d’où vient la fortune de Donald Trump ?

d’où vient la fortune de Donald Trump ?
d’où vient la fortune de Donald Trump ?

« C’est compliqué de savoir où il se trouve car ça varie beaucoup. Et il communique beaucoup sur ses réussites mais pas du tout sur ses échecs», commente d’emblée Sébastien Roux, observateur spécialiste des Etats-Unis pour le CNRS, qui a vécu un temps aux Etats-Unis et que nous avons interviewé.

Donald, l’héritier d’un empire né pendant la ruée vers l’or

Pour faire fortune, il ne faut pas chercher de l’or, mais vendre des pelles aux chercheurs d’or. C’est ce qu’a compris le grand-père de Donald Trump, Friedrich Trump (1869-1918), un immigré allemand qui se faisait appeler Frederick pour américaniser son nom. L’homme a profité de la ruée vers l’or pour ouvrir des hôtels et des restaurants autour des mines et obtenir sa part du gâteau. Vers la fin de sa vie, il retourne sur la côte est américaine et investit dans l’immobilier à New York.

Le reste a été écrit par Fred Trump (1905-1999), le père de Donald. Né dans le Queens, il fait fortune grâce à des projets immobiliers résidentiels et fonde l’entreprise avec sa mère, peu avant la crise de 1929. Elizabeth Trump et son fils. Les contrats signés avec l’État américain pour héberger les nombreux soldats et leurs familles pendant la Seconde Guerre mondiale constitueront la base de sa fortune. Sous sa direction, L’organisation Trump gérera plus de 27 000 appartements et maisons à New York, principalement dans le Queens. S’il n’est pas milliardaire à proprement parler, ce qui était plus rare à l’époque, sa fortune se comptait tout de même en plusieurs centaines de millions de dollars. Il a ainsi pu prêter de l’argent à son fils lors de ses débuts dans les années 1970, mais aussi signer de nombreuses garanties auprès des banques afin de soutenir Donald lorsque ses projets ont échoué dans les années 1990. ailleurs, il a également donné de l’argent indirectement en… achetant des jetons de casino détenus par son fils. Une forme de don non imposable, pensa-t-il.

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“Il n’était pas particulièrement brillant mais il a quand même réussi à s’en sortir avec cette Trump Tower”

Selon une enquête du New York Times, Donald Trump aurait reçu au moins 413 millions de dollars, en tenant compte de l’inflation, via des dispositifs fiscaux lui permettant d’éviter une partie de l’impôt. Il aurait également reçu des fonds de sa mère et, au total, les parents de Donald Trump ont transmis plus d’un milliard de dollars à leurs enfants. Et alors que les dons étaient alors imposés à 55 %, la famille Trump n’a réussi à payer qu’environ 5 % des frais, soit seulement 52,2 millions de dollars.

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Un regard envieux sur Manhattan

Donald Trump, un enfant turbulent, a grandi jaloux des beaux quartiers de Manhattan. Relégué en « deuxième division » dans le Queens, il fera tout pour s’imposer sur l’île des gratte-ciel.

Boudé par une grande partie de l’élite financière et immobilière pour son côté arriviste et vulgaire, Donald Trump a quand même réussi son pari et créé le Tour Trump. Un immeuble officiellement de 68 étages… Alors qu’il n’en compte en réalité que 58. Il garde alors le dernier étage, qu’il indique être au « 68e », pour son plaisir (un penthouse de plus de 1000 m2 estimé à 50 millions de dollars). “L’ancien président a menti pendant des années sur la taille de son penthouse au sommet de la Trump Tower, affirmant qu’il mesurait 3 066 pieds carrés. Les archives municipales indiquent qu’il s’agit en réalité de 1 022 mètres carrés. dit par exemple Forbes. Son rapport à la vérité pose déjà question. Il aime mentir pour briller davantage. Ce qui accentue la haine de ses détracteurs, qui pour certains, qualifient la tour de vulgaire, tout comme l’homme.

