M. Jakani souligne la dimension culturelle et sociale de la djellaba bziouia. La « Kharka » est un patrimoine culturel qu’un grand nombre de femmes perpétuent à Bzou dans la province d’Azilal.
ALM : Quelles sont les étapes de fabrication de la djellaba bziouia ?
Jamal Jakani : La djellaba bziouia est un patrimoine culturel de la région de Bzou, province d’Azilal. C’est un ensemble de traditions enracinées et héritées de génération en génération. Cette djellaba appelée « Kharka » qui est tissée à partir de laine et de soie fine passe par plusieurs étapes, à savoir le lavage de la laine pour la débarrasser de ses impuretés à une source appelée Tamda, puis le peignage et le cardage. Ainsi, lorsque les tisserands se débarrassent des nœuds, ils les transforment en fils pour passer à l’étape de l’entrelacement des fils de laine filée avec des fils de soie naturelle. Ensuite, ces femmes vendent leurs tissus aux enchères, au souk, tous les vendredis après-midi, au niveau national et international ou lors d’expositions organisées au Maroc. La djellaba bziouia est tissée à la main par des femmes talentueuses et expérimentées. Assises devant « un mensej », les femmes confectionnent un kharka/coupon appelé djellaba bziouia. C’est un patrimoine culturel et artistique et un habillement prestigieux et raffiné qui participe au rayonnement de cette terre édénique. Bref, cette tenue a une grande dimension sociale et culturelle.
Pouvez-vous nous donner les noms et les prix des différentes djellabas bziouias ?
Il existe plusieurs noms pour la djellaba bziouia comme Lamima, Boulmimate, Chrifdrif, Jaouhara, Mria… Les gens portent cette djellaba lors des fêtes nationales et surtout religieuses, des réunions, des moussems, des mariages… La djellaba bziouia était appelée avant l’habit des sultans. Nous avons la djellaba blanche, jaune, Namria… La durée de fabrication d’une djellaba varie entre 20 jours et quatre mois. Plus la djellaba est de qualité, plus elle nécessite un allongement du délai de fabrication. Concernant les prix, ils varient entre 1 500 DH et 5 000 DH, selon la qualité du produit sans tenir compte du sexe. En général, les djellabas en soie à carreaux blancs sont les plus chères.
Quelles sont les contraintes qui contrarient la prospérité de la djellaba bziouia ?
Quant aux contraintes qui freinent la prospérité du marketing, il y a le manque de publicité, le coût élevé des matières premières et l’intervention d’intermédiaires (courtiers) qui achètent le produit à bas prix et le revendent à prix élevé. prix exorbitants. De plus, il faut organiser des expositions, des stands… pour faire connaître ce patrimoine marocain hérité de nos ancêtres. Il existe également un grand besoin de microcrédits pour favoriser la commercialisation de ces djellabas à des prix raisonnables. Il faut aussi lutter contre la concurrence déloyale qui encourage la vente de djellabas de mauvaise qualité. Mais de manière générale, la commercialisation de nos produits est en plein essor, notamment à l’approche des fêtes comme l’Aïd Al Fitr, l’Aïd Al Adha, etc.
Quel était l’objectif de votre participation au salon provincial de l’économie sociale et solidaire qui s’est récemment organisé à Azilal ?
Nous avons l’habitude de participer à des expositions à travers le Royaume et récemment nous étions présents au salon provincial de l’économie sociale et solidaire qui s’est tenu dans la ville d’Azilal. Notre objectif est de dynamiser la commercialisation de la djellaba bziouia et d’autres produits locaux tout en participant au développement du tourisme dans la région. La dernière exposition organisée dans la ville d’Azilal a connu un grand succès grâce à la participation d’un grand nombre d’exposants dont les produits étaient diversifiés et de bonne qualité.
