En difficulté depuis plusieurs années, Auchan lance un plan social d’envergure menaçant près de 2.400 emplois en France. Confronté à des pertes financières et à une baisse de parts de marché, le groupe familial Mulliez tente une restructuration pour redresser la situation. Ce plan prévoit des fermetures de magasins, une réduction du format de ses hypermarchés et la mise en place d’une alliance d’achat avec Intermarché pour réduire les coûts.
Suppressions d’emplois et fermetures de magasins Auchan
Auchan a présenté à ses représentants du personnel un projet de réorganisation lourd de conséquences pour l’emploi. Le distributeur prévoit de supprimer 2 389 postes en France. Parmi ces suppressions, 784 concernent des postes au sein de son siège et 915 sont liés aux magasins. Une dizaine de points de vente non rentables fermeront leurs portes, dont trois hypermarchés situés à Clermont-Ferrand, Woippy et Bar-le-Duc, ainsi qu’un supermarché à Aurillac, entraînant la suppression de 466 emplois.
Dans le cadre de cette restructuration, Auchan annonce également l’arrêt de son service de livraison directe à domicile, touchant 224 postes. Toutefois, pour limiter l’impact de ce plan social, l’entreprise propose des mesures d’accompagnement à ses salariés, comme des formations de reconversion, des congés de reclassement et un plan de départs volontaires.
Par ailleurs, la création de 319 nouveaux postes est prévue dans les activités « drive » et au sein des fonctions support. “ Ce n’est pas un projet de décroissance que nous souhaitons gérer, la réduction des coûts est un moyen et non une fin. », a déclaré Guillaume Darrasse, directeur général d’Auchan.
Une stratégie pour rattraper son retard
Si Auchan a longtemps été perçu comme l’un des géants de la grande distribution en France, le groupe peine désormais à maintenir sa position face à une concurrence agressive. Avec une part de marché de seulement 9,1%, loin derrière E.Leclerc (24,1%) et Carrefour (21,4%), Auchan est particulièrement exposé à la guerre des prix exacerbée par l’inflation. Selon l’indice Distri Price des Éditions Dauvers, Auchan affiche des prix nettement plus élevés que ses concurrents, un désavantage pour attirer les consommateurs.
Pour remédier à cette situation, Auchan a noué une alliance avec Intermarché, un partenariat inédit d’une durée de dix ans, visant à mutualiser leurs achats et ainsi obtenir de meilleures conditions auprès des fournisseurs. Cette fusion des services d’achats pourrait générer une économie de 380 millions d’euros, indispensable pour revoir sa politique tarifaire. ” Les 375 millions d’économies que nous visons seront injectés dans la réduction des étiquettes », a précisé la direction. Mais même avec ces mesures, Auchan reste confronté à des difficultés structurelles : trop de dépendance au format hypermarché, qui a perdu de son attrait auprès des consommateurs.
Depuis sa création par Gérard Mulliez, Auchan s’est concentré sur le modèle des hypermarchés, un format de grande surface aujourd’hui en déclin. Ce choix stratégique pèse lourdement sur ses finances : sur les six premiers mois de 2024, le groupe a enregistré une perte nette de près d’un milliard d’euros. Contrairement à Carrefour qui a su diversifier ses formats en s’appuyant sur les magasins de proximité et la grande distribution, Auchan reste majoritairement dépendant de ses grands magasins. Pour s’adapter, le groupe envisage de réduire la taille de ses hypermarchés à 8 000 mètres carrés, à l’instar du modèle Leclerc, et de se recentrer sur les produits alimentaires.