoyens, El Houssine Yamani, SG du Syndicat national des industries pétrolières et gazières dépendant de la CDT, plaide pour une refonte du cadre réglementaire pétrolier.
Selon lui : si les prix des carburants n’avaient pas été libéralisés, les prix, selon la moyenne des prix internationaux, n’auraient pas dû dépasser 9,98 dirhams le litre pour le diesel et 11,06 dirhams le litre pour l’essence, au cours de la seconde quinzaine du mois de décembre en cours. . Pourtant, la réalité des tarifs appliqués dans les stations-service en dit long sur l’impact de cette mesure controversée.
Dans une réaction transmise à Hespress FR, le SG du Syndicat national des industries pétrolières et gazières dépendant de la CDT précise qu’une lecture rapide des prix moyens de vente pratiqués en 2024 révèle une situation alarmante : le prix moyen du litre de diesel s’élève à 12,16 dirhams, soit une hausse de 1,5 dirhams par rapport aux prix avant libéralisation. “Cette augmentation représente un surcoût direct pour les consommateurs et génère environ 10 milliards de dirhams de bénéfices jugés excessifs.», déplore-t-il. Côté essence, le constat est encore plus accablant : le litre se vend en moyenne à 14,20 dirhams, enregistrant une hausse de plus de 2,20 dirhams par rapport aux prix pratiqués avant la libéralisation, générant à son tour 2 milliards de dirhams de revenus supplémentaires pour les opérateurs du secteur. secteur. Ainsi, en cumulant ces marges, les profits exorbitants sur les carburants en 2024 atteignent un total faramineux de près de 12 milliards de dirhams.
Par ailleurs, le fardeau économique imposé aux consommateurs marocains en raison de la libéralisation des prix des carburants dépasse largement les simples calculs financiers. C’est un coup dur pour leur pouvoir d’achat, déjà fragilisé par une inflation persistante et des revenus stagnants. Face à une telle situation, il est impératif de reconnaître avec transparence et courage que la décision de libéraliser les prix des carburants a été une erreur stratégique majeure.
Cette politique, adoptée dans l’espoir de rationaliser les coûts et de libérer le marché, s’est retournée contre ses objectifs initiaux. Elle a permis à certains acteurs économiques de maximiser leurs profits au détriment de l’intérêt général. “Il apparaît aujourd’hui clairement que cette décision nécessite une révision en profondeur et des ajustements rapides.”, urges El Houssine Yamani.
La solution passe par une série de mesures structurantes et audacieuses. Tout d’abord, explique-t-il : l’abrogation de la libéralisation des prix des carburants est une priorité. Il est essentiel que l’État reprenne son rôle de régulateur afin de protéger les citoyens contre les excès spéculatifs. Cela pourrait s’accompagner d’une réduction de la pression fiscale sur les produits pétroliers, afin de rendre les carburants plus accessibles.
Fervent défenseur de Samir, Yamani estime qu’il est désormais crucial de relancer les activités de raffinage du pétrole et de promouvoir l’exploration pétrolière nationale. La reprise de la raffinerie Samirau point mort depuis 2015, doit devenir un enjeu prioritaire pour le gouvernement. Cette infrastructure stratégique pourrait contribuer à réduire la dépendance énergétique du Maroc et offrir une alternative locale à l’importation massive de produits raffinés.
Par ailleurs, il est nécessaire de structurer le secteur à travers la création d’un Agence nationale de l’énergiedont le mandat serait de superviser et de réglementer toutes les activités liées aux énergies fossiles. Même si le Maroc a investi dans les énergies renouvelables, l’énergie pétrolière représente encore plus 52 % du mix énergétique national. Ce chiffre souligne l’importance d’un cadre réglementaire solide pour régir cette ressource essentielle.
“Le Maroc doit accélérer l’intégration du gaz naturel dans sa matrice énergétique, en vue de diversifier ses sources et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles traditionnelles.», ajoute-t-il.
Dans ce contexte, un point crucial reste en suspens : quelle est la position du gouvernement sur l’avenir de la raffinerie Samirse demande-t-il. Cette entreprise, autrefois pilier stratégique de l’approvisionnement énergétique national, est à l’arrêt depuis près de neuf ans.
“Alors que le dossier de l’arbitrage international semble toucher à sa fin, les concernés s’interrogent sur les véritables intentions du gouvernement. Existe-t-il un plan concret pour réactiver cette infrastructure vitale, ou continuerons-nous à recourir à l’inertie et à l’indifférence ?», demande Yamani, qui estime que l’histoire jugera si cette période a été marquée par un élan de responsabilité ou par une gestion défaillante.
Les erreurs du passé ne doivent pas être un obstacle, mais plutôt une leçon. Le Maroc dispose de toutes les ressources nécessaires pour revoir ses choix stratégiques et orienter sa politique énergétique vers un modèle plus juste, équitable et durable. “Toutefois, cette étape nécessite une volonté politique ferme et des actions concrètes.», conclut-il.