Réunions des banques centrales de décembre : pic de pessimisme et pic d’optimisme

Réunions des banques centrales de décembre : pic de pessimisme et pic d’optimisme
Réunions des banques centrales de décembre : pic de pessimisme et pic d’optimisme

Avec une inflation inférieure à l’objectif, une croissance économique atone et une monnaie forte, la BNS devrait chercher à devancer la BCE dans son cycle baissier afin d’entraver la trajectoire haussière du franc.

Banque nationale suisse (BNS) – 12 décembre

Les marchés s’attendent à ce que la BNS abaisse ses taux directeurs de 50 points de base et ramène ses taux directeurs à 0% au cours des six prochains mois. Avec une inflation inférieure à l’objectif (inflation globale de 0,7% et inflation sous-jacente de 0,9%), une croissance économique atone et une monnaie forte, la BNS devrait chercher à devancer la BCE dans son cycle baissier afin d’entraver la trajectoire haussière du franc. Mais cette dernière semble plus sensible à la trajectoire de l’or qu’aux différentiels de taux d’intérêt, l’efficacité de cette stratégie reste donc à démontrer.

La Banque centrale européenne (BCE) – 12 décembre

Les marchés s’attendent à une baisse du taux de politique monétaire de 25 points de base cette semaine, puis une par réunion jusqu’à ce qu’il atteigne 1,75 % l’été prochain. La principale question réside dans la possibilité d’assister à une super baisse de 50 points de base sur cette période.

Selon nous, les craintes d’un ralentissement économique lié aux éventuels tarifs douaniers de M. Trump et à l’incertitude politique dans la région font que le taux d’atterrissage pourrait être inférieur aux attentes du marché (soit 1,5% ou moins). Nous pensons cependant qu’une baisse de 50 points de base est pour l’instant peu probable, compte tenu de la croissance économique qui a surpris à la hausse au troisième trimestre, des perspectives d’un cycle monétaire américain moins favorable depuis la dernière réunion de la BCE et du fait qu’il est trop tôt pour intégrer les effets négatifs des éventuelles futures politiques de Trump 2.0.

La BCE pourrait néanmoins signaler son intention de passer d’une « approche réunion par réunion » à une « volonté de se rapprocher du taux neutre » afin de prendre en compte les risques liés à la faiblesse de la confiance des consommateurs et aux incertitudes politiques. Ce faisant, elle pourrait rétablir une certaine forme de vision prospective sur une politique monétaire plus accommodante.

Enfin, le mois de décembre verra également la fin des réinvestissements d’obligations détenues dans le cadre de ses programmes d’achat (tant pour l’APP1 que le PEPP2). Ainsi, à partir du 1est En janvier 2025, le bilan de la BCE diminuera de 40 milliards d’euros par mois. La disparition d’un acheteur insensible aux prix, dix ans après le début de l’APP, appelle également à une certaine forme de prudence sur les marchés de taux de l’euro. En effet, 2025 devrait être une nouvelle année record en termes d’émissions d’obligations d’État ; 600 milliards d’euros d’émissions nettes sont attendus l’année prochaine et les trajectoires déficitaires de pays comme la ne devraient pas être aussi bénignes qu’initialement prévu. Dans ce contexte, les obligations souveraines européennes ne devraient pas être particulièrement appréciées des investisseurs, d’autant qu’il est possible de trouver de meilleures opportunités de rendement ailleurs et que certains émetteurs, comme la France, pourraient voir leur notation se dégrader.

La Réserve fédérale (Fed) – 18 décembre

Contrairement à la BCE – compte tenu d’un environnement de croissance économique solide aux États-Unis – ce sont les données sur l’inflation qui doivent être au centre des préoccupations de la Fed. Les marchés n’intègrent pas pleinement la possibilité d’une baisse de 25 points de base lors de la réunion de décembre et s’attendent à seulement trois baisses de taux au cours des six prochains mois.

Si l’on anticipe une deuxième baisse consécutive des taux de 25 points de base pour la Fed la semaine prochaine, nous estimons qu’elle devrait terminer son cycle de baisses de taux de politique monétaire au cours du premier trimestre 2025 sur un plateau de 4 %.

À court terme, il est peu probable que la Fed cherche à anticiper ce que pourraient être les politiques de la future administration américaine. Elle devrait donc, pour l’instant, rester sur la trajectoire accommodante qu’elle a tracée depuis sa première baisse de taux en septembre dernier.

Cependant, à moyen terme (un à deux trimestres), si les mesures Trump 2.0 poussaient la croissance, c’est-à-dire les prix et un déficit à la hausse alors que l’écart de production est largement comblé, la Fed pourrait adopter un ton restrictif.

À court terme, la courbe des rendements américaine devrait se pentifier, les marchés ne reflétant pas pleinement les baisses de taux d’intérêt attendues ni les pressions inflationnistes persistantes. Actuellement, les marchés obligataires reflètent un scénario d’inflation relativement modéré.

Impact en termes de gestion obligataire

En conclusion, nous restons prudents sur les marchés de taux d’intérêt des pays développés.

Les attentes du marché concernant les baisses de taux de la BCE à court terme sont optimistes et les marchés se sont empressés d’intégrer l’exception américaine, nous préférons donc les taux américains aux taux européens sur les maturités courtes.

Nous restons largement à l’écart des obligations souveraines des marchés développés qui, malgré les circonstances, offrent un maigre rendement compris entre 4 % (en USD) et 2 % (en EUR) pour les pays core – et un peu plus pour les pays dits. « périphériques » ou « semi-appareils » (pour l’instant).

Enfin, une courbe des taux plate et la question persistante de l’inflation nous incitent à préférer les taux réels (c’est-à-dire liés à l’inflation) aux taux nominaux.

1 Programme d’achat d’actifs
2 Programme d’achat d’urgence en cas de pandémie

 
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