Travailleurs étrangers temporaires | Forte augmentation des violations des normes du travail

Travailleurs étrangers temporaires | Forte augmentation des violations des normes du travail
Travailleurs étrangers temporaires | Forte augmentation des violations des normes du travail

Si l’explosion du nombre de travailleurs étrangers temporaires joue un rôle important pour répondre aux besoins du marché du travail, elle provoque aussi des dommages collatéraux : le nombre d’employeurs ayant commis des infractions dans le traitement de ces travailleurs explose également.


Publié à 1h52

Mis à jour à 6h00

Le nombre d’infractions aux normes du travail a augmenté au Québec, passant de 14 en 2022 à 111 en 2023. On observe également une très forte augmentation des lésions professionnelles chez l’ensemble des travailleurs, qui ont triplé depuis 2018.

Ces données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) démontrent que la forte présence de travailleurs étrangers temporaires signifie que le Québec est confronté à une nouvelle réalité, qui nécessite une plus grande vigilance et un ajustement des pratiques pour mieux encadrer et protéger cette population. population plus vulnérable.

C’est dans cet esprit que l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) a lancé une campagne de sensibilisation auprès des employeurs et des organisations à la veille de l’été, alors que le nombre de ces travailleurs est en forte augmentation.

Nous voulions souligner l’ouverture de la saison et profiter de cette occasion pour rappeler aux employeurs qui ont recours à des travailleurs étrangers temporaires les meilleures pratiques à mettre en place.

Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre du CRHA

Selon les données de la CNESST, au moins 81 employeurs québécois ont reçu des violations entre 2017 et 2023, que ce soit en raison des salaires, des conditions de travail ou encore de la non-correspondance entre les emplois et le contenu des emplois.

L’augmentation du nombre de signalements d’infractions aux normes du travail s’explique, au moins en partie, par un effet arithmétique : la forte augmentation. Les personnes couvertes par ces données sont principalement les titulaires de permis de travail délivrés dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui cible principalement les personnes peu qualifiées. Ces travailleurs, qui détiennent pour la plupart des permis de travail fermés, liés à un seul employeur, séjournent souvent au Québec une partie de l’année.

Le secteur agricole est celui qui utilise le plus de travailleurs étrangers temporaires. Mais d’autres secteurs d’activité l’utilisent davantage depuis quelques années, notamment la restauration, l’industrie manufacturière, la santé ou encore l’informatique.

Le nombre de titulaires de permis PTET est passé de 17 660 en 2018 à 58 725 en 2023, selon les données fédérales.

Mais la présence de ces travailleurs a d’autres effets indirects, soulevés par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés ; le nombre d’accidents du travail, par exemple, est passé de 1 681 en 2019, année pré-pandémique, à 4 391 en 2023.

Ces chiffres fournis par la CNESST concernent l’ensemble des travailleurs. Mais il est difficile d’expliquer cette très forte hausse autrement que par la présence de ces travailleurs étrangers moins intégrés.

C’est aussi une hypothèse formulée par Manon Poirier. « Les accidents du travail nous préoccupent toujours et cela souligne la grande importance de former dès le départ les travailleurs étrangers. Il faut veiller à bien comprendre les règles de sécurité, les enjeux, et à expliquer aux salariés leurs droits », insiste-t-elle.

 
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