L’objectif est de réduire les coûts de santé en Suisse, et c’est l’inverse qui se produit dans certains hôpitaux. Plusieurs médias germanophones ont mis en avant, lundi, des pratiques permettant de dégager des marges confortables en exploitant le flou juridique. Le «Tages Anzeiger» parle par exemple d’implants cardiaques achetés pour 60 francs. par un hôpital germanophone et finalement facturé près de 1’500 francs. à l’assurance maladie.
Le groupe « CH Media » montre de son côté qu’une délocalisation des analyses de radiologie à l’étranger a aussi permis aux établissements de gagner de l’argent au passage (lire ci-dessous). Dans le cas des implants, l’ampleur de ces surfacturations n’est pas encore connue. Mais les milieux des assurances maladie surveillent la situation et enquêtent sur « plusieurs cas suspects ».
Comment en sommes-nous arrivés là ? Le Parlement a décidé en 2022 d’inciter les hôpitaux et cabinets médicaux à négocier des réductions lors de l’achat de matériel. Sur le papier, plus la remise obtenue est importante, plus l’acheteur est récompensé : ceux qui ont adhéré au contrat peuvent conserver jusqu’à 49 % des remises dans le domaine ambulatoire, à condition que cet argent soit utilisé pour l’amélioration de la qualité des traitements. .
Cela devrait, en théorie, réduire certains coûts. Cependant, le marché du matériel médical a un prix « catalogue » qui est rarement celui pratiqué en réalité. Certains hôpitaux ont utilisé ce prix « catalogue » pour réclamer des remises plus importantes que celles obtenues sur le marché et bénéficier ainsi d’une plus grande récompense.
Le Tages-Anzeiger a obtenu des documents qui prouvent que la différence entre les prix « catalogue » et les prix de vente réels peut être jusqu’à 20 fois inférieure. Selon le journal, les établissements Hirslanden sont principalement dans le collimateur des compagnies d’assurance pour avoir eu recours à cette pratique. Un porte-parole du groupe hospitalier privé indique que des contrôles ont été effectués pour savoir si des erreurs ont été commises.
Radios analysées à l’étranger
Un système d’externalisation des analyses de radiographies, de scanners et d’IRM est également mis en avant dans l’« Aargauer Zeitung ». En Suisse, les petites cliniques peuvent envoyer ce type de résultats 24 heures sur 24 aux grands centres. Mais ces derniers feraient effectuer les travaux dans d’autres pays européens, à moindre coût, puis factureraient finalement les prix pratiqués en Suisse. Le groupe Hirslanden et la société Emergency Radiology Schueller sont cités comme participant à cette délocalisation de la téléradiologie à l’étranger. Selon l’Office fédéral de la santé publique, tout est réglementaire, car « la législation en matière de radioprotection n’impose aucune obligation en la matière ».