Il est reparti avec un capital très élevé. Ses premiers investissements furent plutôt infructueux dans les années 1970 mais il faut reconnaître que c’était pendant la crise pétrolière. Il n’était pas particulièrement brillant mais a quand même réussi à s’en sortir avec ce tour», note Sébastien Roux. C’est durant cette période à cheval sur les années 1970 et 1980 que Donald Trump fait appel à Roy Cohn, un célèbre avocat américain connu, entre autres, pour avoir travaillé avec la mafia.

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» Il s’est ensuite lancé dans la spéculation immobilière à Atlantic City au sud de New York, ainsi que dans les casinos. Mais il a connu la faillite immobilière”

» Il s’est ensuite lancé dans la spéculation immobilière à Atlantic City au sud de New York, ainsi que dans les casinos. Mais il a connu la faillite immobilière et a failli perdre beaucoup d’argent dans les années 1990. » il explique. Il a d’ailleurs vendu le gigantesque et kitsch casino « Trump Taj Mahal » en 2014, après 25 ans de pertes constantes.

Pour mémoire, les espaces de la Trump Tower ne se vendaient pas les premières années et Donald Trump faisait circuler la rumeur selon laquelle le prince Charles et Lady Diana y auraient acheté un appartement. C’était faux, tout le monde le savait, mais la publicité générée a été suffisante pour décoller. La vérité ? Pas grave. “Faites semblant jusqu’à ce que vous y parveniez” pourrait être son mantra.

TMTG, diversification

Une grande partie de sa fortune a été bâtie dans l’immobilier. Aujourd’hui, c’est environ 5 ou 6 milliards. Mais il a désormais son réseau social, Vérité socialeapparu il y a trois ans, ce qui lui permet de récolter des fonds. Ce n’est pas un grand succès populaire mais il y avait beaucoup d’investisseurs», poursuit Sébastien Roux. Il reste bien moins populaire que X, ex-Twitter, de son ami Elon Musk ou encore des réseaux plus populaires comme Facebook et Instagram, propriété de Mark Zuckerberg.

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« Il se présente comme un entrepreneur polymorphe, plein de réussite dans plusieurs domaines, mais c’est faux. Ce n’est pas un homme d’affaires diversifié», précise Sébastien Roux, même s’il s’est un peu diversifié depuis 2021 avec TMTG, le Trump Media and Technology Group, maison mère de Truth Social, entre autres. A noter également qu’il a tenté sa chance dans plusieurs domaines, comme l’aviation, avec sa société Trump Shuttle, qui n’a existé que de 1989 à 1992.

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“Il est télégénique, certains l’ont trouvé drôle, malgré son goût assumé pour la vulgarité, ses frasques, sa vie sentimentale exposée au grand public.”

C’est un peu la Kim Kardashian des affaires. Tout tourne autour de la marque Trump. Lorsqu’il est arrivé en politique en 2016, c’était une plaisanterie… Mais il s’était construit une image d’homme d’affaires grâce à l’émission L’apprenti. C’est très centré sur New York, mais c’est pour cette raison que c’est présent dans tous les foyers américains. Il est télégénique, certains l’ont trouvé drôle, malgré son goût assumé pour la vulgarité, ses frasques, sa vie sentimentale exposée au grand public. Ce n’était pas une bourgeoisie classique, c’était une consommation ostentatoire», précise notre observateur.

Il n’hésite pas à faire des lancements en grande pompe pour capitaliser sur son nom, comme avec ses baskets dorées lancées début janvier 2024 avec un grand « T » écrit dessus. “Cela fonctionne parce que c’est censé être un « one-shot ». Entreprise événementielle. Cela n’est pas censé durer. Il s’adresse aussi presque exclusivement aux personnes qui votent pour lui, aux trumpistes. Personne n’achèterait ça autrement“, continues Sébastien Roux.

A noter également qu’il possède ou détient de nombreuses parts dans des immeubles à New York, San Francisco, Miami, Palm Beach, dans de nombreux golfs et même des hôtels à Las Vegas.

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« Il n’a probablement pas ouvert un livre de sa vie. Il n’y a aucune cohérence ni profondeur politique dans ses positions.»

