« L’Europe n’est plus le pays de la chimie moderne »

Dans une usine Covestro à Dormagen (Allemagne), le 11 février 2020. INA FASSBENDER / AFP

UN Leverkusen, au bord du Rhin, entre Cologne et Düsseldorf, tout respire la chimie et son mentor Bayer. Même le nom de la ville elle-même, nommé en 1930 en l’honneur du chimiste Carl Leverkus. Mais l’odeur s’estompe. En 2015, pour se recentrer sur l’agrochimie et la pharmacie, l’entreprise s’est séparée de son activité historique de chimie de spécialités, rebaptisée Covestro, cotée à la Bourse de Francfort.

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D’ici peu, elle devrait passer entre les mains de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis, Adnoc. Il s’agirait alors de la plus grosse acquisition de l’année en Allemagne, et du premier rachat d’une grande entreprise industrielle européenne par une entreprise étatique du golfe Persique.

Adnoc compte payer près de 12 milliards d’euros en cash. Il s’agit de l’opération la plus spectaculaire entreprise depuis sa décision, endossée par l’émir Mohammed Ben Zayed, d’investir 150 milliards de dollars (139,8 milliards d’euros) sur cinq ans dans la diversification de ses activités. Fini les participations financières minoritaires destinées à faire fructifier les pétrodollars.

Des activités plus sophistiquées

Sultan Al-Jaber, le patron d’Adnoc qui a dirigé la conférence sur le climat (COP28) en novembre 2023 à Abu Dhabi, est bien placé pour savoir que le temps du pétrole passera dans quelques décennies. Et qu’il faut réorienter l’entreprise, qui produira plus de pétrole en 2027 que Shell et TotalEnergies réunis, vers des activités plus sophistiquées. D’autant que Covestro assure que les mousses, plastiques et autres vernis qu’elle produit seront tous fabriqués, à une date non précisée, à partir de plantes plutôt qu’à partir de pétrole.

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Mais son patron, Markus Steilemann, a reconnu dans une interview à l’hebdomadaire Semaine des affaires le 21 juin, que son entreprise perdait de l’argent avec ses usines allemandes et qu’il ne voyait aucune amélioration à moyen terme. Pour lui, comme pour son compatriote BASF, du fait de ses réglementations et de la disparition du gaz russe, l’Europe n’est plus le pays de la chimie moderne. Elle prépare le départ d’un grand nombre de ses clients industriels du Vieux Continent. Il produira de plus en plus ailleurs. En Chine, en Amérique, dans le golfe Persique… La pureté de l’air à Leverkusen, notamment célèbre pour son équipe de football, sera améliorée, mais pas son économie.

 
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