Une grande majorité d’enseignants considèrent que les incivilités se multiplient dans leur école, ce qui nuit aux apprentissages en classe selon une enquête réalisée par la Fédération des syndicats de l’enseignement.
Son président, Richard Bergevin, n’a pas été surpris d’apprendre que 83 % des répondants ont observé une hausse des incivilités au cours des deux dernières années, puisque cette réalité était déjà perceptible dans le milieu, explique-t-il.
Il a cependant été surpris par l’impact du manque de respect, de politesse et de bonnes manières en classe. Au moins 90 % des enseignants considèrent que les incivilités « réduisent le temps consacré aux apprentissages », « nuisent à la concentration » et « diminuent l’engagement dans les tâches à réaliser ».
« Ce sont des impacts importants, qui peuvent nuire à la réussite des étudiants. Il faut s’en préoccuper», affirme M. Bergevin.
Les répercussions sont également importantes pour les enseignants. Plus de 80 % d’entre eux considèrent que les incivilités entraînent une surcharge de travail et une diminution de leur motivation, un constat « inquiétant » dans un contexte de pénurie, ajoute M. Bergevin.
Incivilités quotidiennes
Ces incivilités de la part des élèves sont également fréquentes : 34 % des enseignants déclarent en être la cible quotidiennement (1 à 4 fois), tandis que 22 % en font l’expérience cinq fois par jour ou plus. Seuls 15% déclarent en être la cible « rarement ou jamais ».
Les incivilités verbales, comme un langage grossier ou irrespectueux, sont les plus courantes (60 %), suivies par les comportements perturbateurs (52 %) et le langage non verbal (36 %), comme les attitudes inappropriées envers l’enseignant.
Le manque de respect ou de politesse peut aussi venir des parents, ce qui est le cas de 30 % des sondés depuis la rentrée.
Un plan gouvernemental en projet
Début septembre, le premier ministre François Legault a demandé au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, de déposer un plan pour ramener la discipline et le civisme dans les écoles québécoises.
Les jeunes militants de la Coalition Avenir Québec, réunis en conférence, se sont alors prononcés en faveur de la nomination d’enseignants dès la maternelle et du port de l’uniforme au secondaire, deux propositions qui ont cependant été accueillies très froidement par les enseignants.
Seuls 5% d’entre eux estiment que ces mesures pourraient faire une différence dans leur établissement.
Sanctions et gestes réparateurs
Pour corriger le tir, les enseignants pensent qu’il faudrait plutôt privilégier les sanctions (62%) ou les actions correctives (53%), tout en enseignant les comportements attendus (56%) et en formant les élèves, accompagnés de leurs parents si nécessaire (40%), font également partie des solutions privilégiées.
Les comportements positifs sont enseignés dans plusieurs écoles, mais le recours aux sanctions est plus rare dans certains milieux, précise Richard Bergevin.
« Lorsque certains enseignants tentent de revenir à cela, ils se font repousser. Il serait important que le gouvernement puisse dire clairement que cela fait partie des réalités d’un milieu scolaire, ajoute-t-il. Le code de conduite doit reprendre des forces et être appliqué.»
Remarque : les résultats présentés dans ce texte sont issus d’une enquête web réalisée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) entre le 10 et le 25 octobre 2024, qui a permis de recueillir 7 023 questionnaires valides.
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