A quelques jours du début de la saison hivernale, la ministre du Tourisme Marina Ferrari s’est exprimée, dans l’émission « Dimanche en politique », sur l’avenir des stations de ski face aux conséquences du réchauffement climatique.
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Dernière ligne droite pour les stations de ski qui s’apprêtent, dans quelques jours, à accueillir des milliers de touristes pour l’hiver. Mais depuis plusieurs saisons, les territoires doivent concilier activité touristique et effets du réchauffement climatique.
Dans le cadre d’une interview réalisée pour l’émission Dimanche en politiquediffusée ce dimanche 17 novembre, la ministre du Tourisme, Marina Ferrari, s’est exprimée sur l’avenir des stations de ski et la nécessité, pour certaines d’entre elles, d’imaginer de nouveaux modèles.
France 3 Alpes : Plusieurs stations de ski des Alpes du Nord ont fermé leurs portes ces dernières années. Le ski alpin est-il finalement condamné ?
Marina Ferrari : Le ski n’est pas condamné. Certaines stations de basse et moyenne altitude subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique et du manque de neige. Ils changent rapidement de modèle avec des choix difficiles à faire.
Faut-il encore investir dans ces stations, rehausser leur front de neige, changer les remontées mécaniques ou la rareté de la neige va-t-elle, quoi qu’il arrive, condamner ces stations ?
Il faut réinvestir là où c’est encore possible. Les stations sont très impliquées dans l’observation de l’enneigement. Il y a une étude ClimSnow qui est très importante et qui leur donne des prévisions d’enneigement sur 40 ou 50 ans. Nous savons que certaines zones ne sont pas menacées. Mais ils ne devraient pas pour autant attendre trop longtemps pour réfléchir à leur modèle économique dans 40 ou 50 ans.
Les stations de basse et moyenne altitude ont déjà été durement touchées. Nous devons les aider. Mais j’ai bon espoir que nous continuerons à skier.
De nombreux mouvements citoyens se forment contre les projets de réservoirs collinaires. D’autres actions ont visé des canons à neige vandalisés. Cela ne montre-t-il pas qu’une partie de la population rejette le modèle du tout ski ?
D’une manière générale, il existe un problème d’acceptabilité des activités touristiques. On le voit en montagne, mais aussi sur le littoral avec des problèmes de surpopulation. Ce qui fait qu’on voit des phénomènes de rejet du tourisme dans certains endroits.
Je pense qu’il faut être pédagogique : il y a beaucoup d’idées reçues, une méconnaissance des enjeux et de la réalité de l’impact sur la biodiversité. Toutes les études réalisées par les élus locaux permettent d’objectiver ces situations.
Par exemple, quand on parle d’enneigement artificiel, il est vrai qu’il y a quelques années, on mettait des additifs dans l’eau, des produits de refroidissement. C’en est désormais fini des pratiques actuelles bien plus vertueuses.
Très peu de ressources en eau sont prélevées. Par exemple, dans une région comme la Savoie, moins de 1 % de la consommation totale d’eau est utilisée (pour l’enneigement artificiel). Ensuite, cette eau est restituée dans l’environnement, lors de la fonte des neiges.
Pourtant, à l’été 2023, certains villages ont été approvisionnés en eau par camions-citernes…
Ce sont des questions qui commencent à émerger avec force. Justement, pour moi, ils doivent nous interroger sur les retenues collinaires. Les réservoirs que nous connaissons ont été conçus uniquement pour l’enneigement. Désormais, ils ont d’autres vocations, comme l’aide au pastoralisme, aux populations, à l’agriculture, à la sécurité incendie, mais aussi à l’énergie.
À la station de Superdévoluy, un système gravitaire des réservoirs collinaires leur permet de produire de l’énergie. J’aimerais que nos concitoyens comprennent que la création d’un réservoir collinaire ne sert pas seulement à enneiger, mais à maintenir nos populations.
C’est dans ce contexte d’interrogations sur l’avenir que seront organisés les Jeux Olympiques d’hiver de 2030 dans les Alpes. Vous y êtes favorables, mais ne faudrait-il pas aussi réinventer le modèle ?
Je pense que ces Jeux seront très différents. D’abord parce qu’ils sont portés par deux régions. Nous mutualisons les efforts et les tests se dérouleront sur plusieurs sites. Dans les Alpes du Nord, nos sites existent déjà avec des installations des Jeux Olympiques de 1992 qui ont été entretenues.
Sobriété et inclusion : nous voulons que ces Jeux soient les plus responsables de l’histoire depuis Calgari, mais aussi les plus économiques. C’est l’objectif que nous nous sommes fixé avec un cadre budgétaire de 2 milliards d’euros.
Regardez l’interview complète dans l’émission Dimanche en politiquediffusé ce dimanche 17 novembre à partir de 11h10 sur France 3 Alpes.