« Vous êtes viré ! »

Si Trump s’est imposé dans la politique américaine, son rôle de « star » dans la télé-réalité L’apprenti lui aura donc certainement permis de s’imposer comme un homme d’affaires compétent aux yeux du public. Et alors pourquoi pas en dirigeant le pays, diront certains. Alors qu’il lançait un fameux «Vous êtes viré !” (« tu es viré ») à la fin des épisodes où les candidats échouaient dans leur mission. Mais cette émission de télé-réalité sur le monde de l’entreprise était en grande partie scénarisée. Qu’importe, l’homme aura capitalisé sur son charisme durant les 14 saisons du programme et l’image qu’il s’est construit durant ces années.

Il n’a probablement pas ouvert un livre de sa vie. Il n’y a pas de cohérence et de profondeur politique dans ses positions“, says Sébastien Roux. “Les financiers qui le soutiendront sont radicalement à droite. Comme le fondateur de Domino’s Pizza ou Elon Musk, la première fortune mondiale, qui a complètement changé depuis la transition de genre de sa fille Vivian »continue-t-il.

« La manière dont Elon Musk intervient est grotesque, clownesque. C’est un mauvais orateur mais personne ne le contredit”affirme-t-il.

Le monde des affaires américain n’aime pas l’instabilité. Mais c’est là son carburant, l’instabilité. Quelques gourous de la technologie le suivent désormais, mais avant, il était un paria. Et la position pas très claire de Jeff Bezos (qui a refusé que le Washington Post, dont il est propriétaire, soutienne officiellement Kamala Harris, NDLR) c’est aussi quelque chose de nouveau »continue-t-il.

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« La manière dont Elon Musk intervient est grotesque, clownesque. C’est un mauvais orateur mais personne ne le contredit”

Moins de fonds que Kamala Harris ?

Même s’il est critiqué, méprisé par certains et frôlé la faillite, Donald Trump a néanmoins réussi à se faire un nom dans le monde des affaires. Pourtant, étonnamment, il a reçu moins de financements pour sa campagne, qui a débuté il y a plus d’un an, que Kamala Harris, dont la campagne a débuté lorsque Joe Biden s’est retiré fin juillet dernier, peu après la tentative d’assassinat de Donald Trump. Une période beaucoup plus courte.

Certes, elle a bénéficié des fonds du « PAC » et du « super PAC » (comité d’action politique collectant des fonds pour les partis) qui étaient prévus pour soutenir Joe Biden, mais elle a quand même réussi à attirer plusieurs donateurs importants, dont Bill Gates, en la dernière ligne droite avant les élections. “Biden n’a pas suscité beaucoup d’enthousiasme, mais l’arrivée de Harris a catapulté les dons.»explique Sébastien Roux à ce sujet. Reste à savoir si cela changera la donne, alors que les deux candidats sont extrêmement proches dans les sondages avant le scrutin du 5 novembre.


Incohérence? Aucun problème

Lors d’une récente réunion, Donald Trump a admis que l’argent pouvait être roi. S’il était autrefois très critique à l’égard des voitures électriques, il change aujourd’hui de position et soutient Tesla, la société d’Elon Musk. “Elon me soutient… Nous l’aimons. Et Tesla est incroyable», a-t-il déclaré. Même s’il a également ajouté que «“Tout le monde n’est pas obligé d’avoir une voiture électrique.”

« Ses discours sont complètement décousus. Cela ne choque plus personne et ne décourage pas ses électeurs. De l’extérieur, on pointe ses incohérences, mais dans le contexte américain, cela n’a plus de sens. Ce n’est pas quelque chose qui suscite des adhésions pour ce qu’il propose, mais pour ce qu’il fait croire qu’il incarne. Pour peu qu’à la fin de la rencontre il lève le poing et parle de fierté américaine, cela suffit.», commente à ce sujet Sébastien Roux, expert CNRS.

Le manque de cohérence peut nous déranger, mais pas lui. Et notons que son obsession, c’est la Chine. C’est l’ennemi. Il a un logiciel de guerrier, même s’il admire Xi Jinping. C’est aussi pour cela qu’il n’aimait pas les voitures électriques, car les Chinois sont actifs dans le domaine. Il s’agit d’une vision protectionniste de la défense de l’industrie américaine. Sa seule cohérence réside dans sa forme réactionnaire de rejet du « wokisme » et des migrants.“, concludes Sébastien Roux.

 
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