En confirmant l’investissement de 100 M$ au Mont-Sainte-Anne, le gouvernement et l’opérateur RCR ont précisé qu’il s’agissait d’un jour historique pour l’avenir de la montagne, mais le doute demeure encore dans l’esprit de l’homme d’affaires Yvon Charest.
Le projet quinquennal, d’une valeur de 100 M$, servira notamment à installer quatre nouvelles remontées mécaniques, à moderniser le système d’enneigement et à refaire les chalets principaux.
En plus de recevoir 50 M$ de prêts du gouvernement du Québec, l’entreprise RCR – propriété d’un riche Albertain – devra investir 50 M$. La première tranche de 25 millions est un prêt-subvention, ou un prêt-subvention. L’autre tranche prend la forme d’un prêt remboursé au moyen d’une redevance sur les revenus de la station.
Malgré les critiques des dernières années, le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale estime que l’entente est « gagnant-gagnant ». Il estime également que cet accord, qui restera confidentiel, sera suffisant pour rétablir le lien de confiance avec les clients.
«Entente positive»
« Je vois l’accord négocié de manière très positive et nous attendons avec impatience. Nous avons un partenaire dévoué, qui prend des engagements. Nous avons examiné d’autres alternatives et il n’y en a vraiment aucune. Ceux qui le prétendent n’ont pas fait les mêmes rencontres que moi», raconte Jonatan Julien.
Ce dernier a répété ce que disait Pierre Fitzgibbon au printemps : pas question d’exproprier le RCR du Mont-Sainte-Anne (MSA). Au fil des années, plusieurs plans d’investissement ont été présentés pour le Mont-Sainte-Anne.
Photo Jean-François Racine
« C’est un jour historique. Cinq ans, c’est très court. C’est demain. On parle d’une transformation majeure», a déclaré Maxime Cretin, vice-président et directeur général, région de l’Est, de Resorts of the Canadian Rockies (RCR).
En 2021, les experts ont conclu que plus de 155 millions de dollars étaient nécessaires pour moderniser le MSA. Selon M. Crétin, le chiffre de 100 M$, trois ans plus tard, sera suffisant. « Sinon, je ne serais pas là devant vous », a-t-il déclaré.
Sous surveillance
La station devra également se soumettre à des audits de sécurité avec un rapport d’expert indépendant pour bénéficier d’une remise d’une partie des prêts.
Concernant les environs de la montagne, l’entente mettra fin au différend juridique entre la Sépaq et le RCR concernant les terres de l’Est. Il ne peut toutefois être exclu que la Sépaq confie la gestion du ski de fond au RCR lors de la saison 2025-2026.
« C’est la Sépaq qui l’a, et c’est à eux de s’entendre avec RCR s’ils veulent que RCR l’exploite », a expliqué le ministre Julien.
L’OBNL Centre plein air Mont-Sainte-Anne, prêt à prendre le relais, a préféré ne pas commenter.
A terme, la station de ski s’attend à une augmentation de la fréquentation de près de 280 000 visiteurs suite aux travaux de modernisation des installations.
Photo Jean-François Racine
Insuffisant
Présent lors de l’annonce, Yvon Charest, président des Amis du Mont-Sainte-Anne, a décomposé plusieurs arguments liés à cette nouvelle entente. La pérennité de la montagne reste incertaine.
« Le niveau de confiance dans le RCR est incroyablement faible. Le changement de culture au RCR ne peut pas être réalisé simplement avec eux. Il faudra l’aide du gouvernement. La seule façon de satisfaire les abonnés est d’avoir un comité de suivi ou de rendre public l’accord. Je ne comprends pas comment ils vont pouvoir faire tout ça avec 100 millions de dollars. À mon avis, il en faut le double si on veut faire ça avec du nouvel équipement », a ajouté M. Charest.
Sur la base de la sécurité, de la dissipation du patrimoine et dans l’intérêt général, M. Charest estime que l’expropriation était possible dans un État de droit.
« Nous avons cherché des partenaires et le business plan de Christian Mars était célèbre. Il y avait une alternative”, a-t-il conclu.
Concernant les Jeux du Canada en mars 2027, RCR a affirmé qu’ils pourraient tenir les compétitions prévues avec les infrastructures actuelles si de nouvelles remontées mécaniques ne sont pas encore installées d’ici un peu plus de deux ans.
Depuis environ 20 ans, RCR a déjà annoncé trois plans d’investissement ambitieux, en 2003, 2008 et 2011.
Photo d’archives Jean-François Racine