La BCE pourrait réduire ses taux de 25 points de base jusqu’en mars

La BCE pourrait réduire ses taux de 25 points de base jusqu’en mars
La BCE pourrait réduire ses taux de 25 points de base jusqu’en mars

La Banque centrale européenne devrait réduire ses taux d’intérêt directeurs de 25 points de base dans la zone euro pour la quatrième et dernière fois cette année, malgré l’émergence de poussées inflationnistes dans la région. La décision devrait être prise lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE à Francfort cette semaine. Même si des pressions inflationnistes commencent à émerger, la BCE devrait maintenir sa politique accommodante compte tenu de la faiblesse persistante de la croissance économique de la zone euro. Sauf surprise géopolitique majeure, un groupe de 12 économistes interrogés par Paperjam prévoit également que la tendance à la baisse des taux se poursuivra lors des réunions de la BCE de janvier et mars 2025.

Eurostat, l’office statistique de l’UE, a estimé que le taux d’inflation annuel de la zone euro a augmenté à 2,3 % en novembre 2024, contre 2,0 % en octobre et 1,7 % en septembre. Parallèlement, le Statec, l’Office statistique du Luxembourg, une tendance contrastée dans le pays, où les prix à la consommation continuent de baisser, l’inflation tombant à 0,8% en novembre.

Des attentes de croissance modestes

Michael Krautzberger, responsable mondial des investissements obligataires chez Allianz Global Investors, a noté que la croissance économique dans la zone euro avait continué de décevoir depuis . Il a souligné ses inquiétudes quant aux futurs risques tarifaires découlant du résultat de l’élection présidentielle américaine, qui pourraient compliquer davantage les perspectives de croissance en 2025. M. Krautzberger a exprimé des doutes quant à l’accélération du rythme de la politique monétaire de la BCE jusqu’à ce que les futures politiques commerciales américaines soient plus claires.

François Cabau, économiste senior pour la zone euro chez Axa Investment Managers, prévoit une baisse progressive des taux, le taux de dépôt devant atteindre 1,5 % d’ici fin 2025. Cette prévision se fonde sur des attentes de croissance modeste dans la zone euro, avec une croissance du PIB. de 1,0% en 2025 et de 1,3% en 2026. M. Cabau a mis en garde contre des risques à la baisse, notamment ceux liés à des facteurs internes et externes, qui pourraient affecter le rythme de la hausse des taux. réductions. Il a également prédit que l’inflation serait inférieure à l’objectif de 2% de la BCE, soit en moyenne de 1,9% en 2025 et de 1,7% en 2026. Ce scénario conduirait probablement la BCE à adopter une position plus accommodante plus tôt que prévu.

Ruben Segura-Cayuela, responsable de la recherche économique sur l’Europe à Bank of America, a déclaré que la BCE réduirait probablement ses taux d’intérêt de 25 points de base, mais éviterait des réductions plus importantes. Il a déclaré que le changement dans les discussions de la BCE d’une réduction de 50 points de base à un langage plus mesuré reflétait la difficulté de maintenir l’inflation proche de l’objectif de 2% à moyen terme. Segura-Cayuela prévoit que les futures communications de la BCE signaleront une réduction progressive des restrictions de politique monétaire sans s’engager sur une trajectoire spécifique en matière de taux.

Kevin Thozet, membre du comité d’investissement de Carmignac, a reconnu que même si les marchés anticipent une baisse de 25 points de base, la probabilité d’une baisse de 50 points de base semble faible en raison d’une croissance plus forte que prévu. au troisième trimestre 2024 et un changement de politique monétaire belliciste de la part de la Réserve fédérale américaine. Il a suggéré que la BCE pourrait commencer à passer d’une approche « réunion par réunion » à une « orientation vers des taux neutres » dans ses prévisions, en fonction de l’évolution du paysage économique.

Des doutes demeurent

David Chappell, gestionnaire principal de fonds obligataires chez Columbia Threadneedle Investments, a ajouté que même si la BCE devrait rester active au cours des prochains mois, une baisse des taux plus importante que d’habitude semble peu probable. Il a noté que le rythme de la « normalisation » pourrait s’accélérer lorsque les politiques commerciales américaines deviendront plus claires au printemps, notamment à la lumière des incertitudes entourant l’impact de l’élection présidentielle américaine sur le commerce mondial.

