L’anglais progresse au Québec au détriment du français et pas seulement dans la région de Montréal. C’est pourquoi l’OQLF a produit pour la première fois des données régionales sur cette thématique.
« L’étude visait initialement à mettre à jour le portrait des perceptions et des comportements des clients à l’égard de la langue dans laquelle ils sont accueillis et servis dans les commerces de la RMR de Montréal. Puis, dans un deuxième temps, il visait à élargir les connaissances de l’Office dans ce domaine en examinant d’autres territoires », explique le directeur des communications, Nicolas Trudel, dans un échange de courriels avec Le Soleil.
« Les territoires font partie des régions administratives ayant enregistré le plus grand nombre de plaintes relatives à la langue de service au cours des dernières années. Ces territoires ciblés comprennent des villes à forte densité commerciale », ajoute-t-il.
Bilinguisme
Si 83,5 % des clients ont été accueillis exclusivement en français, 12,1 % l’ont été au moins une fois de manière bilingue et 4,6 % dans une langue autre que le français, en 2023, dans la RMR de Québec au cours des six mois précédant l’enquête.
Pour l’ensemble de la province, la proportion est de 24,7 % pour le bilinguisme et de 5,4 % pour une langue autre que le français.
Parmi les répondants au sondage, 51,5 % souhaitaient continuer en français, mais 18,5 % d’entre eux ont reçu un service dans une autre langue.
Sentiment négatif
Cette situation a suscité un sentiment négatif chez 47,1% des personnes interrogées. Mais ceux-ci ne nécessitent pas toujours d’être servis en français. En fait, près de la moitié d’entre eux le demandent rarement, voire jamais.
Enfin, interrogés sur la probabilité qu’ils reviennent au magasin lorsqu’ils ne sont pas servis en français, seulement 13,5 % ne reviendront pas.
Environ un tiers des clients (34,6 %) retourneront dans une entreprise qui les a servis dans une langue autre que le français parce que cela ne les dérange pas, et plus d’un tiers (36,8 %) seulement par nécessité.
Les jeunes plus indifférents
Partout au Québec, 33 % des clients éprouvent de l’indifférence lorsque le service n’est pas en français. Ce manque de réaction tend à s’accentuer, selon le rapport.
Cette proportion est de 41 % chez les 18 à 34 ans, de 29 % chez les 35 à 54 ans et de 30 % chez les 55 ans et plus.
Les jeunes de 18 à 34 ans sont également plus susceptibles de poursuivre la discussion en anglais (57 %), alors que c’est le cas de 44 % de ceux de 35 à 54 ans et de 43 % de ceux de 55 ans et plus.
Les réponses des jeunes suscitent des interrogations au sein de l’OQLF et les comportements et perceptions de cette tranche d’âge seront particulièrement étudiés dans les prochaines études.
L’enquête Langue d’accueil et langue de service dans les entreprises québécoises en 2023 : les consommateurs a été réalisée auprès d’un échantillon de 3822 personnes. La marge d’erreur est de 1,6 % sur la base d’un intervalle de confiance de 95 %.