En décembre dernier, KNDS et l’italien Leonardo ont signé un accord en vue de former une « alliance stratégique », l’objectif affiché étant alors de « créer un véritable groupe européen de défense » et de « coopérer plus étroitement dans le domaine de l’électronique de défense terrestre ». ‘. Ce rapprochement devait permettre la « mise en œuvre de programmes de coopération entre nations européennes », comme le projet franco-allemand de système de combat terrestre principal. [MGCS, Main Ground Combat System] et le programme AICS [Armored Infantry Combat System]lancé par Rome.
Un mois plus tôt, l’Allemagne et l’Italie avaient renforcé leur partenariat en matière d’armes terrestres, les deux pays annonçant leur intention d’explorer ensemble « de nouveaux domaines de coopération », faisant référence au MGCS, à l’AICS, à l’artillerie à longue portée du futur et au combat collaboratif.
Par ailleurs, la branche allemande du KNDS et Leonardo avaient également signé un protocole d’accord, portant cette fois sur la « mise en œuvre conjointe du programme [italien] acquisition de chars de combat sur une solution basée sur le Leopard 2A8 ».
Compte tenu de l’investissement important – plus de 8 milliards d’euros – prévu par le gouvernement italien pour acquérir 132 Leopard 2A8, ainsi que 140 autres machines « dérivées » [génie, dépannage, etc.], Rome voulait une compensation industrielle. D’où le rapprochement entre Leonardo et KNDS Deutschland sur cette question.
Selon l’Agence Nova, la production du Leopard 2A8 que le ministère italien de la Défense s’apprête à commander [il a reçu le feu vert du Parlement en février dernier, ndlr] doit être assuré en grande partie par Leonardo, qui est également prêt à mettre la main sur des véhicules de défense Iveco à cet effet. C’était du moins la volonté de Rome… Car ce projet est en difficulté.
En effet, le 11 juin, le KNDS a annoncé la rupture des négociations avec Leonardo concernant le Leopard 2A8 italien. A priori, il n’était pas question pour le groupe de donner satisfaction sur « l’italianisation » de ces chars. C’est du moins ce que l’on peut déduire du commentaire de Frank Haun, son PDG.
« Avec 18 pays utilisateurs européens, le Leopard 2 est le char de combat standard sur notre continent et au sein de l’OTAN. Il est plus important que jamais de sauvegarder ce standard qui apporte une contribution significative à l’interopérabilité et à la puissance de combat conjointe des armées européennes et de l’OTAN », a déclaré M. Haun. “Les parties n’ont pas réussi à s’entendre sur la configuration et, par conséquent, les discussions sur la participation stratégique de Leonardo ont également échoué”, a-t-il ajouté, avant d’assurer que le KNDS maintiendrait son engagement à soutenir l’armée italienne.
Selon des rumeurs évoquées par la Rivista Italiana Difesa [RID]la fin de ces discussions entre KNDS et Leonardo pourrait sourire à Rheinmetall qui, depuis 2022, propose son char KF-51 « Panther ».
Ceci est confirmé par l’Agence Nova. “Compte tenu de la situation, la partie italienne aurait ouvert un dialogue avec Rheinmetall, qui achève le développement du nouveau char de combat Panther KF51, […] plus puissant et efficace que le Léopard. La direction de Rheinmetall serait plus disposée à prendre en considération au moins une partie des demandes des Italiens », dit-elle.
