Au cours des dernières semaines, des travaux géotechniques préliminaires ont débuté sur un terrain agricole situé dans le secteur du Chemin Petit-Saint-Jean à Lévis.
Situés à environ un kilomètre de QScale, cinq lots d’une superficie totale d’un peu plus de 40 hectares accueilleront les futures serres chauffées par l’entreprise. Des tuyaux transporteront la chaleur vers les serres.
Pour valider son projet, le PDG de QScale a fait appel il y a quelques années à un professeur retraité de l’Université Laval, l’agronome André Gosselin. Il a notamment créé dans les années 1980 les premières serres éclairées artificiellement.
Avec l’aide de Genika, une firme d’ingénierie spécialisée, M. Gosselin a étudié plusieurs scénarios pour utiliser la chaleur dégagée par le centre de données.
«Martin Bouchard a 15 ans d’avance. Les centres de données de la planète sont refroidis à l’air chaud. Il voulait refroidir les ordinateurs avec de l’eau. Recycler l’eau chaude est beaucoup plus facile.
— André Gosselin, agronome et professeur retraité de l’Université Laval
« Il a été assez intelligent pour acheter des terres agricoles près de QScale. Il réunissait toutes les conditions gagnantes pour réaliser le projet le plus vert possible », ajoute l’agronome.
Projet de classe mondiale
Séduit par la vision du fondateur de QScale, André Gosselin a décidé de s’impliquer directement en achetant un terrain agricole pour y construire des serres.
«Je souhaite réaliser l’un des premiers projets où l’on utilise l’énergie d’un data center. C’est absolument incroyable ce qu’on peut faire avec cette énorme quantité de chaleur», confie M. Gosselin.
« Ce projet de classe mondiale démontrera à la planète entière que nous pouvons construire des centres de données de manière intelligente », poursuit-il.
Au total, le projet QScale comprendra huit phases de construction. Les deux premiers sont déjà opérationnels et les travaux des phases trois et quatre débuteront prochainement.
« Les besoins explosent avec l’intelligence artificielle », a déclaré M. Bouchard en entrevue avec Le Soleil.
Douze mégawatts d’Hydro-Québec
Producteur de petits fruits avec son entreprise Les Fraises de l’île d’Orléans, M. Gosselin souhaite cultiver des produits locaux à Lévis 12 mois par année. Et ainsi réduire la dépendance aux importations.
« Je peux cultiver n’importe quoi : des fraises, des baies, de la laitue, des tomates. Une alimentation de haute qualité avec les technologies les plus vertes possibles.
— André Gosselin, owner of Fraises de l’Île d’Orléans
Même si les serres se sont multipliées au Québec ces dernières années, la province demeure derrière l’Asie, l’Europe et même l’Ontario.
M. Gosselin dit recevoir l’appui de tous les intervenants dans ce projet, dont le ministère de l’Environnement et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE).
Le MEIE tarde toutefois à donner son accord à Hydro-Québec pour fournir à M. Gosselin les 12 mégawatts dont il aura besoin pour éclairer les serres.
Depuis février 2023, le MEIE doit approuver tout projet nécessitant cinq mégawatts ou plus d’électricité.
M. Gosselin espère recevoir une réponse de la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, le plus tôt possible.
«Les gens viendront de partout et diront: ‘au Québec, vous avez non seulement un centre très bien conçu pour les années à venir, mais aussi un centre qui maximise l’énergie’», conclut-il.