Jusqu’au dernier moment, les mauvaises nouvelles continueront de pleuvoir sur le gouvernement Barnier. A Quelques heures avant le vote crucial de la motion de censure à l’Assemblée nationale, l’OCDE a revu à la baisse ses prévisions de croissance de l’économie française en 2025. Elle est désormais attendue à 0,9%, contre 1,2% auparavant. Cette révision est due à « des moindres gains de croissance et des contraintes limitant les dépenses publiques », explique l’organisation dans ses dernières perspectives dévoilées ce mercredi 4 décembre.
Pour rappel, l’exécutif attendait toujours une croissance de 1,1% dans le projet de loi de fin de gestion (PLFG) adopté par la commission paritaire mardi 3 décembre. Ce coup dur confirme les perspectives moroses anticipées par l’OFCE et les mises en garde du Haut Conseil de Finances Publiques (HCFP) sur l’économie française. Plongés dans un épais brouillard depuis la dissolution, les entreprises et les ménages français restent attentistes.
La situation politique confuse risque de peser encore davantage sur l’activité fin 2024 et début de l’année prochaine. Du côté de la zone euro, la croissance du PIB pourrait accélérer de 1,3% en 2025, contre 0,8% en 2024. Coincée dans la stagnation (0%) en 2024, l’Allemagne devrait légèrement rebondir en 2025 (+0,8%).
Un déficit de 5,5% en 2025
Sur le front des finances publiques, l’OCDE désavoue également les prévisions du gouvernement. Les économistes tablent sur un déficit de 5,5% en 2025 après 6,1% en 2024. De son côté, Bercy anticipe un déficit de 5% en 2025 tablant sur des économies de 60 milliards d’euros. L’exécutif avait présenté un plan d’économies réparti en 40 milliards d’euros de réductions de dépenses et 20 milliards d’euros de hausses d’impôts. Mais l’OCDE n’a pas retenu cette répartition, à l’instar du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) présidé par Pierre Moscovici.
Les économistes s’attendent plutôt à une augmentation des prélèvements de 40 milliards d’euros et une réduction des dépenses de 20 milliards d’euros. ” Certaines mesures ne sont pas encore complètement précisées, notamment le détail des réductions des dépenses des collectivités locales.soulignent les experts.
Les zones grises du gouvernement sur les coupes budgétaires 2025
A Bercy, Antoine Armand et Laurent Saint-Martin avaient évoqué un effort de 5 milliards d’euros demandé aux collectivités, tout en laissant une marge de manœuvre au Parlement. Mais les discussions ont finalement tourné au bras de fer entre l’exécutif et les parlementaires des deux chambres. En conséquence, les économies escomptées ont été bien en deçà de la réalité. Dans son rapport, l’OCDE évoque également les tensions financières depuis l’annonce retentissante de la dissolution en juin.
« L’écart de taux souverains entre la France et l’Allemagne, stable à 50 points de base ces derniers mois, s’est creusé pour atteindre 70-80 points de base.
Dette française : les marchés au bord de la crise de nerfs
Dans ses scénarios, l’institution considère que « si le budget n’était pas adopté, l’incertitude politique pénaliserait la reprise ». Une croissance et une inflation inférieures aux prévisions pourraient également entraîner une baisse des recettes fiscales. Qu’est-ce qui pourrait compromettre la capacité du gouvernement à atteindre son objectif de déficit de 5 %.
Hausse du chômage en vue
Sur le front de l’emploi, les nuages s’amoncellent également. L’OCDE prévoit une hausse du taux de chômage tel que défini par le Bureau International du Travail (BIT) à 7,7% de la population active, contre 7,3% en 2024. Le ralentissement de l’économie et les restrictions budgétaires ont pesé sur les perspectives d’embauche des entreprises en France. De Michelin à Auchan en passant par Valeo, les grands groupes ont annoncé de fortes réductions d’effectifs ces dernières semaines. Ces saignements devraient se refléter l’année prochaine dans les statistiques du chômage.
Frappés par la politique désinflationniste chinoise et l’offensive américaine sur les droits de douane, l’industrie et les sous-traitants français risquent de payer un lourd tribut dans les mois à venir, après l’onde de choc de la guerre en Ukraine. L’assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pourrait certes redonner un nouveau souffle à la demande dans la zone euro, mais l’incertitude politique et budgétaire risque de peser sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises, par ailleurs en perspective claire. Sur la formation brute de capital fixe (FCBF, investissement) par exemple, l’OCDE s’attend toujours à une deuxième baisse consécutive en 2025 (-0,4% après -1,7%). Signe d’une demande toujours atone.
Légère amélioration de la croissance mondiale
La croissance du PIB mondial devrait légèrement augmenter entre 2024 et 2025, passant de 3,2 % à 3,3 %. Dans sa dernière livraison, l’OCDE a légèrement révisé (+0,1%) son chiffre de septembre dernier sur la croissance. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier prochain pourrait sans doute changer la donne sur le commerce mondial.
« Les tensions commerciales croissantes et les mesures protectionnistes pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement, faire grimper les prix à la consommation et avoir un impact négatif sur la croissance. prévient le corps.