Les comparateurs d’assurance maladie en ligne proposés par des sites privés sont largement mis en avant sur les moteurs de recherche, comme Google. Cependant, ces classements ne sont pas très transparents et ne font pas apparaître automatiquement toutes les offres existantes. Il faut donc fouiller pour trouver la meilleure offre.
Une fois le comparateur trouvé, il faut activer une option très discrète pour réaliser une comparaison complète, souvent via un menu déroulant ou des paramètres avancés. Le modèle standard, qui apparaît automatiquement, affiche uniquement les compagnies d’assurance ayant accepté d’être incluses. Ce manque de transparence peut souvent cacher une offre avantageuse pour l’assuré.
Sur Comparis.ch — l’un des plus grands sites du genre — seules une douzaine de compagnies d’assurance sont mises en avant dans le classement de base, soit par publicité directe, soit par un lien permettant de demander directement une offre.
Intérêt commercial
Pour Felix Schneuwly, spécialiste du domaine chez Comparis, il ne s’agit pas d’une tromperie pour les internautes. « Nous avons toujours procédé ainsi et les gens y sont habitués. Ils savent ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas sur le site», explique-t-il mardi dans La Matinale. Il ajoute que les internautes choisissent ce comparateur pour trouver une offre facilement et rapidement.
En réalité, la plupart des comparateurs privés sont aussi des sites de courtage et perçoivent des commissions pour tout nouveau contrat passé via leur site.
Ces dernières années, Comparis a réalisé un chiffre d’affaires annuel avec LAMAL compris entre 6 et 10 millions de francs.
Volonté de certains assureurs
Certaines compagnies d’assurance préfèrent renoncer à cette exposition sur les comparateurs, ce qui peut paraître contradictoire à la logique de la concurrence. Une de leurs motivations pourrait être d’éviter une croissance trop rapide du nombre d’assurés au sein de la LAMAL. Plusieurs petits fonds ont longtemps boudé la promotion proposée par les comparateurs privés.
Concordia, la caisse qui a enregistré l’année dernière le plus grand nombre de nouveaux assurés LAMAL selon Comparis, y a également renoncé partiellement. Ses offres ont été mises en avant sur Comparis de 2021 à 2023, mais l’assureur a décidé de les abandonner en 2024.
Concordia se dit « très attentive à la croissance de sa clientèle » et explique ce choix par trois raisons fondamentales : le maintien de sa bonne santé financière, le risque de surcharger son service client et le gain suffisant de nouveaux assurés grâce à ses propres services commerciaux. .
Risques encourus
Concordia est en revanche bien mis en avant dans la version de base d’autres sites de comparaison, comme Bonus.ch. Avec des offres pour tous les cantons romands, sauf Fribourg. Concordia dit avoir « renoncé à cette mise en ligne supplémentaire » en raison de la très forte demande dans ce canton.
Entre marketing et discrétion, les assureurs disposent d’une marge de manœuvre importante. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) indique que la gestion de la publicité est l’une des seules mesures permettant à une caisse d’influencer le nombre de ses assurés. Toujours selon l’OFSP, « trop de changements peuvent parfois représenter un risque, notamment pour les petits assureurs ».
Selon Christophe Kaempf, porte-parole de la faîtière de l’assurance maladie Santé Suisse, «chaque caisse a normalement intérêt à croître, mais une croissance trop forte peut comporter des risques».
Ce fut par exemple le cas « de KPT qui a connu une très très forte augmentation de plusieurs centaines de milliers d’assurés arrivés d’une année sur l’autre », illustre-t-il. “Ses concurrents l’avaient soutenu en lui prêtant du personnel pour pouvoir absorber cette masse de nouveaux assurés.”
Des changements coûteux
Selon le cabinet d’audit Deloitte, en moyenne, environ 8 % des assurés ont changé d’assurance maladie obligatoire chaque année entre 2013 et 2024.
Ces transferts génèrent également des coûts : 139 millions de francs identifiables en 2023, selon l’OFSP, dont plus de la moitié pour la publicité et 46,5 millions de francs pour les commissions versées à des tiers (y compris les comparateurs).
Le Comparateur RTS en partenariat avec la FRC ainsi que le site Priminfo.ch proposer une comparaison exhaustive et transparente.
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Qu’elle le veuille ou non, une caisse de maladie n’a pas le droit de refuser une demande d’assurance obligatoire. Des changements pour l’année prochaine restent possibles jusqu’à fin novembre 2024.
Julien Bangerter/juma