Nos pompiers pourraient avoir un allié de taille pour lutter contre les incendies de forêt au Canada : un robot. Baptisé BurnBot, cet automatisme a été conçu pour contrôler la trajectoire des incendies en réalisant des brûlages contrôlés.
Publié à 1h13
Mis à jour à 8h00
Le colosse imaginé en Californie ressemble exactement à un char d’assaut, mais sans pilote à bord. Il est télécommandé, un peu comme un drone.
Le robot a été aperçu l’été dernier, pendant la saison des incendies, le long d’un sentier de randonnée non loin de la zone densément peuplée de Palo Alto, une ville du comté de Santa Clara, en Californie. Cette zone de San Francisco, au nord de la Silicon Valley, est une cible privilégiée des incendies de forêt. Tournant lentement à travers le territoire accidenté, le robot a réussi à transformer tout sur son passage en une épaisse traînée de cendres noircies.
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Broussailles, vieilles branches, herbes sèches ou feuilles mortes : le robot fonctionne comme un four, cuisant la végétation. Sa température interne atteint jusqu’à 1000°C (1832°F). Grâce aux ventilateurs, les flammes et les braises sont piégées.
Ce robot est également équipé d’un gros rouleau qui frappe le sol, luttant ainsi contre ce que l’industrie appelle les « feux zombies », des enfers endormis sous terre.
Brûlures contrôlées
Que ce soit aux États-Unis, au Québec ou ailleurs au Canada, le brûlage contrôlé sur les lieux d’incendie n’est pas nouveau. Il s’agit d’un incendie planifié et intentionnellement allumé. En forêt, les branches, le bois mort et les débris inflammables constituent les ingrédients parfaits pour allumer un feu. Le brûlage empêche la propagation du feu, mais cette méthode comporte des risques.
Cela nécessite beaucoup de main d’œuvre, souvent dans des endroits éloignés. Il génère des flammes supplémentaires et produit des gaz à effet de serre (GES) avec leur part de particules fines.
Les cerveaux derrière le robot américain, qui verra le jour en 2022, rassemblent des pompiers forestiers aguerris, des scientifiques, des ingénieurs, des experts forestiers et sylvicoles. En entretien avec La pressela responsable des relations médias du groupe BurnBot, Merrita Villa, explique que l’utilisation du robot est parfaite pour relever le défi de réaliser un brûlage « sûr », avec « un minimum de fumée », en plus de nécessiter « moins de pompiers » sur le terrain .
Pour le moment, le robot n’est pas à vendre, mais plutôt à louer. Mmoi Villa explique qu’une nouvelle génération de robot, plus efficace sur les terrains accidentés, vient d’être déployée. Nous l’appelons RX2.
Le RX2 réalise un brûlage contrôlé ne dégageant quasiment aucune fumée, 10 fois plus vite qu’une équipe de pompiers déployée au sol, avec les outils et les meilleures technologies.
Merrita Villa, responsable des relations avec les médias du groupe BurnBot
« Nous prévoyons de le déployer dans six États américains et avec nos partenaires dans les provinces canadiennes. D’ici 2035, nous estimons que le BurnBot traitera plus d’un million d’acres chaque année », ajoute M.moi Villa.
15 millions d’hectares
En 2023, les incendies de forêt dévasteront environ 15 millions d’hectares au Canada, soit 6 fois la moyenne annuelle entre 2003 et 2012.
Source : Système canadien d’information sur les feux de forêt
Prévenir et détecter
Le professeur Stéphane Bilodeau, du département de bioingénierie de l’Université McGill à Montréal, connaît le robot. Il a effectué des travaux dans différents domaines. Il est souvent appelé à commenter l’impact des feux de forêt grâce à son expertise alliant ingénierie, santé et environnement.
Selon lui, la robotique est l’une des voies du futur pour protéger les forêts contre les incendies. Il rappelle qu’en raison du changement climatique, la superficie et l’intensité des incendies de forêt augmentent. Par ailleurs, les particules fines constituent la deuxième cause de mortalité dans le monde, souligne-t-il.
«Cette année, on a l’impression qu’il y a eu moins d’incendies en raison de l’année record de 2023. Mais les incendies étaient d’une ampleur monstrueuse», souligne Stéphane Bilodeau. À Fort McMurray, certains incendies zombies sont restés endormis tout l’hiver dernier. »
Nos ressources sur le terrain sont limitées. L’utilisation combinée de drones et de satellites et l’intelligence artificielle (IA) pour détecter et combattre les incendies est une approche innovante et prometteuse. Ils peuvent être utilisés pour prévenir et détecter les incendies.
Stéphane Bilodeau, du département de bioingénierie de l’Université McGill
Coordonnateur de la prévention et des communications à la Société de protection des forêts contre les incendies (SOPFEU) de Québec, Stéphane Caron n’est pas en mesure de confirmer ou de infirmer si l’organisation prévoit utiliser les services de BurnBot. La SOPFEU utilise des images satellite pour identifier les points chauds. Les drones sont utilisés lors de rondes de surveillance, dans des zones difficilement accessibles.
“Nous restons à l’affût”, ajoute-t-il. De nombreuses technologies sont en développement, notamment pour détecter les incendies dormants par infrarouge. Pour le moment, je ne peux pas vous dire si le robot serait adaptable à nos forêts, nos montagnes. Notre territoire de couverture de protection est différent de celui de la Californie. »
Visitez le site Web de BurnBot (en anglais)