Ulrike Kastens, économiste principale au DWS, a déclaré que malgré la détérioration des perspectives économiques et une inflation légèrement meilleure que prévu, elle ne prévoyait pas l’urgence de baisses de taux plus importantes. Elle a souligné que l’approche de la BCE, réunion par réunion, basée sur les données, se poursuivrait probablement et que les perspectives de croissance pourraient être révisées à la baisse. L’inflation devrait se rapprocher de l’objectif de 2 % de la BCE dans les années à venir, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles baisses de taux jusqu’en 2025.

Luca Pesarini, directeur des investissements chez Ethenea, a partagé un point de vue similaire, prévoyant une baisse des taux de 25 points de base lors de la prochaine réunion de la BCE jeudi. Il a toutefois mis en doute la possibilité d’une baisse plus importante de 50 points de base, citant la vigueur actuelle du marché du travail, avec un taux de chômage de la zone euro à un plus bas historique de 6,3 %. et l’inflation sous-jacente reste à 2,7 %, ce qui est loin de l’objectif de 2 % de la BCE.

Salman Ahmed, responsable mondial de la macroéconomie et de l’allocation stratégique d’actifs chez Fidelity International, prévoit également une série de réductions de 25 points de base, poussant la BCE vers un territoire neutre avec un taux de dépôt de 2 %. Il a toutefois noté que la capacité de la BCE à procéder à des réductions significatives serait limitée par les inquiétudes concernant la croissance des salaires et l’inflation des services, qui persistent dans la région. Il a également suggéré que la BCE pourrait adopter un rythme plus progressif d’assouplissement en territoire accommodant une fois le taux neutre atteint.

Alexander Bell, gestionnaire de portefeuille obligataire chez Indosuez Wealth Management, prévoit une baisse des taux de 25 points de base pour chacune des réunions de la BCE de décembre, janvier et mars, pour finalement s’arrêter à un taux de dépôt de 2 % d’ici mi-2025. Il prévoit que la zone euro connaîtra une croissance médiocre de 0,8 % en 2025, mais évitera une récession. M. Bell a souligné que l’inflation reviendrait progressivement vers l’objectif de 2% de la BCE, même si l’inflation des services reste un risque majeur.

Paul Jackson, responsable mondial de la recherche sur l’allocation d’actifs chez Invesco, a noté que l’économie de la zone euro avait perdu de son élan au second semestre 2024, avec une inflation désormais comprise entre 2 et 3 %. M. Jackson a estimé que la BCE appliquerait probablement une réduction de 25 points de base en décembre, mais pourrait suspendre son cycle d’assouplissement en janvier avant de le reprendre en mars, en fonction des données économiques.

Andrzej Szczepaniak, économiste principal européen chez Nomura, a estimé que même si les données d’octobre et novembre 2024 avaient été volatiles, la tendance générale soutenait une baisse des taux de 25 points de base. Il a souligné qu’en dépit de la faiblesse des indices des directeurs d’achat, des données officielles plus élevées que prévu indiquaient que la BCE ne se précipiterait pas pour mettre en œuvre de fortes réductions. M. Szczepaniak a également noté que les inquiétudes croissantes concernant les tarifs douaniers américains et le ralentissement de l’inflation dans les services soutenaient une approche plus prudente de la part de la BCE.

Axel Botte, responsable de la stratégie de marchés chez Ostrum Asset Management, a prédit que la BCE réduirait progressivement ses taux jusqu’à 2,25 % d’ici mi-2025. Il a toutefois suggéré que les risques d’inflation, notamment en ce qui concerne l’inflation des services, empêcheraient la BCE de réduire ses taux nettement en dessous de 2 %. Botte a souligné que la BCE devrait également surveiller la politique commerciale américaine, ce qui pourrait influencer ses décisions, notamment si de nouveaux droits de douane étaient imposés.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE se réunira jeudi 12 décembre pour décider des taux d’intérêt directeurs pour la zone euro.

Cet article a été initialement rédigé en anglais, traduit et édité pour le site Paperjam en français.

 
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