la proposition très coûteuse à laquelle Jordan Bardella ne veut pas abandonner

la proposition très coûteuse à laquelle Jordan Bardella ne veut pas abandonner
la proposition très coûteuse à laquelle Jordan Bardella ne veut pas abandonner

Estimée par le Rassemblement national lui-même à 12 milliards d’euros par an (plutôt 17 milliards par Bercy), la baisse de la TVA à 5,5% se heurterait à de nombreux obstacles mais surtout creuserait encore davantage les déficits.

Un programme amendé comme celui de Giorgia Meloni en Italie obligé une fois au pouvoir de revenir sur ses coûteuses promesses électorales ? Ou une bombe budgétaire comme Liz Truss au Royaume-Uni obligée de démissionner 44 jours après son arrivée au 10 Downing Street ?

Le nouveau programme du Rassemblement national (RN), dont les grandes lignes ont été dévoilées ce jeudi, semble naviguer entre les deux. Si le parti qui ambitionne de gouverner le pays au soir du 7 juillet a arrosé son vin par rapport au programme présidentiel 2022, certaines mesures restent prioritaires.

Ainsi, si l’hypothétique réforme des retraites, dont le coût est estimé à 27 milliards d’euros par an (soit deux fois et demie le budget de la Justice) par l’Institut Montaigne, est reportée à 2026 au mieux, une mesure phare concernant le pouvoir d’achat demeure. plus que jamais d’actualité : la réduction de la TVA sur l’énergie.

« La situation économique, budgétaire et financière du pays est dans un état catastrophique. Avant de se remettre sur les rails, il faut mettre un terme à la glissade dans laquelle les macronistes nous ont entraînés”, a expliqué Jordan Bardella sur BFMTV ce vendredi.

Il a assuré que sa priorité, s’il devient Premier ministre, sera « le pouvoir d’achat en baissant la TVA ».

Une baisse à 17 milliards d’euros

Concrètement, il s’agirait de réduire le niveau de TVA de 20% à 5,5% sur tous les produits énergétiques, à savoir l’électricité, le gaz, le fioul et le fioul.

Une mesure qui avait été estimée à 10,3 milliards d’euros en 2022 par l’Institut Montaigne. Sur la base des données de 2018, les économistes ont calculé que la TVA sur ces produits rapportait près de 15 milliards d’euros aux caisses de l’État. En le divisant par trois, les recettes seraient donc réduites des deux tiers.

Mais de l’aveu de Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée, la mesure coûterait encore plus cher puisqu’il l’estime à 12 milliards d’euros.

En fait, ce serait même plus. Avec l’inflation, les produits énergétiques ont fortement augmenté, tout comme les recettes de TVA. Cet excédent a également été dédié au financement des mesures anti-inflationnistes mises en place entre 2021 et 2023 (boucliers de prix, rabais à la pompe, etc.), dont le montant est estimé à 100 milliards d’euros.

La hausse des prix des matières premières au cours des trois dernières années a eu pour effet de faire grimper les prix de l’énergie et donc de gonfler mécaniquement les recettes de TVA qui s’élèvent à plus de 50 milliards d’euros en 2023. La baisse à 5,5% constituerait donc, selon les calculs de Bercy , soit un manque à gagner de 16,8 milliards d’euros au budget de l’État.

Dans le détail, le coût serait de 10 milliards d’euros pour les carburants, 4,5 milliards d’euros pour l’électricité et 2,3 milliards pour le gaz.

Deux obstacles majeurs

Ces mesures se heurteraient alors à deux obstacles. D’abord juridique puisque les textes européens n’autorisent pas l’application de taux réduits de TVA sur les carburants (Annexe III d’une directive TVA). La France devrait entamer une confrontation avec Bruxelles qui devrait durer plusieurs années et pourrait faire l’objet de sanctions. La Pologne a certes mis en place un taux de TVA réduit en 2021, mais il s’agissait d’une mesure temporaire de cinq mois dans un contexte de fortes hausses des prix à la pompe.

Le deuxième obstacle est économique. Alors que le déficit budgétaire s’est élevé à plus de 150 milliards d’euros en 2023 et que le poids de la dette devrait dépasser les 50 milliards d’euros cette année, comment financer cette mesure sans creuser davantage les déficits ?

Du côté du Rassemblement national, on assure que le manque à gagner serait compensé par une augmentation de la consommation de produits énergétiques. Autrement dit, la baisse des prix à la pompe inciterait les Français à prendre davantage leur voiture, par exemple.

Une analyse que les économistes de l’Institut Montaigne jugent en partie fondée.

“Le coût de cette mesure pourrait être réduit par une augmentation de la consommation de produits énergétiques, suite à la baisse de la fiscalité : augmentation du chauffage, réduction de l’éco-conduite, déplacements en voiture favorisés par rapport aux autres transports, etc.”, écrivent-ils dans leur note 2022.

Très faible adaptation des automobilistes

Mais cette surconsommation serait en réalité très marginale. C’est ce qu’affirmait Francis Duseux, l’ancien patron d’Esso France, dans une enquête parlementaire en 2019.

« La réponse se trouve dans le graphique retraçant l’évolution de la consommation des produits énergétiques pétroliers en France depuis 1972. On voit que même lorsque le prix du pétrole est tombé à 30 dollars le baril, la consommation de carburant n’a quasiment pas augmenté. pas changé », a-t-il déclaré.

Une étude de l’INSEE de 2023 a confirmé que ce que l’on appelle l’élasticité-prix des carburants (propension à consommer plus ou moins en fonction du prix) était en réalité assez faible et concernait principalement les petits usagers, ceux qui dépensent le moins en carburant et rapportent donc le moins d’argent. moindres recettes fiscales.

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