« La SNCF veut faire du haut débit pour tous »

« La SNCF veut faire du haut débit pour tous »
« La SNCF veut faire du haut débit pour tous »

Ancien conseiller du PDG sortant Jean-Pierre Farandou, cet ingénieur de formation a rejoint la SNCF en 2008.

LA TRIBUNE DIMANCHE – Vous venez d’être reconduit pour quatre ans à la présidence de SNCF Voyageurs. Avec quelles priorités ?

CHRISTOPHE FANICHET – Proposez plus de trains, à des prix plus abordables. Nous augmenterons l’offre TGV de 25 % d’ici 2034 : 15 % en France et 10 % à l’international. Notre activité hors de France représente déjà 30% de notre chiffre d’affaires, avec 30 millions de voyageurs par an dans neuf pays, principalement en coopération. Mon objectif est d’atteindre le seuil des 50 millions de voyageurs internationaux d’ici dix ans. C’est dans ce contexte que nous venons d’annoncer notre arrivée en Italie, sur les Turin-Naples et Milan-Venise, à partir de 2026.

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Et en France ?

L’augmentation de l’offre reposera en partie sur une augmentation du nombre de trains Ouigo, à 30 % du total, contre 20 % aujourd’hui. Cela nous permettra de proposer des prix plus attractifs. En régions, la croissance des TER atteint déjà 20 % depuis la pandémie. Cinq millions de Français empruntent quotidiennement les trains régionaux et franciliens. Les jeunes représentent 40% des nouveaux voyageurs.

Certaines lignes sont victimes de pannes et de retards récurrents, comme celles de Limoges et de Clermont-Ferrand. Comment y remédier ?

Je suis conscient. Nous y travaillons activement. Ce sont des lignes que nous traitons avec le même soin que les lignes à grande vitesse, en mettant en place des salles de crise, en suivant les locomotives en cas de panne ou en installant des clôtures pour les protéger des animaux. L’Etat investit, avec de nouveaux trains qui vont arriver.

Comment allez-vous financer l’augmentation du nombre de trains ?

Grâce à un investissement massif : 5 milliards d’euros sur les dix prochaines années. Uniquement sur fonds propres, sans aucune subvention publique. Sur cette enveloppe, 4 milliards seront consacrés à l’achat de trains : 115 nouveaux TGV M, 100 pour la France, 15 pour l’Italie. Les livraisons débuteront à la fin de l’année prochaine. La durée de vie d’une centaine de TGV actuels sera également allongée, de quatre à dix ans. Nous serons ainsi les seuls au monde à savoir exploiter les TGV pendant un demi-siècle en toute sécurité ! Les TER seront également rénovés pour le compte des Régions, ce qui leur permettra de circuler encore vingt ans. Nous investissons également 1 milliard d’euros dans la maintenance.

Le prix des billets de train suscite de multiples critiques…

Je veux faire du haut débit pour tout le monde. D’où l’augmentation de 20 à 30 % des TGV Ouigo.

Allez-vous recruter ?

De 2021 à 2023, nous avons déjà doublé le nombre de recrutements par an. SNCF Voyageurs est une entreprise attractive : 5 000 nouveaux collaborateurs nous rejoindront en 2024. Je reçois 250 000 candidatures chaque année.

Comment vous préparez-vous à une concurrence accrue ?

Nous avons remporté une partie des premiers lots ouverts sur TER en régions. Nous comptons défendre nos couleurs lors des 40 appels d’offres prévus dans les années à venir. Nos atouts sont nombreux : le savoir-faire des cheminots, notre compétitivité, notre capacité d’innovation dans les services commerciaux, la solidité de notre outil de maintenance industrielle, qui s’améliore de plus en plus grâce à l’IA.

Comment est l’été ?

Histoire! Il n’y aura jamais eu autant de places à prix inchangés. Les Français changent leurs habitudes estivales, optant davantage pour la montagne, les Alpes ou les Pyrénées. Et pour la Bretagne. Les déplacements entre régions augmentent également. Nous avons donc ajouté 400 000 places cet été : 300 000 à l’Ouest, 100 000 vers les Alpes. Nous avons déjà vendu 6,5 millions de billets longue distance, soit une augmentation de 10 % en un an. Le train de nuit connaît un grand succès : six places sur dix ont déjà été vendues pour le premier week-end de juillet. Pour la première fois cet été, nous desservons Nîmes, Montpellier-Sète et Agde.

Est-ce que tout est complet ?

Certainement pas ! Il reste encore beaucoup de places. Trois sur quatre sont encore disponibles, mais mieux vaut réserver sans tarder.

Et les Jeux Olympiques et Paralympiques ?

Nous enregistrons 20% de réservations supplémentaires pour la première quinzaine d’août, soit 2 millions de billets déjà vendus. Le crossover week-end laisse la place à un crossover quotidien, pour aller voir un événement en journée, avec 30% de déplacements en plus en semaine. Les destinations connaissent une popularité sans précédent, comme Lille avec le basket, où les réservations sont en hausse de 300 %. Nous ajoutons 4 500 trains en région parisienne à la demande d’Île-de-France Mobilités, soit 15 % de plus. Et 300 TER en régions, ainsi que quelques dizaines de TGV, dont nous adapterons les horaires pour vous permettre de rentrer le soir après un événement sportif. Il faut relever le défi d’un flux de voyageurs sans précédent, l’équivalent de trois Coupes du monde ou de trois concerts de Beyoncé en une journée !

 
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