Au début des années 1950, l’Argentine se portait bien économiquement et le niveau de vie y était alors équivalent à celui de la France. Cependant, à partir de 1951, le président Perón limite drastiquement les importations de produits manufacturés, notamment automobiles, le but étant de créer une industrie locale. Cela ne convient pas aux frères Eligio et Nilson Bongiovanni, concessionnaires Chevrolet depuis 1948. Ils s’adaptent en se lançant dans la réparation d’ambulances et de machines de guerre, mais l’automobile est toujours dans leur esprit.
A l’époque, la VW Beetle commençait à connaître un succès impressionnant, les deux Argentins réfléchissaient alors à une voiture qui en reprendrait des éléments techniques. Ils créent une entreprise, ITA, en 1958, pour le produire. Pour la carrosserie, l’acier étant une denrée très rare, ils choisissent un nouveau matériau, qui plaira à de nombreux constructeurs (comme Chevrolet avec la Corvette ou Alpine avec la Berlinette) : la fibre de verre. Relativement simple à travailler car ne nécessitant pas d’installations lourdes, il présente également un excellent rapport poids/résistance.
Les Argentins ont demandé à l’ingénieur Emil Rufilius de le concevoir. Il développe une carrosserie spécifique, équipée d’une double paroi à l’arrière pour limiter le bruit du moteur, et d’un châssis tubulaire. Des tests ont été effectués en 1959 avec un quatre cylindres à plat VW de 1,2 litre, mais celui-ci manquait sérieusement de puissance avec ses maigres 33 ch. Les Bongiovanni font un voyage en Allemagne et, surprise, reviennent avec un accord signé avec… Porsche. La marque allemande leur fournira une centaine de moteurs 356 de 1,6 litre. Porsche envoie un ingénieur en Argentine pour examiner le prototype et permet à Zunder d’utiliser son nom dans sa communication. Seat aura moins à l’aise avec l’Ibiza avec un moteur également conçu par Porsche…
La voiture, baptisée Zunder 1500, est présentée le 20 septembre 1960, en présence d’un représentant de Porsche, et les ventes, soutenues par une forte publicité, commencent. Lentement, car les clients sont rebutés par la fibre de verre. Il semblerait qu’un revendeur de Zunder, las des remarques sur la prétendue fragilité de ce matériel, ait sorti son revolver et tiré dans les portes, sur lesquelles les balles rebondissaient : Musk avant l’heure ! Ajoutons que l’apparence de la voiture, que l’on qualifiera modestement d’étrange, a certainement déconcerté de nombreux clients… Mais, ils finissent par comprendre les qualités de la Zunder, qui porte ses 880 kg à 140 km/h grâce à ses 58 ch. : une belle performance ensuite en Argentine. De plus, sa carrosserie ne rouille pas, ce que vante la publicité en affirmant que « le Zunder reste neuf pour toujours ».
Un coupé 1600, très proche de la Karmann-Ghia, a même été étudié, utilisant également de la fibre de verre. Le succès commercial de la berline est plutôt encourageant, mais les Bongiovanni n’ont pas les moyens financiers suffisants pour acheter suffisamment de moteurs et développer ensuite un réseau assurant la vente et l’après-vente.
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Ils peinent cependant à trouver des investisseurs, dont certains acceptent même de financer un millier de moteurs. Cela permettrait des niveaux de ventes rentables ! Mais l’opposition politique est forte et cela n’est pas possible. Les frères stoppent les coûts en 1963 après avoir produit environ 200 exemplaires de ce qui fut, bien avant la Panamera, la première berline à moteur Porsche, reconnue et validée par la marque allemande !
